Ces équipes sournoises étaient prêtes à tout pour gagner
Sunderland a rusé samedi dernier contre Arsenal: craignant les longues touches des Gunners, les Black Cats ont rapproché les panneaux publicitaires de la ligne de touche, histoire d'offrir moins d'élan à leurs adversaires.
Et ça a marché, puisqu'Arsenal n'a marqué aucun but sur ce genre d'action (score final 2-2). Le club de Granit Xhaka a ainsi profité de jouer à la maison pour prendre un avantage. C'était très roublard, mais totalement légal.
Evoluer à domicile, ça permet de contrôler certains facteurs et de prendre ainsi un avantage, notamment en déstabilisant les visiteurs. Sunderland n'est de loin pas la première équipe à avoir profité de cette situation. Certaines formations sont allées au-delà des limites, morales en tout cas. Notre best of. 👇
Un petit coup de peinture
Comme Sunderland, Graeme Souness s'est aussi intéressé aux lignes de touche, mais il est allé bien plus loin que les Black Cats: en 1987, celui qui est alors entraîneur des Glasgow Rangers fait repeindre les lignes pour changer les dimensions du terrain. Son équipe reçoit le Dynamo Kiev en match retour de la Coupe d'Europe. Après une défaite 1-0 en Ukraine, elle est obligée de retourner la situation pour passer ce premier tour.
Souness veut privilégier un jeu physique et laisser peu d'espace aux visiteurs, alors il décide de faire raccourcir les dimensions du terrain, comme l'explique la BBC. Le technicien a déclaré:
Le coach des Ecossais a poussé le vice très loin: il a attendu que les joueurs de Kiev s'entraînent, la veille du match, sur les anciennes dimensions pour, seulement ensuite, faire retracer les lignes. Histoire de faire perdre leurs repères aux Ukrainiens. Et ça a fonctionné: les Rangers ont gagné 2-0 et validé leur ticket pour le tour suivant. A la suite de cette affaire, les instances du foot européen ont modifié le règlement: désormais, les clubs doivent annoncer avant le début de saison les dimensions de leur terrain. Et, évidemment, ils ne peuvent plus les modifier en cours de route!
Changement de banc
Quand il a repris les rênes du FC Sion en été 2023, l'entraîneur Didier Tholot a fait un changement qui n'a pas échappé aux yeux des plus observateurs: il a déplacé le banc du FC Sion. Désormais, les Valaisans occupent le banc situé à droite de la ligne de touche, alors que sous son prédécesseur Paolo Tramezzani, c'était celui de gauche. «C’est l’entraîneur Didier Tholot qui a pris cette décision quand il est arrivé cet été», nous confirmait le chef de presse sédunois, sans toutefois nous donner la raison.
Mais Amar Boumilat, ex-assistant de Tholot en Valais (2014 à 2016), nous dévoilait celle-ci:
Car oui, à Tourbillon, c’est bel et bien le banc de droite, côté sud, devant lequel l’homme au drapeau gambade. Reste cette question: pourquoi un entraîneur et son staff voudraient-ils être près de l'arbitre assistant?
Alors qu'il était à ce moment coach du Vevey-Sports, Amar Boumilat nous avait confié vouloir faire le même changement dans le stade vaudois.
Un arrosage ciblé
On entend souvent que les succès d'une équipe ne sont pas seulement liés aux joueurs et au staff, mais à tout le club: du masseur à l'employé de bureau, en passant par les jardiniers. La confession que Carlos Varela – ex-star de Super League et désormais consultant chez blue Sport – a faite à watson en été 2024 valide ce mantra:
Malin!
Echauffement perturbé
L'arrosage – qui se fait avant le coup d'envoi – n'est pas utile seulement pour le match, il est aussi une arme pour perturber l'échauffement des visiteurs. C'est ce qui est arrivé le 5 octobre dernier à Genève, lors du match de Super League Servette-Bâle. Alors que les Bâlois étaient en plein échauffement, de puissants jets d'eau sur la pelouse ont été déclenchés. Uniquement sur leur moitié de terrain... Cet incident a provoqué la colère de Xherdan Shaqiri, qui a enguirlandé un jardinier sur la pelouse.
La scène en vidéo
On ne sait pas si cet arrosage soudain était intentionnel, mais il n'a en tout cas pas perturbé les visiteurs, qui se sont facilement imposés 3-0. Conclusion: le seul jet d'eau qui a du potentiel à Genève, c'est celui du Léman.
Des ballons bizarres
A en croire ses révélations à la BBC, l'entraîneur de Cambridge United dans les années 1990, John Beck, était le roi des coups tordus. Il y a eu des classiques: bourrer de sucre le thé des adversaires pour qu'il devienne imbuvable; chauffer au maximum leur vestiaire ou, au contraire, le transformer en congélateur. Mais Beck a aussi été davantage créatif pour enquiquiner les visiteurs:
Le gazon n'est pas uniforme
Le technicien de Cambridge ne s'est pas arrêté là. Visiblement plus adepte d'un bon vieux kick and rush que d'un jeu de construction léché, il avait demandé aux jardiniers de son stade «de laisser pousser l'herbe plus longtemps dans un coin du terrain afin de faciliter les longs ballons de son équipe». Histoire que ces longues balles vers l'attaque se plantent dans la pelouse et évitent, ainsi, de fuser hors des limites.
John Beck a fait des disciples, et pas des moindres: José Mourinho. En 2011, alors que son Real Madrid avait toutes les peines du monde à contrer le grand rival – le FC Barcelone emmené par son magicien Lionel Messi –, le coach portugais a demandé aux jardiniers du Santiago Bernabéu de laisser un gazon haut. Objectif? Ralentir le jeu des Catalans, fait d'une multitude de passes courtes et rapides. La ruse a en partie fonctionné: ce Clasico s'est soldé par un nul 1-1.
Ballons sur le qui-vive
Jouer à domicile, c'est aussi avoir les jeunes ramasseurs de balle locaux, généralement fans de l'équipe, dans la poche. On a déjà vu ces enfants ou ados influencer le cours d'un match et même participer directement à un but, en donnant très rapidement le ballon à un attaquant pour qu'il puisse surprendre la défense des visiteurs. Ou, au contraire, tarder à rendre le cuir aux adversaires, menés au score, afin que ceux-ci perdent du temps.
Dans cette idée de contrôler le rythme du match, Xabi Alonso, alors entraîneur du Bayer Leverkusen, avait mis en place toute une logistique dans son stade lors de la saison 2023/24. Watson détaillait le stratagème:
L'astuce en vidéo
Et ça a marché puisque, cette saison-là, le Bayer Leverkusen – emmené par Granit Xhaka – a remporté son premier titre de champion d'Allemagne. Entre-temps, Xabi Alonso a rejoint le Real Madrid. Si le technicien a toujours cette même philosophie de jeu, les jardiniers du Bernabéu pourront, contrairement à l'ère Mourinho, couper leur gazon normalement...
Des espions déguisés en policiers
Le déplacement du FC Sion à Marseille en 1994, lors du 16e de finale de la Coupe de l'UEFA, a été des plus mouvementés. Et c'est un euphémisme. Les locaux – battus 2-0 à l'aller à Tourbillon – ont absolument tout tenté pour déstabiliser les Valaisans. Il y a eu de grands classiques: intimidations de la part des joueurs (et même des dirigeants) dans les vestiaires, jets de projectiles depuis les tribunes pendant l'échauffement, insultes, etc.
Mais aussi des événements plus surprenants: une alerte à la bombe dans l'hôtel des Sédunois durant la nuit avant le match. Encore plus croustillant: des espions de l'OM déguisés en policiers censés escorter le FC Sion. Christophe Bonvin, attaquant valaisan, a raconté cette folle anecdote à watson:
Mais ces espions marseillais n'ont pas réussi à prendre suffisamment d'infos sur le club valaisan: celui-ci s'est qualifié pour le tour suivant grâce à son but à l'extérieur (défaite 3-1).
Tests Covid douteux
Alors que le milieu du football subit de plein fouet la pandémie de Covid-19, comme le reste du monde d'ailleurs, un contexte lunaire entoure le match Sierra Leone-Bénin en mars 2021. Ce duel est décisif pour la qualification à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN).
Alors que le Bénin a déjà testé tous ses joueurs contre le coronavirus (tous négatifs), comme l'exige le protocole, les Sierraléonais imposent de nouveaux tests aux visiteurs. Seulement quelques heures avant le match, les hôtes informent la sélection béninoise que celle-ci compte cinq cas positifs. Or, ces cinq joueurs sont tous des titulaires dans la composition annoncée la veille, relate RMC Sport.
Les joueurs du Bénin et leur fédération s'insurgent, qualifiant cette situation de «sketch» et «honte pour le football africain». Après avoir été décalée de quelques heures, cette rencontre est finalement reportée à une date ultérieure. La Sierra Leone – qui a besoin d'une victoire pour aller à la CAN – accuse le Bénin de refuser de jouer et espère, ainsi, un succès par forfait.
Finalement, la confédération africaine (CAF) décide de reporter le match en juin, sur terrain neutre. Non sans de nouvelles embrouilles hors du terrain avant le coup d'envoi, la Sierra Leone s'impose 1-0 et chipe du même coup au Bénin le ticket pour la CAN.
Le vestiaire rose
On a commencé cette liste avec de la peinture, on la termine avec un autre coup de pinceau. Cette fois, il a été donné aux murs du vestiaire visiteurs dans le stade de Norwich, au début de la saison 2018-19. Une rénovation aussi spectaculaire que vicieuse, comme le relate la BBC: Norwich a fait exprès de repeindre en rose ce vestiaire car «cette couleur est censée abaisser le taux de testostérone et avoir un effet apaisant». Autrement dit: exactement ce qu'il ne faut pas avant un match de football, qui se gagne (aussi) grâce à la hargne.
«Le rose a un effet, non pas parce qu'il est rose, mais parce qu'il est lié à des expériences de l'enfance», analyse Alexander Latinjak, psychologue du sport. La BBC précise que Norwich a «emprunté l'idée à l'équipe de football américain de l'Université de l'Iowa». Et elle semble avoir parfaitement marché: Norwich a été promu en Premier League à la fin de la saison, terminant devant tous ses concurrents «dévirilisés».
Pour l'exercice suivant, dans l'élite, le club de l'est de l'Angleterre a repeint le vestiaire visiteurs en blanc. Et devinez quoi? Norwich a été relégué...
