Le tournoi de Shanghai se transforme en enfer et soulève un gros problème
Décidément, c'est la météo qui fait la pluie et le beau temps au Masters 1000 de Shanghai. Déjà l'année passée, le tournoi chinois – joué à l'extérieur – avait subi d'incessantes précipitations, contraignant les organisateurs à s'adapter.
Leur plan B bricolé (terrains indoor avec le mur collé à la ligne de fond, panneau d'isolation du plafond qui s'effondre sur le court ou encore tableaux des scores mis à jour manuellement) avait d'ailleurs été la risée de la presse mondiale et des réseaux sociaux.
Cette année, ce sont la chaleur et l'humidité qui perturbent l'événement. Conséquence: ce dernier se dirige vers un triste record d'abandons. Il y en a déjà eu sept avant les huitièmes de finale. Sur les 312 Masters 1000 joués depuis leur introduction en 1990, «aucun n’avait vu une telle vague d’abandons aussi tôt dans la compétition», précise le média Tennis Temple.
📊 Avec déjà 7 abandons, l'édition 2025 de Shanghai est déjà le 6e Masters 1000 ayant subi le plus d'abandons ou de forfaits dans son tableau (sur 312 tournois disputés depuis 1990). Et le 3e tour n'est pas terminé. 👀
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) October 5, 2025
🚑 Shanghai 2009 : 9 ab. / WO
🚑 Madrid 2025 : 9 ab. / WO
🚑… pic.twitter.com/1inpXATPDg
Et alors qu'on est encore loin de la fin de ce tournoi (la finale aura lieu dimanche), ce Masters 1000 de Shanghai est d'ores et déjà le 5e tournoi de l'Histoire le plus décimé (abandons et forfaits avant le match) dans cette catégorie. La palme peu enviable revient à Madrid 2025 et... Shanghai 2009 (9 abandons/forfaits chacun).
Djokovic vomit, Medvedev fait peur à voir
Les conditions météo extrêmes actuellement dans la mégapole de l'est de la Chine, au bord du Pacifique, ont fait des victimes de choix: Casper Ruud a abandonné au 2e tour et, surtout, Jannik Sinner. Epuisé et perclus de crampes à la cuisse droite, l'Italien – vainqueur de l'Open d'Australie et Wimbledon cette année – a dû se retirer dans le troisième set de son 16e de finale contre Tallon Griekspoor, dimanche.
Le même jour, c'est un certain Novak Djokovic qui était aussi à deux doigts d'abdiquer. Le Serbe est venu à bout de Yannick Hanfmann, en trois manches et après 2h42 d'efforts, alors que les mesures indiquaient 30°C et près de 80% d'humidité. Le recordman de titres en Grand Chelem a vomi plusieurs fois pendant le match, au fond du terrain et vers son banc.
Les déboires de Djokovic en vidéo
Un fait extrêmement rare chez les tennismen, d'autant plus chez Djokovic qui, à 38 ans, est toujours l'un des joueurs les plus résistants physiquement du circuit. Après cette victoire, il a confié, dans des propos relayés par RMC Sport:
Le fort ralentissement des courts de Shanghai cette année, par rapport aux précédentes éditions, n'arrange rien aux galères physiques des joueurs: avec un court plus lent, les échanges deviennent plus longs et acharnés. De quoi aussi, forcément, rallonger les matchs (et la souffrance).
Une autre star est allée au bout d'elle-même lundi: Daniil Medvedev. Après son succès en 16e de finale contre Davidovich Fokina, le Russe a été l'acteur d'images inquiétantes. Il est allé s'effondrer sur son banc, d'abord grimaçant puis le regard vide pendant de longues secondes, la tête en arrière, en suffocant. Son t-shirt trempé de transpiration, au point de lui coller à la peau, témoigne de la fournaise sur le terrain.
Medvedev au bout de sa vie 📺
«Je n'ai jamais changé autant de t-shirts de ma vie! On dirait qu’après 40 minutes, on sort de la douche», a d'ailleurs avoué Lorenzo Musetti.
La colère de Rune et les démarches de l'ATP
Mais la déclaration fracassante quant à ces conditions de jeu dantesques est l'œuvre de Holger Rune. Le jeune Danois, pas réputé pour avoir la langue dans sa poche, a lâché au superviseur, pendant un temps mort médical dimanche suite à un coup de chaud:
Rune pointe ainsi du doigt une lacune du règlement de l'instance qui gouverne le tennis masculin. Reuters, qui s'est aussi intéressé au problème des conditions de jeu cette semaine à Shanghai, précise que la décision de suspendre le jeu en raison de la météo «incombe à un superviseur ATP sur place qui coordonne les équipes médicales ainsi que les autorités locales».
Autrement dit: l'arrêt ou le report d'un match est au bon vouloir du superviseur de l'événement, avec donc de potentielles différences de sensibilité d'un tournoi à l'autre. Contactée par Reuters, l'ATP fait savoir qu'elle n'est pas fermée à l'adoption d'un règlement en la matière et qu'elle planche dessus «en consultation avec les joueurs, les tournois et les experts médicaux».
Un peu de fraîcheur dans le règlement ferait du bien aux tennismen, d'autant qu'avec le réchauffement climatique, les conditions de cette semaine à Shanghai risquent de se retrouver de plus en plus sur le circuit.