Les glaciers sont plus vulnérables au changement climatique qu'on ne le pensait, selon une étude, publiée jeudi. Les trois quarts de leur masse pourraient disparaître dans les siècles à venir si rien ne change, une fonte qui aurait des conséquences dramatiques.
L'étude, réalisée par une vingtaine de scientifiques internationaux et publiée dans la prestigieuse revue Sciences, offre la vision la plus détaillée à ce jour des risques encourus. L'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) y ont aussi participé. Le hasard fait qu'elle arrive au moment où le village de Blatten, en Valais, a justement subi les effets d'un glacier souffrant du réchauffement climatique.
Selon cette analyse effectuée grâce à huit modèles climatiques, la fonte des glaciers mondiaux serait sur le long terme bien plus importante qu'escompté, notamment dans le cas où le monde maintiendrait sa trajectoire actuelle de réchauffement climatique, avec une perte estimée de 76% des glaces actuelles.
Cette perspective très sombre s'accompagne toutefois d'un «message d'espoir», insiste auprès de l'AFP l'un des co-auteurs, le glaciologue Harry Zekollari de la Vrije Universiteit Brussel en Belgique.
En effet, dans le cas où l'humanité parviendrait à maintenir la hausse des températures sous le seuil des 1,5 degré Celsius par rapport à l'ère préindustrielle, conformément à l'accord de Paris sur le climat, plus de la moitié de la masse actuelle des glaciers serait préservée, selon leurs projections.
Selon la communauté scientifique, le monde s'est déjà réchauffé d'au moins 1,2 degré et pourrait atteindre les +2,7 degrés d'ici à 2100 sous les politiques climatiques existantes.
Cette hausse des températures se reflète de manière disproportionnée en altitude, l'augmentation de la température moyenne de l'air au-dessus des glaciers étant 80% plus importante que l'augmentation globale, selon l'étude.
Ses effets délétères se feront ressentir sur le très long terme, prévient l'étude. Ainsi, même si le monde cessait immédiatement ses émissions polluantes, les glaciers continueraient de fondre de façon conséquente, l'étude évaluant à 39% la perte globale de leurs glaces dans un tel scénario.
Répartis à travers le globe, les glaciers ont déjà perdu environ 5% de leur volume depuis le début du siècle, avec des grandes disparités régionales: de -2% en Antarctique à -40% dans les Alpes. Dans ce massif montagneux européen comme dans les Rocheuses américaines et canadiennes, les glaciers sont davantage vulnérables en raison notamment de leur localisation, leur taille et leur altitude. (jah/ats)