Dans le monde dynamique du hockey, on change plus vite d'employeur que de tenue de travail. Une preuve? La déclaration du team manager de Fribourg-Gottéron, Pierre Reynaud, avant le match à Bienne mardi:
La veille, les directeurs sportifs de Gottéron et d'Ambri avaient négocié un échange de joueurs: le Suédois Jakob Lilja a quitté la Léventine pour les bords de la Sarine, et le Canadien Chris DiDomenico a fait le chemin inverse.
Des transferts aussi spontanés sont possibles à tout moment avec une licence suisse jusqu'au 31 janvier et avec une licence étrangère jusqu'au 15 février. Et ils peuvent faire un grand bien à la ligue.
Et, pour les clubs, il y a encore d'autres avantages à proposer des longs contrats: le salaire annuel d'un bon – et cher – hockeyeur suisse diminue avec un deal sur plusieurs années; les pénibles négociations de prolongation sont épargnées au directeur sportif et à l'agent du joueur (mais ce dernier touche, malgré tout, sa commission annuelle).
Avant, c'était différent. Mais un tournant a eu lieu en 2019, quand le CP Berne a prolongé prématurément le contrat de Tristan Scherwey de sept ans, jusqu'en 2027. Une affaire qui a fait sensation dans toute la ligue. Désormais, ce genre de bails est monnaie courante en National League.
Quelques exemples: Lukas Frick porte encore le maillot de Lausanne, mais il a déjà signé à Davos jusqu'en 2030; Dario Simion (Zoug) a un contrat en poche avec Lugano jusqu'en 2031; Sven Jung a récemment prolongé avec le HC Davos jusqu'en 2031, Damien Riat avec le LHC jusqu'en 2030 et Sven Andrighetto avec les ZSC Lions jusqu'en 2029; Dean Kukan a paraphé un bail de cinq ans avec ces mêmes ZSC Lions à son retour d'Amérique du Nord en 2022 et Grégory Hofmann a prolongé jusqu'en 2028 avec Zoug après son aventure ratée en NHL (2021/22).
Pour le directeur sportif des ZSC Lions, Sven Leuenberger, l'absence d'un véritable marché est la raison de la tendance aux longs contrats. Les gamechangers avec licence suisse – c'est-à-dire les joueurs qui peuvent décider à eux seuls d'un match voire d'un championnat – ne sont pratiquement plus disponibles et les clubs qui possèdent ces joueurs font tout pour les garder à long terme.
Dans le meilleur des cas, les clubs arrivent à conserver leurs quelques top joueurs suisses et restent flexibles sur le marché des hockeyeurs de seconde zone, qui ne font que compléter le contingent. Les équipes riches, avec de bonnes perspectives sportives, ont mis le grappin sur les Helvètes talentueux, en leur offrant des contrats à plus long terme.
Les formations dont les budgets sont limités et qui ne peuvent pas nourrir l'ambition d'un titre continuent à former des jeunes Suisses, mais elles sont incapables de les retenir et restent ainsi en bas du classement.
Un bon indicateur pour connaître le niveau d'une équipe est le nombre de forts joueurs suisses de 25 ans ou plus qui ont un contrat au-delà de la saison prochaine. Ils sont sept à GE Servette; six à Davos, Lugano et Lausanne; cinq à Gottéron; quatre aux ZSC Lions, Zoug et Berne et trois à Bienne. Mais on en compte seulement deux à Ambri, Kloten et Rapperswil; un à Langnau et aucun à Ajoie.
Chris DiDomenico a réalisé un assist dès son premier match à Ambri (défaite 2-3 après prolongation contre Zoug) et Gottéron a gagné avec Jakob Lilja à Bienne (4-1).
Et on a presque oublié aujourd'hui que les carrières grandioses de Romain Loeffel et Damien Brunner n'ont pris leur envol que grâce à des échanges en cours de saison: Zoug avait fait venir Brunner de Kloten contre Thomas Walser, et Genève avait réussi à engager Romain Loeffel (Gottéron) en l'échangeant avec Jérémie Kamerzin.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber