Si vous êtes un minimum observateur et que vous suivez un peu l'équipe de Suisse, vous aurez remarqué ce changement: depuis le huitième de finale du dernier Euro contre la France, tous les membres de la Nati mettent leur main sur le cœur pendant l'hymne national. Avant ce 28 juin 2021, seul Xherdan Shaqiri l'avait fait quelques fois.
Vendredi soir à Rome (20h45), la toute fraîche tradition sera perpétuée face à l'Italie. Mais en fait, comment a-t-elle commencé? Et pourquoi?
«La décision de mettre la main sur le cœur a été prise après la défaite 3-0 contre l’Italie», rembobine le chef de presse de la Nati, Adrian Arnold. Un tournant pour les footballeurs suisses. Pas seulement au niveau de leurs prestations sur le terrain, qui ont fait rêver tout un pays dans la suite du tournoi, mais aussi dans leurs têtes.
Pour un pays aussi multiculturel que la Suisse, avec ses quatre langues nationales, difficile de miser sur le chant de l'hymne comme signe unificateur. Xherdan Shaqiri et ses coéquipiers ont donc logiquement opté pour un geste connu de tous et facile à instaurer.
A la base de la démarche, on retrouve l'ailier de l'Olympique lyonnais. «L'initiateur était Xherdan Shaqiri. Il a parlé de son idée au Conseil des joueurs, qui comprend cinq membres dont Granit Xhaka, Yann Sommer et lui-même, se rappelle Adrian Arnold. Granit, l'habituel capitaine, a ensuite présenté ce projet aux autres joueurs et à Vladimir Petkovic lors d'une réunion dans la salle à manger. Tous ont été d'accord».
Avant de passer à l'action contre la France, il y a encore eu le match de poule décisif face à la Turquie (victoire 3-1). La dernière fois, donc, que les Helvètes ont écouté leur hymne bras sur les épaules des coéquipiers, comme ils le faisaient depuis quelques années.
Murat Yakin, successeur de Vladimir Petkovic après l'Euro, s'est tout de suite mis au diapason. Le nouveau sélectionneur n'avait aucune envie de changer une pratique qui convient bien à l'équipe. «Maintenant, mettre la main sur le cœur se fait tout naturellement, et ça permet aux joueurs d'avoir des bonnes sensations ensuite sur le terrain», se réjouit Adrian Arnold.
Mettre la main sur le cœur pendant l'hymne, ce n'est pas toujours une action initiée par les joueurs. Certains se rappelleront du canular de Gérald Dahan en 2005.
Le 7 septembre de cette année-là, l'équipe de France – dans le même groupe que la Suisse – joue un match crucial en Irlande dans les qualifs pour le Mondial 2006. L'imitateur appelle alors le sélectionneur des Bleus Raymond Domenech puis le capitaine Zinédine Zidane, en se faisant passer pour le président Jacques Chirac, hospitalisé au même moment.
Dahan demande à Zizou que ses coéquipiers et lui mettent leur main sur le cœur pendant La Marseillaise, ce qu'ils ne faisaient pas d'habitude, pour réconforter le chef de l'Etat dans sa chambre d'hôpital. La supercherie marche (avouée le lendemain, elle fera le tour du monde) et la France l'emportera 1-0.
Mais contrairement aux Suisses, les Tricolores n'en ont pas fait une tradition.
Depuis que la Nati l'a adoptée, elle n'a jamais perdu dans le temps réglementaire (une seule défaite aux tirs au but en quart de l'Euro contre l'Espagne). On croise les doigts pour que la belle série se poursuive vendredi soir...