Champion en avril 2023, vainqueur de la Ligue des champions en février 2024. Entre-temps, une saison régulière misérable et, le 9 mars déjà, la fin de l'exercice après l'échec en play-in contre Bienne. En l'espace d'une année, les Aigles se sont envolés comme jamais dans leur histoire, puis se sont méchamment déplumés, avec une 10e place la saison suivante. Ils n'étaient jamais tombés si bas depuis 2006 (11e).
Il y a des raisons à cette dégringolade soudaine: la charge supplémentaire de la Ligue des champions (13 matchs de plus que les Zurich Lions, par exemple), les soucis de santé de joueurs clés (Lennström, Miranda, Richard et Rod), la «mission impossible» de remplacer Henrik Tömmernes et Linus Omark ou encore les mauvaises performances des gardiens.
La National League est désormais si équilibrée que la suffisance est rapidement sanctionnée. L'entraîneur Jan Cadieux a souvent mis en garde, et toujours à haute voix, mais ses paroles n'ont visiblement pas été entendues par ses joueurs. Si ceux-ci s'obstinent à ne pas l'écouter cette saison, le coach ne sera pas certain de garder son emploi.
Les batteries des Genevois sont désormais bien rechargées après leur fin de saison précoce. De nouveaux et meilleurs étrangers sont arrivés (Michael Granlund et Michael Spacek).
Pour autant que le gardien Robert Mayer retrouve sa magie du début d'année 2023. Si ce n'est pas le cas, Jan Cadieux pourra lui offrir un manteau pour l'hiver, que le portier ne passera pas avec les Aigles.
Pour savoir où Genève-Servette se situe avant le début de cet exercice 2024/25, on analyse les différents secteurs de l'équipe (et du club), qui sont notés (sur une échelle de 1 à 10).👇
En tant que joueur, Jan Cadieux n'était pas aussi talentueux que son père Paul-André Cadieux et a dû travailler dur pour réussir sa carrière (plus de 650 matchs en National League). Cela peut expliquer pourquoi il est parfois si agacé par les joueurs qui ne considèrent pas le hockey sur glace comme une vocation et qui ne s'investissent pas dans leur travail avec le même dévouement que lui durant toute sa carrière.
Jan Cadieux est un entraîneur intelligent et expérimenté, qui est parti du bas de l'échelle (juniors de Gottéron puis Ticino Rockets) pour arriver au sommet et qui n'a été promu entraîneur principal que lors de sa troisième saison en tant qu'assistant à Genève, le 10 novembre 2021, en remplacement de Patrick Emond. Depuis, il a dépassé toutes les attentes, de très loin, et a permis aux Aigles de remporter leur premier titre national en 2023 et de triompher en Ligue des champions en 2024.
On peut donc facilement lui pardonner la mauvaise saison régulière l'année passée et la non-qualification pour les play-offs. Mais un deuxième échec pourrait, malgré tous ses mérites, le mettre dans une situation fâcheuse.
Les deux grandes questions avant la saison dernière étaient les suivantes:
Robert Mayer n'était – pour le dire avec un peu de méchanceté – qu'une caricature de lui-même dans ses meilleurs jours et Gauthier Descloux n'a fait que 14 apparitions. Le directeur sportif Marc Gautschi a donc dû faire appel à un gardien étranger en la personne de Jussi Olkinuora.
Il fait à nouveau confiance à Robert Mayer et Gauthier Descloux. Le premier a un contrat jusqu'en 2027, le second jusqu'en 2026.
La question n'est pas de savoir si, mais seulement quand, un portier étranger sera à nouveau dans la cage. Mais, comme on dit: No risk, no fun!
La saison passée, Genève-Servette a encaissé 155 buts. Plus qu'Ambri et Rapperswil (151 chacun) et 15 de plus que lors de l'exercice précédent. Malgré la présence des titans défensifs helvétiques Tim Berni, Roger Karrer et Simon Le Coultre et le champion du monde et olympique finlandais Sami Vatanen.
D'autant plus que son successeur, Theodor Lennström, n'a pu disputer que 17 matchs en raison d'une blessure.
Mais il y a une autre explication, plus pertinente. Avec la méforme de Robert Mayer et Gauthier Descloux, il n'était pas du tout possible de construire une défense plus stable. Autrement dit: donnez-moi le niveau de Robert Mayer et Gauthier Descloux et je vous dirai où en est la défense genevoise.
Josh Jooris, Markus Granlund, Sakari Manninen, Marc Antoine Pouliot, Tanner Richard et Michael Spacek: les attaquants centraux des Aigles, c'est magique! Aucune autre équipe en dehors de la NHL n'a autant de centres de si haut niveau.
La saison dernière, le nombre de buts marqués a chuté à 140. Même Ambri était meilleur offensivement (153 buts). On peut maintenant s'attendre à ce que la puissance de feu offensive des Grenat dépasse même celle de la saison de leur titre (185 buts) et soit, comme en 2022/23, la meilleure de la ligue. Toutefois, une remarque s'impose: l'attaque décide des matchs. Mais c'est la défense, et en particulier les gardiens, qui décident du championnat.
Le directeur sportif Marc Gautschi est-il un peu prisonnier de la gloire du sacre en 2022/23? Oui. Un renouvellement du contingent après ce titre historique aurait aidé. On pense, par exemple, à des départs de Valtteri Filppula et Daniel Winnik ainsi qu'à l'engagement d'un nouveau gardien numéro un (et d'une rétrogradation, par conséquent, de Robert Mayer comme remplaçant).
Mais qui se sépare volontairement de héros? Personne.
L'argent n'est plus un problème à Genève-Servette depuis que la fondation du fondateur de Rolex, Hans Wilsdorf, alimente le club. Même des joueurs comme Luca Hischier ou Alessio Bertaggia sont payés bien au-dessus de la moyenne du marché.
Il n'y a en fait qu'un seul problème: l'infrastructure. La patinoire des Vernets a été construite en 1961 pour les Championnats du monde. A cette époque, elle était considérée comme la plus moderne d'Europe et, dans les années 1970 encore, toutes les équipes du pays se réjouissaient d'aller y jouer. Entre-temps, elle est devenue la plus vétuste de la ligue. Une Valascia urbaine.
Actuellement, il existe un projet de nouvelle arène pour 140 millions de francs, une capacité de 8'500 spectateurs et une fin des travaux prévue pour 2028. Mais Genève est une ville qui planifie des patinoires. Et non pas qui les construit. Mais ça, ce n'est pas la faute de la direction du Genève-Servette Hockey Club.
Adaptation en français: Yoann Graber