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Les tests de féminité imposé aux athlètes créent le malaise

Les Mondiaux d'athlétisme auront lieu à Tokyo, sous le regard du président de World Athletics Sebastian Coe (médaillon).
Les Mondiaux d'athlétisme auront lieu à Tokyo, sous le regard du président de World Athletics Sebastian Coe (médaillon).

Les tests de féminité imposé aux athlètes créent le malaise

A partir de ce lundi, la Fédération internationale d'athlétisme impose des tests génétiques à ses athlètes souhaitant concourir dans les catégories femmes. La mesure suscite toutefois les critiques de certains scientifiques et athlètes, et se heurte à des barrières éthiques et légales.
31.08.2025, 15:5931.08.2025, 15:59
Valentine GRAVELEAU / afp

Ce test est «juridiquement discutable, éthiquement délicat et scientifiquement réducteur», a déploré l'Allemande Malaika Mihambo, championne olympique (2021) du saut en longueur, résumant en quelques mots la position de nombreuses athlètes du circuit contraintes de se plier au nouveau règlement pour courir aux Championnats du monde (13-21 septembre).

Dans sa volonté répétée de «protéger le sport féminin», World Athletics (WA) a adopté en juillet un nouveau règlement imposant un test génétique aux concurrentes souhaitant s'aligner dans la catégorie femmes des compétitions, comptant pour le classement mondial. Ce test, «à passer une seule fois dans la vie», détecte le gène SRY, un gène du chromosome Y responsable du développement de nombreuses caractéristiques masculines. L'athlète est autorisée à concourir dans la catégorie féminine si le test est négatif.

Plus de 90% testées

«Je n'aime pas le précédent que ça crée», a regretté l'athlète non-binaire Nikki Hiltz, spécialiste du 1500 m de nationalité américaine qualifié pour les Mondiaux de Tokyo, appelant à plutôt se concentrer sur les problèmes d'«entraîneurs violents»" et de «dopage».

«Je ne suis pas convaincue par la justification donnée de protéger le sport féminin, je n'ai pas l'impression que ça ait été une priorité ces dernières années»
Nafi Thiam, triple championne olympique d'heptathlon.
epa11539269 Nafissatou Thiam of Belgium competes in the Javelin Throw of the Heptathlon of the Athletics competitions in the Paris 2024 Olympic Games, at the Stade de France stadium in Saint Denis, Fr ...
Thiam au javelot.Image: EPA

Malgré les critiques, le président de World Athletics Sebastian Coe s'est réjoui jeudi lors d'un point presse que «plus de 90% des athlètes concernées pour Tokyo aient été testées».

Sous forme de prélèvement buccal ou sanguin, ces tests, «non intrusifs» selon lui, contribuent à «protéger les catégories féminines», l'idée étant depuis plusieurs années d'exclure les athlètes qui pourraient peut-être avoir un avantage biologique, même si aucun consensus scientifique n'existe sur le sujet.

Une affirmation «trop simpliste»

WA avait déjà exclu en 2023 de la catégorie féminine les athlètes transgenres ayant effectué leur transition après la puberté et avait durci son règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, sommées de maintenir via un traitement hormonal leur taux de testostérone à un niveau estimé acceptable par la fédération.

Si World Athletics assure que le nouveau test «permet de déterminer de façon fiable le sexe biologique», la communauté scientifique souligne les limites du dépistage chromosomique, abandonné aux Jeux olympiques après 1996 mais de retour dans le sport mondial, en athlétisme mais aussi en natation ou en boxe. «La science ne corrobore pas cette affirmation trop simpliste», a affirmé dans le journal The Conversation le scientifique australien Andrew Sinclair, qui a découvert le gêne SRY en 1990.

«La détermination du sexe biologique est beaucoup plus complexe et les caractéristiques chromosomiques, gonadiques, hormonales et sexuelles secondaires jouent toutes un rôle», insiste-t-il en rappelant l'existence de personnes «biologiquement femmes tout en portant les chromosomes XY».

«Problèmes éthiques»

Outre la question de sa pertinence scientifique, le nouveau règlement représente un casse-tête logistique pour les fédérations nationales. Au Canada, les tests ont été effectués lors des championnats nationaux mais, en raison d'une erreur dans le protocole, ils ne répondaient pas aux exigences de World Athletics. Autre situation cocasse: la Fédération française d'athlétisme (FFA) avait prévu de réaliser les tests aux championnats de France mais s'est heurtée au «refus catégorique» des ministères de la Santé et des Sports. La raison? «De tels tests sont interdits depuis la loi bioéthique de 1994», explique la FFA.

FILE - World Athletics President Sebastian Coe holds a press conference at the conclusion of the World Athletics meeting at the Italian National Olympic Committee, headquarters in Rome, Nov. 30, 2022. ...
Le président de World Athletics Sebastian Coe a récemment rappelé que «plus de 90% des athlètes concernées pour Tokyo ont été testées».Keystone

«De nombreuses athlètes ont été testées hors du pays et celles qui n'ont pas pu l'être le seront au Japon», a affirmé Coe, alors que la FFA a assuré à l'AFP jeudi qu'aucune athlète n'avait pu faire le test et qu'elles le feraient à leur arrivée au Japon. Si Coe a remercié les athlètes et les fédérations pour leur «soutien»" et leur «coopération», certaines ont exprimé des réserves.

Un document transmis par la Fédération australienne à ses athlètes illustre bien le malaise. Notant des «problèmes éthiques significatifs» liés à ces tests, elle rappelle aux athlètes qu'ils peuvent «refuser de s'y plier sans craindre des poursuites en Australie» et insiste sur les conséquences «difficiles à gérer sur le plan émotionnel» d'un test positif inattendu.

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Ce qui n'était jusque-là qu'une impression visuelle vient d'être confirmé par des chiffres: selon les statistiques compilées par le media procyclingstats.com, jamais les coureurs n'ont été aussi rapides en compétition. La vitesse moyenne en World Tour (la plus haute catégorie cycliste, à laquelle appartiennent notamment le Tour de Romandie et de Suisse) a été de 43 km/h (42,913 km/h pour être exact) en 2025.
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