L'année 2024 restera un souvenir amer pour le tennis suisse, même si l'équipe de Coupe Davis a validé ce week-end son billet dans l'élite, en battant le Pérou à Bienne.
Les Helvètes ont touché le fond du bac lors du dernier US Open: pour la deuxième fois seulement au cours des 30 dernières années, aucun Suisse, homme ou femme, n'a atteint le deuxième tour d'un tournoi du Grand Chelem.
Mais le capitaine de l'équipe de Coupe Davis, Severin Lüthi, ne dramatise pas la situation. Bien au contraire! L'entraîneur de longue date de Roger Federer a même fait cette déclaration surprenante:
Les chiffres appuient la thèse de Severin Lüthi. En 2017, la présence de Roger Federer et de Stan Wawrinka dans le top 10 masquait l'absence d'une base compétitive. En automne, après la retraite de Marco Chiudinelli, aucun autre Suisse ne figurait dans le top 450 du classement mondial. Lüthi avait alors déjà mis en garde face à ce problème.
Actuellement, la Suisse manque certes de joueurs de top niveau, mais entre le 124e rang mondial (Alexander Ritschard) et le 420e (Jakub Paul), on ne compte pas moins de onze Helvètes. Quatre d'entre eux sont âgés de 22 ans ou moins. Chez les femmes également, neuf Suissesses se trouvent dans ces positions au classement mondial.
Lüthi considère que la situation actuelle n'est qu'un instantané qui pourrait déjà être bien meilleur dans un an. Il rappelle qu'en 2023, grâce aux qualifiés, sept hommes et femmes suisses étaient présents dans le tableau principal de Roland-Garros et même huit à Wimbledon. Cette année, Leandro Riedi n'a échoué qu'au dernier tour des qualifications (après avoir même obtenu une balle de match) sur le gazon londonien. Tout comme Jérôme Kym à l'US Open, qui avait servi pour le match.
Il y a des explications – «pas d'excuses» toutefois, comme le souligne Severin Lüthi – à la baisse actuelle. La championne olympique et ancienne numéro 4 mondiale Belinda Bencic est absente en raison de sa maternité, mais elle souhaite revenir au plus tard l'année prochaine.
Céline Naef, qui a fait ses débuts en Grand Chelem il y a quatorze mois à Wimbledon, a certes stagné ces derniers temps, mais elle n'a que 19 ans. «On ne pouvait pas non plus s'attendre à ce qu'elle se hisse immédiatement dans le top 20 et atteigne les demi-finales d'un Grand Chelem», rappelle l'ex-coach de Federer.
Dans le tennis masculin suisse, les nombreuses blessures sont frappantes. Dominic Stricker, qui a percé l'année dernière en atteignant les huitièmes de finale de l'US Open, a manqué toute la première partie de cette saison à cause de problèmes de dos persistants. «Sinon, il serait certainement dans le top 100», imagine Lüthi.
De son côté, Leandro Riedi a remporté deux tournois Challenger jusqu'en juin, a atteint trois autres finales et était en route vers le top 100, mais il a dû mettre fin à sa saison la semaine dernière en raison de douleurs chroniques au genou.
Jérôme Kym montre actuellement à quelle vitesse les choses peuvent aller aussi dans l’autre sens. L’Argovien a fait ses débuts en Coupe Davis en 2019, peu avant son 16e anniversaire (ce qui en fait le recordman suisse de précocité). Mais les blessures ont ensuite entravé son développement.
Kym a manqué la deuxième moitié de l'année dernière en raison d'une opération du genou.
Chez les hommes, le Bâlois Henry Bernet (17 ans/ATP 943) et le Zurichois Flynn Thomas (16 ans) sont de jeunes talents prometteurs. En parlant de la situation actuelle, Severin Lüthi reste optimiste:
Et la plupart du temps, ce n'est qu'après cinq ou dix ans que l'on peut constater si le travail effectué avec la relève a été bon.
Le potentiel est donc là. En espérant maintenant que 2024 ne soit qu'un accident pour le tennis suisse, et non pas le début de la fin.
(ram/yog/sda)