Lorsqu'un joueur talentueux est transféré dans un club adverse en cours de saison régulière, il est parfois convenu qu'il ne sera pas aligné contre son ancien employeur, jusqu'en fin d'exercice. Cette disposition a du sens. Dans le cas de Dominik Kahun, cela aurait pu signifier: «Oui, tu peux filer à Lausanne, à condition de ne pas jouer contre nous en play-offs».
Le CP Berne a cependant renoncé à une telle «clause de lâcheté» et a résilié le contrat de l'Allemand pour solde de tout compte. Dominik Kahun peut donc jouer à Lausanne, mais aussi contre Berne si, par exemple, les deux équipes venaient à se rencontrer en demi-finale.
Dans cette affaire, le dernier mot est revenu, comme souvent dans la capitale, à un certain Marc Lüthi. «Nous permettons à un joueur qui ne se sentait plus à l'aise chez nous, peu importe la raison, de changer d'air. Il n'y a rien d'autre à ajouter», déclare le grand patron du CP Berne.
Si nous voulons savoir si Marc Lüthi et ses deux directeurs sportifs – Martin Plüss et Patrik Bärtschi – ont fait le bon choix en se séparant de la sorte de Kahun, il convient de prendre en compte deux éléments précis.
Premièrement, la relation entre Dominik Kahun et son entraîneur Jussi Tapola était rompue depuis des mois, que ce soit sportivement ou tactiquement. Le papillon de lumière et le maître tactique ne s'accordaient tout simplement pas. Pour faire une métaphore musicale, la tentative de transformer un violoniste sensible en un joueur de cuivres a échoué.
Clairement, les perspectives de réconciliation étaient nulles. Dominik Kahun s'est certes comporté de manière professionnelle et correcte. Mais cela n'a aucun sens de conserver un joueur en conflit avec son entraîneur, rien que pour les séances d'entraînement, le vestiaire et les tribunes. Et ce, même si tout le monde est de bonne volonté. Il y a quelque chose dans l'air qui perturbe l'alchimie, et donc les performances de l'équipe. Il est normal que les directeurs sportifs du CP Berne aient accédé à la demande de Dominik Kahun, qui consistait à mettre fin à son contrat.
Deuxièmement, n'est-il pas trop risqué de laisser filer l'un des meilleurs joueurs de la ligue, dans une équipe que le CP Berne pourrait affronter en play-offs, si les dieux du hockey le veulent bien? Non, ce n'est pas dangereux. Une «clause de lâcheté», c'est-à-dire un pacte pour ne pas faire jouer Kahun lors d'une série LHC-Berne, signalerait une faiblesse des Bernois et serait indigne du passé glorieux des Ours.
Le CP Berne part donc du principe qu'il peut éliminer Lausanne, même avec un Dominik Kahun dans les rangs adverses. Point final. Mais cette séparation immédiate a aussi de nombreux avantages pour le club bernois, du moins pour cette fin de saison: un certain calme retrouvé dans l'équipe, la fin des questions incessantes sur l'avenir de Dominik Kahun et la consolidation de l'autorité de l'entraîneur Jussi Tapola.
La résiliation est ici un signe de force. Alors que le CP Berne a longtemps été malade, et a longtemps manqué de confiance en soi, il affiche à nouveau l'assurance et l'arrogance du Bayern Munich en football.