Le ski suisse poursuit sa moisson de médailles mondiales. Après les excellents Championnats du monde de Saalbach, achevés avec 13 breloques dont cinq en or, les podiums tombent à Tarvisio en Italie, où se tiennent actuellement les Mondiaux juniors de ski alpin.
L'Appenzelloise Stefanie Grob a regagné en descente, deux ans après son sacre à Saint-Anton, tandis que son coéquipier Philipp Kaelin a décroché l'argent dans l'épreuve masculine. Un métal auquel Sandro Manser a également goûté, puisqu'il a terminé deuxième du super-G organisé ce samedi. Mais la sensation des Mondiaux juniors se nomme Jasmin Mathis, médaillée d'argent jeudi en descente (à un centième de la première place), et titrée ce week-end en super-G.
Ses résultats sont d'autant plus appréciables que la jeune femme de 20 ans, originaire de Buochs, le village d'un certain Marco Odermatt, ne devait pas être du voyage en Italie. Non retenue par Swiss-Ski, Mathis a appris sa sélection une semaine après les autres, celle-ci ayant été rendue possible par le retrait de Janine Mächler, neuf départs en Coupe du monde, contrainte de céder sa place à cause de douleurs au dos.
Ce qui s'apparentait initialement à une déconvenue s'est donc transformé en un merveilleux conte de fées, pour celle qui a certes remporté trois courses FIS cet hiver, dont deux en Suisse (Brigels et Lenk im Simmental), mais dont l'expérience en Coupe d'Europe est encore faible, contrairement à ses adversaires. Cette situation s'explique par des années de galère.
La jeune carrière de la Nidwaldienne a été interrompue une première fois en février 2022. Alors membre des cadres C de Swiss-Ski, Jasmin Mathis a subi à La Tzoumaz une blessure au ménisque du genou droit, ainsi qu'une fracture de la tête du tibia. On pourrait dire que c'est le métier qui rentre. Or sa course de reprise neuf mois plus tard, à Zinal où elle avait débuté un an plus tôt en Coupe d'Europe, s'est très mal déroulée.
La Suissesse a chuté et s'est déchirée un ligament croisé, mais aussi le ligament collatéral médial, tout cela de l'autre côté. Elle s'est aussi blessée au ménisque et a encaissé une commotion cérébrale. Lors de la reconstruction de son genou gauche, les implants présents à droite depuis la précédente opération ont été retirés.
Au total, il s'est passé 688 jours entre sa dernière arrivée en 2022 et la suivante en janvier 2024, à Lenk im Simmental dans l'Oberland bernois. Une longue période, qui n'a pas toujours été évidente à gérer. «Etant une personne généralement positive, j’ai quand même eu un peu de mal à accepter la blessure et ses conséquences», avait-elle déclaré à CH Media, groupe auquel watson appartient, à son retour définitif à la compétition.
Porter un nouveau dossard ne signifiait toutefois pas la fin de sa convalescence. Jasmin Mathis a d'abord uniquement couru le géant, non sans certaines douleurs, et n'est revenue en vitesse qu'en décembre dernier. Il fallait dans un premier temps recharger la «batterie de confiance et de sécurité».
La skieuse de Buochs a également dû rattraper le retard accumulé au classement FIS. Un retard qu'elle a en partie comblé, mais qui ne lui a pas permis d'être conviée aux Mondiaux juniors de Tarvisio. Du moins, jusqu'au désistement de sa collègue Janine Mächler. Comptez désormais deux champions du monde à Buochs.