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La ménopause perturbe les Suissesses au travail

Ce sujet tabou rend la vie des femmes au travail difficile.
De nombreuses femmes souffrent de troubles de la concentration et de problèmes de sommeil pendant la ménopause.Image: Shutterstock / Getty, montage watson

Ce «typhon hormonal» perturbe les Suissesses au travail

La ménopause touche les femmes en plein milieu de leur vie professionnelle. Une première étude consacrée à ce sujet montre que le monde du travail manque souvent de connaissances et de ressources nécessaires pour les soutenir.
05.09.2025, 05:3405.09.2025, 07:36
Annika Bangerter / ch media
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Nuits blanches, tristesse diffuse, brouillard mental: la ménopause entraîne plus que de simples bouffées de chaleur. Pendant longtemps, on n'a pas parlé publiquement de ce «typhon hormonal». Mais la génération de femmes qui entre maintenant en ménopause refuse d’accepter ce tabou social.

Des personnalités comme Michelle Obama ou Naomi Watts parlent ouvertement de leurs fortes sautes d’humeur, de leur épuisement ou de leurs changements physiques liés à la ménopause.

Un tabou qui se brise graduellement

Leurs témoignages ont permis d'attirer l'attention sur le sujet. Aujourd’hui, il existe de nombreux ouvrages spécialisés ainsi qu’un vaste marché de préparations à base de plantes ou d’hormones promettant un soulagement des symptômes. Mais une sphère reste encore largement en retrait: le monde du travail.

Dans le cadre du projet Meno-Support Suisse, la première étude sur l’impact de la ménopause dans la vie professionnelle en Suisse vient de paraître, et 2259 femmes y ont participé.

L'étude montre que la ménopause peut sérieusement bouleverser les projets professionnels des femmes. Une participante sur cinq a déclaré avoir réduit son temps de travail à cause de ses symptômes. En outre, 16% ont changé d’emploi et 13% ont pris un congé.

L’étude cite anonymement plusieurs témoignages. L’une dit avoir refusé un mandat d’administratrice, une autre a renoncé à postuler pour un poste de direction. Une participante décrit sa situation ainsi:

«Je tiens bon dans mon emploi actuel, surtout pour ne pas me faire remarquer à cause de mes performances diminuées. Parce que je n’ai pas l’énergie pour chercher un nouveau travail.»

Stress, irritabilité et perte de concentration

Chaque femme vit la ménopause différemment. Certaines n’ont que peu ou pas de symptômes, d’autres sont lourdement affectées. Dans l’étude, presque toutes les répondantes ont évoqué des troubles du sommeil (92%), un épuisement physique et mental (91%), de l’irritabilité (89%), des épisodes dépressifs (83%) ainsi que des bouffées de chaleur ou de la transpiration (81%).

Deux tiers ont déclaré avoir plus de mal à se concentrer au travail à cause de leurs symptômes. Environ la moitié se sent plus stressée et avec une confiance en soi diminuée. Beaucoup rapportent qu’elles ont besoin de plus de temps pour accomplir la même charge de travail ou qu’elles doivent réorganiser leurs journées.

Par exemple, travailler davantage en home office pour pouvoir se reposer pendant la pause de midi. Mais cela n’est pas possible dans tous les métiers ni dans toutes les entreprises.

C’est pour cela que de nombreuses femmes fortement touchées réduisent leur temps de travail, prennent un arrêt maladie ou changent d’emploi. Pour Andrea Rumler, directrice de l’étude et professeure à la Hochschule für Wirtschaft und Recht de Berlin, il faut agir. La ménopause n’est pas un phénomène marginal, dit-elle, mais concerne des millions de femmes en pleine carrière.

«Il faut des mesures ciblées pour préserver leur santé et leurs capacités, au lieu de les perdre en silence»

La Suisse romande plus ouverte que l'alémanique

Même constat pour Petra Stute, médecin-cheffe à l’Inselspital de Berne et coautrice de l’étude. Elle souligne:

«Le savoir médical ne doit pas seulement rester dans les cabinets, mais aussi arriver dans les directions d'entreprises»

La gynécologue plaide pour une approche active de la ménopause dans le monde du travail, plutôt que de continuer à entretenir le tabou. Elle explique:

«La ménopause n'est pas une maladie, mais elle peut rendre malade si les femmes sont laissées seules sur leur lieu de travail»

Or, c’est précisément ce que vivent deux tiers des participantes: elles disent être livrées à elles-mêmes sur ce sujet au travail. Plus d’une sur trois craint même d’être désavantagée professionnellement à cause de ses symptômes.

L'étude révèle une différence entre la Suisse romande et la Suisse alémanique, comme l'explique Joëlle Zingraff, co-PDG de l’entreprise The Women Circle, qui a collaboré à l’étude:

«En Suisse alémanique, les femmes se sentent davantage sous pression en raison de leurs symptômes. Elles perçoivent plus fortement la charge de travail et se sentent plus souvent stressées. En Romandie, en revanche, le sujet est abordé plus ouvertement.»

Des conseils pour les entreprises

Joëlle Zingraff conseille les entreprises sur la manière de soutenir leurs collaboratrices durant la ménopause. Il n’existe pas de recette toute faite: selon les symptômes et les conditions de travail, il faut des adaptations différentes.

Dans la production, il est par exemple important que les femmes disposent de vêtements de travail légers et adaptés. Des espaces de repos et des pauses flexibles pourraient aussi faciliter leur quotidien au travail. L'experte ajoute:

«Mais le plus important, c’est que les collaboratrices puissent parler ouvertement de leurs difficultés sur leur lieu de travail. C’est seulement ainsi que les employeurs peuvent comprendre où des adaptations sont nécessaires.»

La sensibilisation interne et une communication ouverte: les participantes à l’étude considèrent ces mesures comme étant les plus utiles.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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