Les applaudissements sont longs et intenses dans le Kornhauskeller de Berne et visiblement, le conseiller fédéral Albert Rösti s'en réjouit. Les acclamations font suite à son discours d'ouverture du colloque de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) du mardi 16 mai sur «l'adaptation au changement climatique». Cinquante projets sont présentés afin d'atténuer les effets de la crise climatique.
L'intervention de Rösti devant des experts du climat de la Confédération, des cantons, des communes et des milieux scientifiques était attendue avec impatience. En tant que politicien UDC, qui se bat contre la loi sur la protection du climat, il se trouve en terrain hostile.
Pourtant, Rösti s'en sort bien. Il parle de protection et de «sécurité pour les personnes et leurs biens» contre les inondations, les glissements de terrain ou les éboulements. Des points qui lui tiennent à cœur.
Malgré les applaudissements soutenus, il y a de la tension dans l'air. Après à peine cinq mois de mandat, il est de plus en plus clair que Rösti déplace parfois massivement les priorités de son département: l'énergie, la sécurité (en matière d'électricité, d'alimentation et contre les conséquences climatiques) et les autoroutes gagnent en importance. La biodiversité, la réduction du CO2, la crise climatique et les transports publics perdent du terrain.
Il comprend très bien que cela puisse générer de la frustration et de l'incertitude.
«Du point de vue des mentalités, il y a un remaniement majeur au Detec avec Albert Rösti», analyse le conseiller national PLR Kurt Fluri, également président de la Fondation pour la protection et l'aménagement du paysage.
La biodiversité, c'est-à-dire la diversité des espèces et des écosystèmes, semble fortement touchée par la nouvelle orientation de Rösti. Selon les initiés, Rösti accorde nettement plus de poids aux intérêts des agriculteurs qu'à la diversité des espèces. «En matière de biodiversité, plus rien ne vient du Detec depuis que Rösti est chef du département», déclare Aline Trede, cheffe du groupe parlementaire des Verts.
Le 8 juin déjà, il y aura un indicateur à ce sujet. L'initiative sur la biodiversité sera alors soumise au Conseil des Etats.
La politique climatique avec la «décarbonisation», le passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, devrait également avoir plus de mal sous Rösti. Lors du forum, Rösti n'a prononcé qu'une phrase à ce sujet: «La réduction du CO2 est une tâche». Le «mais» a suivi:
Il semble que Rösti évite autant que possible les termes de crise climatique et de réduction du CO2. Il préfère parler de politique énergétique et de la protection contre les catastrophes naturelles.
Il était déjà clair auparavant que Rösti misait sur l'élargissement à six voies de l'autoroute A1 entre Lausanne et Genève et entre Zurich et Berne. Le 17 mars, le conseiller national UDC Erich Hess avait déposé une motion dans laquelle il demandait cette mesure. Deux mois plus tard seulement, le Conseil fédéral a répondu positivement à la motion. Le Conseil national se prononcera sur le sujet au début de la session d'été. La situation est plus difficile pour les transports publics.
Alors que l'Office fédéral des routes (OFROU) est provisoirement avantagé par la direction du nouveau chef de département, l'incertitude est surtout perceptible à l'Office fédéral de l'environnement. C'est là que se jouent la politique climatique et la biodiversité. «Je peux très bien comprendre qu'il y ait une certaine insécurité», déclare le conseiller national UDC Christian Imark.
Les associations environnementales et les parlementaires de gauche veulent des améliorations. Le WWF espère «que le ministre de l'Environnement Rösti prendra la crise de la biodiversité au sérieux et s'engagera à atteindre les objectifs convenus au niveau international». Et la cheffe du groupe des Verts, Trede, déclare:
Les initiés doutent que Schneeberger puisse et veuille le faire, bien qu'elle ait apparemment un bon contact avec Rösti. Le conseiller fédéral est en effet considéré comme très ouvert. On dit qu'il est possible de discuter avec lui à tout moment et dans de bonnes conditions.
L'incertitude qui règne au sein de l'office est sans doute aussi liée au fait que Rösti a nommé Yves Bichsel, un partisan de la ligne dure de l'UDC, au poste de secrétaire général. Lors des séances de commission, on a remarqué que les experts de l'OFEV se taisaient en présence de Rösti, alors qu'ils répondaient volontiers aux questions en temps normal. Il était également surprenant que des membres du Parlement aient discuté avec l'administration d'un mandat d'examen pour une révision de la loi, que celle-ci a soudainement recommandé de rejeter par la suite.
A l'OFEV, on estime officiellement que la collaboration avec Rösti est «très professionnelle, comme il est d'usage avec les conseillers fédéraux». Le porte-parole Robin Poëll souligne: «L'OFEV sent que le conseiller fédéral Rösti accorde une grande importance à l'adaptation au changement climatique».
Et que dit Albert Rösti lui-même? Le changement de rôle de conseiller national à conseiller fédéral joue «évidemment» un rôle dans certains thèmes, souligne-t-il auprès de CH Media.
En ce qui concerne les agriculteurs et la biodiversité, il dit: «Bien sûr, les agriculteurs sont importants, comme les autres. Heureusement. C'est très important pour notre sécurité alimentaire.» La protection de la biodiversité est également nécessaire pour les paysans. «Mais il faut l'aménager de manière à ce que les paysans puissent quand même produire.»
Un conseiller fédéral doit toujours peser le pour et le contre. Il ne peut «jamais plaire à tout le monde», résume Rösti. Et d'ajouter à titre d'exemple:
(Traduit et adapté par Nicolas Varin)