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Enak Markwalder participe aux Mondiaux de trottinette

Enak Markwalder rêve de devenir champion du monde.
Enak Markwalder rêve de devenir champion du monde. image: watson

La trottinette a bouleversé la vie de ce prodige romand

Enak Markwalder (19 ans) participe, cette semaine au Japon, aux Mondiaux de trottinette freestyle. Ce sport en quête de notoriété a changé l'existence du jeune Vaudois.
17.11.2025, 18:5317.11.2025, 18:53

Quand vous discutez avec des sportifs de disciplines freestyle, il y a une constante. A première écoute, celle-ci sonne comme une inadéquation entre la forme et le fond. Un paradoxe, même. Leur voix est tellement posée et calme. Elle témoigne de leur décontraction, de leur coolitude. Mais leurs propos, eux, trahissent une rage intérieure de réussir. Enak Markwalder ne fait pas exception.

«Je veux devenir champion du monde, un jour». Voilà la réponse de ce jeune Vaudois de 19 ans quand on lui pose l’inévitable question de ses objectifs. Derrière ces mots, il n’y a aucune arrogance. Ni utopie, d’ailleurs: Enak Markwalder fait partie des meilleurs riders en trottinette de la planète, et il participe dès cette semaine aux Championnats du monde au Japon (21 au 26 novembre), dans la catégorie «park».

Ancien skieur junior d'élite, Enak Markwalder a gardé son esprit compétiteur.
Ancien skieur junior d'élite, Enak Markwalder a gardé son esprit compétiteur. image: dr

Dans la banlieue de Tokyo, le Romand aura deux runs de 60 secondes pour convaincre les juges qu’il mérite de poursuivre la compétition. Durant cette minute vingt, il enchaînera les figures – les tricks, pour les initiés – sur les rampes d’un immense skatepark, en tentant d’être le plus spectaculaire possible. «Mais c’est crucial de doser le risque dans ce qu’on tente», insiste Enak Markwalder. Car faire de la compétition en trottinette freestyle a un côté impitoyable:

«Une chute, et c’est fini. Même si vous vous relevez, vous n’aurez pas assez de vitesse pour enchaîner les sauts derrière et faire un run de qualité.»

Alors le jeune homme de l’Ouest lausannois met tous les moyens pour éviter pareille déconfiture. Depuis plusieurs mois, il va cinq fois par semaine au fitness pour muscler ses avant-bras, ses jambes et ses abdos, «le plus important pour la trottinette». Et puis, évidemment, il va répéter ses gammes sur les rampes. Quatre fois par semaine, dans les skateparks intérieurs de Lausanne ou Montreux. Seul. «Ce n’est pas un problème, parce qu’au final, je rencontre toujours du monde, avec les potes qui rident en même temps».

Et désormais, il ne craint plus de prendre un coup de skate dans le tibia, comme c’est arrivé quand il était ado. «Les relations avec les skateurs étaient tendues il y a encore quelques années», rembobine l’as de la trottinette.

«Ils ne voulaient pas qu’on empiète sur leur territoire, ils se moquaient de nous en disant qu’on faisait un sport de "tapettes"».
Les trottinettistes ont dû se faire une place dans les skateparks.
Les trottinettistes ont dû se faire une place dans les skateparks. image: instagram

A l’écouter, cette guerre fratricide entre riders est terminée. «Maintenant, on forme tous une grande famille. D’ailleurs, j’encourage les parents à amener leurs enfants dans les skateparks, qui sont devenus des endroits vraiment bienveillants».

«Mon monde s'est écroulé»

Cette convivialité et les «nombreuses belles rencontres» le motivent à s’investir autant dans son sport. Mais c’est une autre blessure, bien plus grave que le coup de planche à roulettes dans le tibia, qui l’a poussé à prendre le guidon. Une blessure au corps (dos), mais qui a surtout meurtri l’âme du jeune Vaudois. «En entendant le médecin dire que je ne pourrai plus skier, mon monde s’est écroulé», se souvient-il, tout à coup ému au bout du fil.

En 2020, Enak Markwalder est alors un espoir du ski alpin suisse, figurant parmi les meilleurs juniors du pays. «Toute ma vie tournait autour du ski. J’avais très peu d’amis quand j’étais enfant et adolescent, car je passais tout mon temps en dehors de l’école sur les pistes».

Enak Markwalder dans ses œuvres 📺

Vidéo: extern / rest/Enak Markwalder

Les premiers mois de ce deuil de carrière sont extrêmement difficiles. «Je n'avais plus aucun socle, et j’ai eu tout à coup des problèmes à l'école et des tensions avec mes profs, ma famille et mes amis». Malgré tout, l’ado garde toujours au fond de lui une flamme: celle du sport de glisse. Aujourd'hui, Enak Markwalder affirme sans détour: «A cette époque, la trottinette m'a sauvé». Il enchaîne:

«Le ski pratiqué si intensément et son côté très contraignant m’avaient écœuré. J’avais besoin d’une activité avec plus de liberté»

Bingo! La trott’ freestyle – comme le suggère son nom – coche toutes les cases: n’étant pas (ou seulement très peu) institutionnalisée, elle permet de s’entraîner quand, où et avec qui on veut. Surtout, elle offre une énorme liberté de mouvement (choix des figures) et met l’accent sur la créativité, avec des possibilités infinies d’inventer de nouveaux tricks et des enchaînements.

«Quand tu arrives dans un skatepark, tu es comme un artiste: tu peins ton tableau»

Mais un trottinettiste reste avant tout un artiste de scène. «C’est l'envie de performer en essayant sans cesse de me surpasser qui me pousse à me lancer sur les rampes», confie Enak Markwalder. En plus de son esprit créatif, le Vaudois a gardé son âme de compétiteur, que ses nombreuses courses de ski alpin ont forgée.

Boule au ventre et sponsor généreux

Il lui faut au moins tout ça pour avoir le courage d'entamer ses runs.

«Juste avant, j’ai à chaque fois la boule au ventre»

Il y a le trac de devoir performer devant un jury et des spectateurs, mais surtout la peur de prendre une gamelle. Enak Markwalder la ressent encore plus fort depuis un événement traumatisant l’an dernier: une déchirure des ligaments du genou lors d’une grosse chute. Un skatepark reste quand même plus dangereux qu’un atelier de peinture…

La trottinette freestyle est aussi spectaculaire que risquée.
La trottinette freestyle est aussi spectaculaire que risquée.image: instagram

Cette blessure n’a pas empêché le jeune Romand de participer… une semaine plus tard aux Mondiaux de Rome.

«Je n’ai pas eu besoin d’opération. Par chance, mes ligaments se sont remis d’eux-mêmes avec le temps. Je suis très croyant, je prie beaucoup. Je suis certain qu'il y a un lien avec cette guérison.»

Dans la capitale italienne, il y a dix mois, il a réussi à décrocher la 29e place, qui fait aussi office de classement mondial cette année.

Cette semaine à Tokyo, Enak Markwalder ose espérer «un top 10, voire mieux», mais il précise:

«Mon objectif principal, c’est de faire au mieux, de réussir mon run en entier sans tomber et de me rendre fier moi-même»

Il y représente la Suisse, mais c’est l’un de ses deux sponsors – Decathlon – qui paie ses billets d’avion et son hôtel. Un soutien financier plus que bienvenu, puisque le Vaudois de 19 ans ne vit pas de la trottinette. Malgré sa détermination, il ne fonce pas tête dans le guidon et a choisi d’entamer, en septembre, un Bachelor en HEC à l'Université de Lausanne. «Même si je devenais pro, je ne ferais pas ça à 100% plus d’une année», anticipe celui qui participe à environ huit compétitions à travers le monde annuellement.

Malgré la montée en puissance de cette discipline (spectaculaire visuellement) grâce aux réseaux sociaux – Enak Markwalder compte déjà 12 000 followers sur Instagram –, y gagner de l’argent est difficile:

«Lors d’une compétition à Shanghai où j'ai fini troisième, j’ai empoché environ 2 500 francs. Je n’ai jamais touché ça avec des collaborations sur les réseaux sociaux.»

Une vie plus bohème que star system. Mais c’est désormais connu: les as de la trottinette sont des artistes. Et Enak Markwalder mettra toute son âme dans son prochain tableau à Tokyo.

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source: chris jackson collection / chris jackson
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