C'est par le géant femmes que débuteront samedi les Championnats du monde de para-ski alpin à Maribor. L'épreuve sera suivie de la compétition masculine dimanche, puis des slaloms en début de semaine prochaine.
Or l'événement aurait déjà dû être lancé depuis longtemps. Problème: les conditions de glisse dangereuses sur place, en particulier pour les athlètes assis, en raison notamment du manque de neige à l'Est de la Slovénie, ont contraint les organisateurs à annuler les descentes, les super-G et les combinés, soit 60% du programme des Mondiaux.
Une surprise? Pas pour le Neuchâtelois Robin Cuche, interrogé par watson. «La FIS (réd: la Fédération internationale de ski) nous disait que ça jouerait, qu'il n'y aurait pas de problème, mais nous on voyait très bien sur les webcams depuis deux mois que c'était vert, et que ça ne jouerait pas», explique le deuxième du classement général de la Coupe du monde debout, qui a signé mi-janvier sa 50e victoire sur le circuit.
Mais un autre élément permettait de douter de la tenue des courses dans la région: l'altitude du domaine skiable «Mariborsko Pohorje». Celui-ci débute à 328 mètres et ne va pas au-delà de 1'340 mètres, ce qui force Cuche à dire: «Il faut que les responsables à la FIS soient au clair avec ce qui est faisable et ce qui ne l'est pas».
Comment la station slovène a-t-elle pu obtenir, avec des sommets si peu imposants, l'organisation des Championnats du monde de para-ski alpin? Alors que les Mondiaux 2027 sont déjà attribués à Tignes en Haute-Tarentaise, l'édition 2025, elle, a peiné à trouver preneur.
Résultat: la Fédération internationale de ski s'est rabattue à la dernière minute, en octobre dernier, sur Maribor. Un site où les Mikaela Shiffrin, Petra Vlhova et autres Wendy Holdener ne se sont plus rendues depuis 2020, l'étape de Coupe du monde locale composée d'un slalom et d'un géant ayant été déplacée à Kranjska Gora, à cause des conditions désormais insuffisantes sur place. Alors quand il constate cela, Robin Cuche ne se sent pas véritablement pris «au sérieux» par l'instance faîtière du ski, en charge du «para» depuis que la section a été cédée en 2022 par le Comité international paralympique (CIP).
Outre les conditions actuelles, le neveu de Didier Cuche, trois participations aux Jeux paralympiques, pointe un autre problème: le fait que les Mondiaux de para-ski alpin soient organisés, certes sur un autre site que celui des Championnats du monde de Saalbach, mais aussi et surtout au même moment, alors que tout le monde converge vers l'Autriche, notamment les médias.
Plus frustrant encore: les para-skieurs connaissent bien Saalbach, peut-être même mieux que les stars de la Coupe du monde, le Cirque blanc ayant rarement fait étape dans la station salzbourgeoise ces dernières années, sans compter que la descente masculine des finales l'hiver dernier n'a pas pu être courue. «C'est une piste où l'on a déjà eu des Coupes du monde les deux dernières saisons, que l'on connaît très bien, où l'on sait que ce n'est pas trop dangereux pour nous, car tout le monde y arrivait bien», détaille le skieur du Val-de-Ruz, conscient toutefois que son idée sur le modèle des Jeux aurait impliqué de bloquer durant un bon mois une piste habituellement réservée aux touristes.
Ne pourrait-on pas alors mixer les deux événements en un? Le cyclisme l'a fait aux Mondiaux de Zurich l'an passé, et c'est ce qu'a suggéré l'Américaine Breezy Johnson auprès de Der Standard. Le directeur sportif de la Fédération autrichienne de ski (ÖSV) Mario Stecher estime toutefois dans les colonnes du quotidien viennois qu'il serait difficile d'intégrer toutes les disciplines paralympiques au programme des Mondiaux.
«Cela durerait trois semaines, ce qui serait presque comparable aux Jeux olympiques», assure le dirigeant, qui ajoute, à la manière de Robin Cuche: «La piste devrait rester fermée plus longtemps et être entretenue en permanence. Et sur le Cirque blanc, certains tracés sont préparés de manière extrêmement glacée. Cela pourrait ne pas convenir pour les compétitions paralympiques». Ce que confirme la FIS, qui précise que le para-ski peut nécessiter des pentes plus douces.
Mario Stecher croit néanmoins que des épreuves, sélectionnées, pourraient être intégrées au programme des Championnats du monde, afin d'offrir aux para-skieurs une meilleure visibilité. Cette voie sera empruntée pour la toute première fois à Trondheim en Norvège, qui accueillera du 26 février au 9 mars les Mondiaux de ski nordique, avec donc l'ajout de certaines courses handisport dans le programme de l'événement.
En attendant, Robin Cuche, lui, n'espère qu'une chose: que les compétitions de vitesse annulées à Maribor seront «recasées» dans une autre station, pour que des titres mondiaux soient décernés.