Berne adopte une solution radicale après le fiasco du Vreneli en or
Plusieurs fois par an, la Monnaie fédérale suisse (Swissmint) émet des pièces de collection qu'elle frappe pour une occasion particulière et qu’elle vend dans sa propre boutique en ligne. Ces pièces sont fabriquées en métaux précieux, tels que l’or, l’argent ou le platine et proposées en édition limitée au prix de production. La demande dépasse généralement largement l’offre, ce qui mène à une forte hausse des prix sur le marché secondaire, comme le rapporte Tamedia.
Le Vreneli d'or sème le chaos
Début juillet 2025, Swissmint a mis sur le marché 2500 exemplaires du «100 ans du Vreneli de 100 francs», une pièce particulièrement convoitée. Il était possible d’acheter l’un de ces Vreneli dans la boutique en ligne de Swissmint pour 3500 francs. Sur Ricardo, ils se négocient actuellement entre 12 000 et 25 000 francs.
Mais la vente ne s’est pas déroulée comme prévu: 45 minutes avant le début officiel, la boutique en ligne a été submergée par l’afflux de demandes. Lorsque le système a été rétabli, toutes les pièces étaient déjà épuisées. Des centaines de collectionneurs sont restés bredouilles.
De plus, la panne a entraîné un affichage temporairement incorrect du stock, indiquant un nombre trop élevé de pièces disponibles. Environ 150 pièces ont donc été vendues alors qu’elles n’existaient pas. Swissmint a dû annuler ces commandes. Les clients concernés ont déposé plainte auprès du Ministère public de la Confédération (MPC), soupçonnant une manipulation volontaire de la boutique en ligne. Le MPC a examiné l'affaire, mais a classé la procédure sans suite.
Suite à cet afflux exceptionnel, les employés de Swissmint et de l’Administration fédérale des finances (AFF), dont Swissmint dépend, ne peuvent plus acheter certaines monnaies spéciales. Le porte-parole de l’AFF, Michael Girod, précise toutefois que cette interdiction ne concerne pas toutes les ventes: l’achat de monnaies spéciales «normales» reste autorisé pour un usage personnel.
En effet, les employés de la Confédération ont été régulièrement accusés de bénéficier d'un accès privilégié leur permettant d'acquérir les fameuses pièces plus facilement. Berne a toujours assuré que ce n'était pas le cas.
Le directeur de Swissmint a vendu un Vreneli
Mais un cas concret survenu en 2022 a mis le feu aux poudres: Ronnie Mocker, le directeur de Swissmint, avait vendu sous le pseudonyme «Ronnie_75» une pièce achetée 800 francs pour 2500 francs.
Ronnie Mocker avait affirmé dans le Blick qu’il n’avait enfreint aucune loi ni directive interne. Il avait toutefois reconnu que son comportement pouvait envoyer un mauvais signal. Il avait reversé le bénéfice d’environ 1 700 francs à la Ligue contre le cancer. Son employeur ne lui avait imposé aucune sanction disciplinaire supplémentaire.
Une mise aux enchères ou une vente en ligne?
La Confédération doute désormais que le principe actuel du «premier arrivé, premier servi» soit encore approprié. Elle envisage donc un système d’enchères pour les futures ventes. Mais les collectionneurs ayant un petit budget n'auraient pratiquement plus aucune chance d'acquérir des pièces exclusives.
Aucune décision n’a encore été prise. Mais il faudra trouver une solution d’ici la prochaine mise en vente d’une pièce spéciale en édition limitée, similaire au «100 ans du Vreneli de 100 francs». (fak)
Traduit de l'allemand par Anne Castella
