La sélection M15 de Mauritanie a perdu 6-0 lors de son premier match d'un tournoi international au Liberia. Mais plus que la défaite, c'est le sentiment de ne pas avoir pu se battre avec les mêmes chances que la Sierra Leone qui a dégoûté les Mauritaniens. Ceux-ci ont en effet affronté des joueurs semblant bien plus âgés qu'eux.
«Les photos parlent d'elles-mêmes. Elles montrent des différences dans les tailles et les visages entre les titulaires de chaque équipe», s'est aperçu le quotidien sportif Marca.
Sierra Leona le ganó 6-0 a Mauritania en un torneo africano Sub 15... 😅⚽ pic.twitter.com/huZKvFIDHK
— Fodboldworld (@fodboldword) August 18, 2022
La Fédération mauritanienne a déclaré dans un communiqué officiel qu'elle avait été avertie que plusieurs équipes, parmi les neuf engagées dans la compétition, faisaient jouer des garçons bien plus âgés que la catégorie des «moins de quinze ans» à laquelle ils sont sensés appartenir. Elle a donc décidé de retirer son équipe, évoquant un «danger» pour «la santé et la sécurité» de ses jeunes talents et des «blessures auxquelles ils peuvent être exposés».
La fraude sur l'âge est une problématique connue en Afrique. Plusieurs joueurs passés professionnels ont été au cœur des soupçons pour avoir menti sur leur année de naissance. Une falsification qui s'explique par le fait que «se rajeunir permet aux joueurs du continent de faire une carrière plus longue et parfois plus prestigieuse», rapporte Le monde, dans un article daté de février dernier.
Le journal évoque notamment l'histoire du Nigérian Silas Nwankwo, recruté par le club suédois de Mjällby AIF (première division) il y a six mois. «Officiellement, Nwankwo est né le 12 décembre 2003, mais dans l’édition 2021 du jeu vidéo Foot manager, connu pour être assez tatillon en la matière, c’est la date du 11 juin 1996 qui figure.»
Quand ils ont découvert le visage du joueur à son arrivée en Suède, les commentateurs auraient ironisé:
La pratique serait tellement répandue que les espoirs du ballon rond qui ne mentiraient pas sur leur âge n'auraient aucune chance de faire carrière, selon l'ancien international sénégalais Guirane N’Daw, cité par Le monde.
Parfois, les parents attendent plusieurs mois, voire plusieurs années, avant de déclarer la naissance d’un enfant. Mais il arrive aussi que le changement de date de naissance s'opère plus tard. Certains joueurs, attirés par la promesse d'une carrière en Europe, s'arrangent alors pour obtenir un faux extrait de naissance auprès d'un fonctionnaire, contre de l'argent.
«Pour lutter contre les fraudeurs, la Confédération africaine de football (CAF) effectue depuis 2005 des tests IRM avant certaines compétitions de mineurs. Cela lui permet d’estimer l’âge osseux», informe le site Jeune Afrique. «Mais pour des raisons financières ou structurelles, le recours à cette technique se révèle toutefois impossible pour beaucoup d'équipes.»
Les clubs européens sont bien sûr au courant de l'existence de fraudes sur l'âge. Mais qu'ils en profitent sciemment ou non, ils ne peuvent faire autrement que de se baser sur les documents officiels transmis par les joueurs qu'ils convoitent, au risque de susciter la méfiance de leurs propres supporters, comme cela est arrivé lors du transfert de Silas Nwankwo en Suède.
(jcz)