Genève s'est fait devancer par Bâle pour l'organisation de l'Eurovision en 2025. Les milieux économiques et politiques expriment leur déception, mais qu'en est-il de la population? watson a arpenté les rues genevoises pour glaner des impressions ici et là.
9h55, les camions de livraison se pressent devant les magasins de la rue de la Confédération entre Bel-Air et Mollard, nous croisons Eva qui travaille dans un petit commerce. Sait-elle qu'il reste cinq minutes avant la décision finale du concours de l'Eurovision? La jeune femme sourit et nous répond avec étonnement qu'elle n'en avait aucune idée.
Eva regarde l'Eurovision en famille «depuis toute petite», la victoire de Nemo l'avait enthousiasmée, mais le choix de la ville hôte n'est pas un enjeu important à ses yeux. Peu au fait de la décision et de l'impact qu'aurait pu avoir l'événement sur sa ville, la Genevoise n'est pas déçue pour autant:
Au détour de la place du Molard, Teresa, genevoise d'origine portugaise, nous explique que l'Eurovision est une passion familiale et qu'elle regarde le concours chaque année avec des amis. Ira-t-elle assister au spectacle à Bâle? Pas sûr. «J'ai l'habitude de voir le show à la TV et je n'ai jamais envisagé d'aller sur place, mais vous venez de me donner une idée», ajoute Teresa.
La nouvelle de la nomination de la ville hôte de l'Eurosong 2025 n'a pas suscité d'engouement auprès des personnes que nous avons croisées. Nous nous arrêtons dans une boutique où nous engageons la conversation avec Chaïda, 29 ans. La réaction est similaire à celle d'Eva, léger étonnement concernant l'enjeu, mais cette fois-ci, on note une pointe de déception:
Chaïda en «bonne Genevoise» ajoute qu'elle aurait préféré que sa ville soit au centre de l'attention, mais que les projecteurs seront de toute manière «tournés vers la Suisse», même son de cloche pour Sofia, son amie, qui se dit déçue que «sa ville» n'ait pas été choisie, mais «tant que c'est en Suisse, c'est parfait», ajoute-t-elle avec un grand sourire.
Nous continuons notre récolte d'impressions loin d'être exhaustives. Au Martel chocolaterie, à la rue de la Croix- d'or 4, nous nous approchons de la gérante Stéphanie, qui tient à préciser qu'elle n'est pas Genevoise. Elle est perplexe face à nos questions: «c'est qui qui a gagné l'Eurovision?» demande-t-elle à l'un de ses serveurs.
Autant dire qu'à ses yeux, le choix de la ville hôte importait peu. A quelques mètres du Martel, nous engageons la conversation avec Franck, employé de la boucherie du Mollard, qui nous explique que l'Eurovision est devenue «un show trop dénudé et trop provocateur», mais qu'il aurait quand même apprécié que Genève ait la chance d'organiser le concours.
Nous décidons de nous installer dans un café à la place du Bourg-de-Four, en vieille ville. «Vous savez, on est tous français ici, on n'avait aucune idée de cette histoire d'Eurovision», lance un employé.
Décidément, pas de suspense. Assis à côté de nous, Jean-Marc, boit sa bière en lisant les infos sur son portable, a-t-il vu passer le choix du concours de l'Eurovision? «Oui, je viens de lire l'article, la ville est déçue, il paraît». Il poursuit, «Je pense que vouloir organiser l'Eurovision n'était pas la meilleure idée pour Genève, car c'est un événement unique qui nécessite un certain investissement». Et son analyse est aussi affirmée qu'implacable:
L'homme qui travaille dans le secteur bancaire s'inquiète plus de la pérennité du salon de l'aviation d'affaires que de la décision du concours de l'Eurovision. «Tous ces événements ont un plus grand rayonnement que l'Eurovision, car ils sont récurrents», raconte-t-il, «mais je comprends que le canton aurait voulu l'organiser, cela reste une belle publicité» conclut-il sans grande conviction.
La place se remplit peu à peu de touristes et nous décidons de prendre un café devant le palais de justice. L'Eurovision 2025 aura lieu à Bâle et autant dire que les Genevois rencontrés ne sont pas fâchés pour autant.