Le hockey suisse a déjà commencé sa crise énergétique
Pour l'instant, ce n'est qu'un épisode isolé: la production de glace dans la patinoire du HC Sierre a de nouveau été reportée par les autorités. Deux matchs de préparation sont menacés.
Comme il n'y a pas encore de glace à Graben – l'enceinte la plus délabrée du pays et qui ne correspond plus aux standards de la Ligue – les Sierrois, pensionnaires de Swiss League, s'entraînent actuellement à Brigue. Et ça ne changera pas de sitôt.
Ça chauffe dans la Cité du Soleil
En raison des températures élevées, les autorités ont décidé de reporter la production de glace d'une semaine. «Il fait trop chaud», tranche le conseiller communal sierrois Eddy Beney dans Le Nouvelliste.
Une décision qu'Alain Bonnet, président du HC Sierre, peut comprendre:
Comme d'autres étés chauds reviendront probablement, le club et la commune de Sierre plaident pour un début de saison plus tardif. «Nous devrions jouer au football jusqu'en novembre et reprendre le hockey en octobre», juge Eddy Beney. «Mes collègues de la Swiss League ont le même raisonnement», appuie Alain Bonnet.
A court terme, le HC Sierre doit trouver des solutions pour ses matchs de préparation contre Lausanne (12 août) et Bâle (16 août) prévus à Graben. Ils devront soit avoir lieu ailleurs, soit être annulés.
Angoisses et panneaux solaires
Outre la chaleur, il pourrait y avoir un autre problème pour les patinoires: la crise énergétique. La politique a une grosse influence sur cette décision: soit parce que la commune est directement ou indirectement propriétaire, du moins bailleur; soit parce que les autorités décident de l'approvisionnement en énergie ou des procédures administratives. De ce point de vue, le hockey est indissociable de la politique.
La direction de la fédération suisse de hockey (Swiss Ice Hockey), chapeautée par le président Michael Rindlisbacher, est inquiète et a élaboré une prise de position détaillée:
Nous avons récemment discuté de la question des besoins en énergie, et notamment d'une éventuelle pénurie imminente, au sein de la direction. Nous sommes conscients que cela peut nous concerner directement. Nous suivons donc l'évolution en permanence et sommes en contact avec tous les services concernés.
Actuellement, nous élaborons différents scénarios et en tirons notre planification prévisionnelle. Au premier plan se trouve pour nous une éventuelle décision politique de restreindre l'utilisation de l'énergie dans certains domaines, ce qui entraînerait de graves restrictions, en particulier pour la relève et le secteur amateur dans toutes les régions du pays. C'est ce qu'ont déjà montré les restrictions liées à la pandémie (fermeture de patinoires, interdiction d'entraînement, interruption de la saison) au cours des trois dernières saisons.
Il faut donc, dans la mesure du possible, éviter une telle mesure.»
Denis Vaucher, directeur de la Ligue nationale, se fait, lui, un peu moins de souci. Il évoque la grande efficacité énergétique des patinoires ultramodernes de l'élite qui, à l'exception des Vernets à Genève, construits en 1961, sont à la pointe de la technologie dans tous les domaines.
D'autant plus que ces enceintes produisent aujourd'hui plus d'énergie qu'elles n'en consomment, grâce à des installations d'énergie solaire. En outre, elles sont très bien isolées. La chaleur extérieure n'est pas un problème.
Et pourtant, en vue des élections fédérales de l'automne 2023, la tentation est grande pour les politiciens de tous bords de s'offrir une vitrine médiatique avec cette thématique. Denis Vaucher affirme qu'un argumentaire a été élaboré, «au cas où», par la ligue. Mais la question est loin d'être réglée.
Adaptation en français: Yoann Graber