La lettre envoyée le 26 septembre par l'UDC et le PLR se voulait très claire. «L'évolution des finances fédérales est inquiétante», écrivaient les deux partis dans l'invitation adressée au Centre et au PVL pour une alliance commune en faveur des économies. C'est pourquoi l'UDC et le PLR souhaitent «une démarche aussi commune que possible» pour alléger le budget de la Confédération.
Les deux partis soulignaient dans leur lettre que l'assainissement ne devait se faire que par le biais des économies, «sans nouvelles recettes, impôts ou taxes». La lettre était signée par le président de l'UDC Marcel Dettling et le président du PLR Thierry Burkart ainsi que par les chefs de groupe.
Pourtant, un élu PLR vient de briser le tabou. Lors de la séance de la Commission de la politique de sécurité de jeudi, le conseiller aux Etats Josef Dittli veut présenter une proposition d'augmentation temporaire de la TVA afin que l'armée obtienne plus rapidement plus d'argent. La droite veut que son budget atteigne 1% du produit intérieur brut dès 2030 et non pas seulement en 2035, comme cela avait été décidé initialement.
Cela permettrait à l'armée d'augmenter son budget de 10 milliards au total. La question du financement n'est pas encore réglée. Pour l'instant, il ne s'agit «que» de 4 milliards. Le Parlement a déjà décidé d'augmenter l'enveloppe budgétaire de 25,8 à 29,8 milliards de francs pour l'armée de 2025 à 2028.
Dans sa proposition, Dittli propose la stratégie suivante pour trouver les 4 milliards nécessaires:
Les milliards supplémentaires générés devraient être intégralement affectés aux dépenses d'armement.
La proposition de Dittli est composée de manière politiquement intelligente. Elle se base sur une partie du contre-financement décidé par le Conseil national lors de la session d'automne. Le Conseil national veut également économiser dans l'armée et dans l'aide au développement. Dittli combine ces idées d'économie avec une proposition du conseiller aux Etats du centre Benedikt Würth.
Ce dernier avait demandé dans une motion «1% de sécurité» pour l'armée et l'AVS: la TVA devait être augmentée de 0,4% pour l'armée et de 0,6% pour l'AVS, pour une durée limitée à cinq ans.
Dittli souligne qu'il soutient certes «à 100%» le paquet d'économies du Conseil fédéral. Celui-ci veut économiser 3,5 milliards de francs à partir de 2027. Mais il n'est pas réaliste de vouloir économiser quatre milliards supplémentaires pour l'armée:
Pour cela, il n'y a que deux variantes, souligne le conseiller aux Etats de droite:
Le président du PLR, Thierry Burkart, ne devrait pas être très favorable à la demande de Dittli. Le 7 septembre, Burkart a déclaré au micro de la SRF que le réarmement de l'armée pourrait être financé uniquement par des mesures d'économie si toutes les propositions d'économies du groupe d'experts étaient mises en œuvre. Le PLR se battra pour cela.
Mais si cela ne devait pas suffire, Thierry Burkart laisse la porte entrouverte:
C'est ce qu'il a déclaré avant même d'avoir signé la lettre pour une alliance d'économies. Dans l'interview accordée à la Schweiz am Wochenende de samedi, Burkart s'est montré moins ouvert:
Avant Dittli, un autre radical avait déjà évoqué l'idée d'augmenter les recettes pour donner plus d'argent à l'armée. L'idée du conseiller national Simon Michel d'augmenter temporairement les impôts des entreprises n'a toutefois pas suscité beaucoup d'enthousiasme.
Le conseiller aux Etats Dittli sait «que tous les membres du groupe PLR ne seront pas contents» de sa proposition, mais:
Il reçoit le soutien du conseiller aux Etats du centre Erich Ettlin. Celui-ci a affirmé après le débat au Conseil national: «Sans recettes supplémentaires, ça ne fonctionnera pas».
Traduit et adapté par Chiara Lecca