Certains affirmaient que Rafael Nadal – victime de douleurs aiguës au pied gauche – annoncerait la fin de sa carrière dimanche à l'issue de la finale de Roland-Garros, qu'il a remportée face à Casper Ruud. C'était mal connaître l'Espagnol et son âme de combattant.
Au lieu de ranger sa raquette, il s'est rendu dès mardi à Barcelone pour entamer un nouveau traitement: la radiofréquence.
Quèsaco? «C'est une thérapie qui permet uniquement de réduire la douleur, mais en aucun cas de réparer son os du pied», pose d'entrée Patrick Vienne, spécialiste en chirurgie du pied et de la cheville à la clinique Hirslanden à Lausanne.
En d'autres termes, on anesthésie les nerfs qui transmettent la sensation – en l'occurrence la douleur – pour éviter que celle-ci ne se diffuse.
Il existe deux manières de faire chauffer les électrodes: «La première est la radiofréquence pulsée. Il s’agit d’impulsions d’environ 20 millièmes de seconde chacune, à haute intensité, entrecoupées de "pauses" de 0,5 seconde», détaille Patrick Vienne. «C'est la technologie la plus récente et celle qui abîme le moins les tissus, parce qu'ils peuvent se reposer entre deux impulsions. La température monte à 40°C.»
Elle suffit à nécroser les nerfs, le but recherché, sans toutefois les faire disparaître. «Les fibres peuvent toujours se régénérer une fois le traitement terminé», précise l'expert.
Just two days after winning Roland Garros Nadal (@RafaelNadal) is already on crutches after getting his first ablation therapy in Barcelona. | #Tennis pic.twitter.com/ZsdCxiKq72
— GemBet (@Gem88io) June 8, 2022
La seconde manière est la radiofréquence continue: les impulsions sont données non stop dans les électrodes pendant deux à trois minutes, créant une température entre 60 et 80°C. La finalité est la même que celle de la première méthode – choisie par Rafael Nadal et ses médecins – mais elle crée des lésions plus importantes aux nerfs traités à cause de sa plus forte chaleur.
La durée totale d'une séance de radiofréquence? Environ 30 minutes. Elle se fait en général chez un radiologue, sous échographie. «Les effets d'une seule session sont perceptibles très rapidement et durent deux à trois semaines», observe Patrick Vienne. Il s'agit ensuite de répéter les séances jusqu'à l'atténuation maximale de la douleur.
Le chirurgien orthopédique lausannois est très optimiste par rapport à cette thérapie:
L'expert explique que le traitement peut être complété par des infiltrations, comme l'Espagnol en a pratiqué durant Roland-Garros pour anesthésier son pied.
Même s'il reconnaît les bienfaits de la méthode, Patrick Vienne tient à préciser: «C'est une thérapie spécifique pour un sportif de haut niveau, qui doit retrouver sa compétitivité très vite. On ne la conseillerait jamais à une personne "lambda" qui souffrirait de la même pathologie que Nadal. Ce n'est pas idéal de traiter ainsi le pied si on pense à l'après-carrière».
Selon le médecin vaudois, c'est la dernière chance de l'Espagnol pour continuer à jouer à ce niveau. «Les docteurs pourraient bloquer son articulation. Ce ne serait pas un problème pour sa mobilité sur le terrain, mais il risquerait de trop solliciter d'autres articulations pour compenser», balaie-t-il.
Une chose est certaine: Rafael Nadal ne veut plus continuer à jouer sous infiltrations, comme il l'a fait à Paris. Cette solution temporaire pendant les matchs n'est pas vivable au quotidien. Il racontait qu'il ne pouvait «pratiquement plus marcher» une fois arrivé à l'hôtel après son deuxième tour contre Corentin Moutet.
Le recordman masculin de titres en Grand Chelem a affirmé sa volonté de jouer à Wimbledon (27 juin au 10 juillet) si son corps le permet. Le cas échéant, il viserait un 23e sacre en Majeur, à un trophée du record absolu détenu par Margaret Court.