Attention à cette arnaque aux (faux) faux billets en Suisse
L'arnaque au «faux neveux» est désormais connue et ne cesse d'inquiéter. Un appel téléphonique est passé à une personne âgée, souvent une femme, au sujet d'un proche tombé dans une situation d’urgence, lequel nécessite de façon immédiate une importante somme d’argent, par exemple pour payer une caution.
Mais certains escrocs savent faire preuve d'imagination. Deux d'entre eux ont développé une nouvelle tactique grâce à laquelle ils sont parvenus à soutirer 18 000 francs à Elisabeth, une Argovienne alors âgée de 80 ans. En 2023, ils étaient également parvenus à dépouiller de 14 500 francs Martha, dix ans plus âgée, vivant dans un EMS zurichois.
Une approche efficace
Les deux dames avaient d’abord été appelées par un prétendu employé de leur banque, puis par un faux policier. L'homme les avait alors informées que des billets provenant de leur compte bancaire étaient soupçonnés d'avoir été falsifiés, et qu'il fallait les vérifier immédiatement.
Pour ce faire, il était nécessaire de remettre à une messagère une enveloppe contenant les montants dictés par le faux policier. Quelques heures plus tard, les deux femmes âgées avaient suivi les instructions et remis à une jeune femme deux enveloppes bien remplies; l’une à la porte de son appartement, l’autre directement dans sa maison de retraite.
Des instructions par WhatsApp
Lundi, en Argovie, cette jeune messagère a dû répondre, devant la présidente du tribunal Isabelle Stieger, des accusations d’escroquerie multiple et de blanchiment d’argent. Tanja, 32 ans, mince, élégante, joliment vêtue, les cheveux teints en blond, vit avec son mari et leurs deux enfants dans un canton voisin.
Elle a raconté que, lorsque son mari a voulu se mettre à son compte, elle a cherché, en plus de son activité professionnelle, un emploi accessoire.
Elle était alors tombée sur une petite annonce pour une activité de coursière. Comme l’a expliqué le mari de Tanja, cité comme témoin, son épouse recevait des missions par WhatsApp, mais celles-ci avaient presque toujours été annulées à la dernière minute, à l’exception des deux opérations précitées.
Un problème de mémoire et des regrets
Tanja, pour sa part, ne se souvient pas quand elle avait reçu les missions, seulement qu’elle s’était rendue une fois en Argovie et la deuxième fois à Zurich.La dame en Argovie lui avait remis l’enveloppe sans dire un mot, tandis que celle de la maison de retraite avait demandé si elle venait de la police ou du ministère public.
L'accusée a expliqué:
Répondant à la présidente du tribunal qui lui a demandé comment elle se sentait en s'exécutant, Tanja a répondu de façon claire:
Elle a affirmé n’avoir jamais entendu parler de faux policiers ni avoir vérifié ce que contenaient les enveloppes, car, dans son activité professionnelle, cela était strictement interdit.
Acquittement et condamnation
Le procureur a requis une peine de 10 mois d'emprisonnement avec sursis de deux ans et une amende de 2000 francs. L'avocat de la défense a plaidé l'acquittement.
Le tribunal a acquitté Tanja concernant le cas d'Elisabeth. L'octogénaire, qui souffre encore psychiquement de ce qu’elle a vécu, avait été entendue au début de la procédure en tant que témoin. La juge a expliqué:
La présidente a en revanche reconnu Tanja coupable dans le cas de Martha, et l’a condamnée à une peine de cinq ans de prison avec sursis et à une amende de 1500 francs.
La juge a déclaré:
Traduit de l'allemand par Joel Espi
