«Comme vous, encore en vacances». C'est le message qui figurait sur la banderole bleu mer déployée par les ultras de Neuchâtel Xamax vendredi passé à la Maladière. Eux-mêmes se sont mis en scène en amenant dans la tribune costumes de bain et palmiers en plastique. Une manière subtile et drôle de faire comprendre aux joueurs qu'ils devaient se réveiller, après une entame de championnat ratée (trois défaites de suite). La scène a créé un petit buzz sur Twitter, et elle a même fait rire le président xamaxien Jean-François Collet:
Hélas pour les «Rouge et Noir», les palmiers gonflables n'ont pas porté leurs fruits. Ce soir-là, Xamax a subi sa quatrième défaite, d'autant plus douloureuse qu'elle a eu lieu lors du derby contre Yverdon (2-3), que les Neuchâtelois abordaient comme favoris. «Il faut stopper l'hémorragie dès ce vendredi soir contre Lausanne», prévient Jean-François Collet.
Assurément, un succès contre les Vaudois offrirait un sacré bol d'air aux pensionnaires de la Maladière en faisant retomber la pression. Celle du public, d'abord, pour l'instant plutôt bon enfant mais qui pourrait vite se transformer si la série négative se poursuit. Celle que les joueurs et le staff se mettent eux-mêmes, ensuite.
Parce qu'à Neuchâtel, le souci actuel semble d'abord être d'ordre mental. «Avec le contingent qu'il a, je ne vois pas Xamax finir dernier», (se) rassure Emanuele Saraceno, journaliste pour ArcInfo et grand connaisseur du club rouge et noir. «Mais actuellement, à force ne pas gagner ou marquer, les joueurs cogitent et ratent le dernier geste, par exemple, même quand ils sont bien placés.»
Avant même le coup d'envoi du championnat, Emanuele Saraceno avait quelques craintes sur la manière avec laquelle Xamax abordait celui-ci. D'abord par rapport au planning des matchs amicaux:
Ensuite, il y a l'attitude. «J'ai senti une euphorie presque exagérée durant la préparation», rembobine-t-il. «L'entraîneur, Andrea Binotto, d'habitude prudent dans ses déclarations, a affirmé que c'était la meilleure équipe qu'il ait entraînée. Les dirigeants et le staff pensaient détenir un effectif très fort.»
De quoi faire prendre le melon aux Neuchâtelois? C'est bien possible, à en croire le journaliste d'ArcInfo. «Lors du premier match à Wil, les joueurs ont semblé mépriser leurs adversaires et n'ont pas donné l'impression de se donner à fond.» Résultat: Xamax s'est incliné 2-0, «au terme d'une prestation catastrophique», rejoue Emanuele Saraceno. Il enchaîne:
Oui, il suffit de peu pour qu'une spirale négative s'enclenche. Et actuellement, Andrea Binotto ne donne pas toutes les garanties d'être l'homme qui permettra à Xamax d'en sortir en amenant de la sérénité. Plus que ses choix tactiques, c'est son attitude qui légitime les doutes.
Après le revers contre Yverdon, le coach xamaxien s'est muré dans un silence que personne au club ne lui a imposé. Et puis il y a les coups de sang et le manque de lucidité inhabituels d'un homme pourtant réputé calme et posé. «A Wil, il a consacré la plus grosse partie de son analyse à critiquer l'arbitrage, en n'étant pas forcément de bonne foi», se souvient Emanuele Saraceno.
Pourquoi Andrea Binotto semblait-il déjà à cran après deux matchs? «Il se dit certainement que c'est l'année où il peut prouver que c'est un grand entraîneur», s'avance Emanuele Saraceno. Pourtant, l'objectif avoué de Xamax et de son président n'est pas la promotion – et ce bien que la Super League passera à 12 équipes la saison prochaine – mais une place dans le top 5.
L'atteindre aurait certainement été plus facile si les «Rouge et Noir» avaient conservé quelques éléments, notamment leur milieu de terrain Nicky Beloko, parti à Lucerne. «C'était le meilleur joueur de l'équipe», tranche Emanuele Saraceno.
Avec huit arrivées, dont les deux Schaffhousois Del Toro et Mujcic ainsi que le Thounois Fatkic (tous trois des joueurs confirmés de Challenge League), le club de la Maladière n'a pas réalisé un mauvais mercato. Il devrait en tout cas amplement suffire pour ne pas rester coincé à la dernière place du classement. «On a essayé de combler nos failles de la saison passée, mais jusqu'à maintenant, on n'a pas prouvé qu'on a fait un super mercato», rit, jaune, Jean-François Collet. Mais le boss xamaxien ne veut pas pointer du doigt ses nouvelles recrues:
Une victoire neuchâteloise ce vendredi soir contre Lausanne aurait assurément la faculté d'accélérer le processus.