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Lionel Dugerdil doit faire gagner l'UDC à Genève

Le candidat Lionel Dugerdil UDC, s'exprime a l'occasion des resultats au premier tour de l'election complementaire d'un membre du Conseil d'Etat genevois, sur le plateau TV de ...
Lionel Dugerdil, Genève, 28 septembre 2025.Image: KEYSTONE

«Un leader» ou «une supercherie»? Il doit faire gagner l'UDC à Genève

Arrivé deuxième derrière le Vert Nicolas Walder au premier tour de l'élection complémentaire du Conseil d'Etat genevois, le 28 septembre, l'UDC Lionel Dugerdil porte les espoirs de son parti, qui pourrait faire une entrée historique au gouvernement cantonal le 19 octobre. «Candidat du repli» pour les uns, «le bon sens fait homme», pour les autres, voici son portrait de campagne.
07.10.2025, 18:5411.10.2025, 14:11

Lionel Dugerdil a fait rugir le camp adverse en effaçant le nom de l’UDC de la liste sur laquelle il se présentera le 19 octobre au second tour de l’élection complémentaire du Conseil d’Etat genevois. Il y affrontera le Vert Nicolas Walder, porteur des couleurs de la gauche.

«Supercherie»

«Lionel Dugerdil est l’homme d’un programme, celui de l’UDC. Or, par opportunisme et pour ne pas effrayer l’électorat de la droite modérée, il camoufle sa réelle appartenance politique et va jusqu’à gommer qu’il est le président de l’UDC du canton de Genève», fustige le président de Parti socialiste genevois, Thomas Wenger, qui parle de «supercherie».

L’UDC continue de sentir le souffre à Genève. Le parti cantonal n’existe que depuis 1992 et le vote cette année-là sur l’adhésion – plébiscitée par les Romands, rejetée par les Alémaniques – de la Suisse à l’Espace économique européen. Cette formation historiquement europhobe fut celle du rappel à l’ordre chez des francophones tentés par l’aventure bruxelloise. L’accession de Lionel Dugerdil à la tour Baudet, siège du Conseil d’Etat, serait pour le parti national-conservateur une manière d’achever localement sa métamorphose, ou son entrisme, diront ses contempteurs.

«Une révolution copernicienne»

«Ce serait une révolution copernicienne», s’enthousiasme Vincent Schaller, conseiller municipal UDC de la Ville de Genève, pour qui sa formation politique «a trop longtemps été snobée». Mauro Poggia, l’ex-conseiller d’Etat genevois MCG, aujourd’hui sénateur à Berne, estime quant à lui que «ce serait l’occasion pour l’UDC de faire ses preuves au gouvernement cantonal». S’agissant du candidat, relativement novice en politique, Mauro Poggia l’assure: «La fonction révèle l’homme.»

«L’un des atouts de Lionel Dugerdil, c’est l’intérêt qu’il porte à la sécurité, un sujet qui intéresse peu la gauche»
Mauro Poggia , MCG

Le parti a-t-il trouvé en Lionel Dugerdil l’homme idéal pour percer la muraille de l’exécutif cantonal? Vincent Schaller veut le croire:

«Il a le bon sens d’un homme de la campagne, de la terre. Il a une gentillesse et une bienveillance naturelles que personne ne conteste. Sa désignation à la tête du parti cantonal en 2023, l’année où il fut élu au Grand Conseil, fut comme une évidence. On peut même dire qu’on a de la chance à l’UDC d’avoir un homme comme lui.»
Vincent Schaller, UDC

Duel serré en vue

La course est ouverte et le duel sera serré. Telle est la donne à l’approche du 19 octobre, date du second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat genevois, qui fait suite à la démission de l’écologiste Antonio Hodgers. Arrivé en tête du premier tour du dimanche 28 septembre avec 29,6% des voix, Nicolas Walder, qui bénéficie du soutien des gauches socialiste et radicale, a pour mission de sauver l’unique siège des Verts au gouvernement. Face à lui, Lionel Dugerdil, deuxième du premier tour avec 24,6% des voix, part au combat avec l’appui du PLR, du MCG et de personnalités du Centre et des Verts’libéraux. Il sera peut-être celui qui fera entrer pour la première fois l’UDC au gouvernement cantonal.

«Les raisins de la colère»

Entré en politique en 2019 en meneur des «raisins de la colère», un mouvement dénonçant la concurrence des vins étrangers bon marché, ce patron-viticulteur spécialisé dans le bio, aujourd’hui âgé de 44 ans, adhère assez logiquement l’année suivante à l’UDC, la maison-mère du protectionnisme tendance patriote.

C’est certain, le choix de Lionel Dugerdil, marié, père de quatre enfants, serait un coup de tonnerre dans le ciel genevois, d’autant plus que l’élection à venir met aux prises deux hommes aux visions radicalement opposées sur beaucoup de choses, mais, ironie de la situation, peut-être assez proches sur l’écologie.

Coup d'arrêt à la mondialisation?

Son arrivée au Conseil d’Etat pourrait être alors interprétée comme la volonté des Genevois de marquer, sinon un coup d’arrêt, du moins une pause dans la mondialisation d’un canton tourné vers l’international. Cela ne déplairait pas à Vincent Schaller:

«L’ADN de Genève est indéniablement l’ouverture, sauf que les habitants du canton souffrent de plus en plus de cette ouverture. L’accès au logement est toujours plus difficile, le trafic routier toujours plus important et la pression à la baisse sur les salaires toujours plus forte.»
Vincent Schaller, UDC

«Le candidat du repli»

L’opposition de gauche tire la sonnette d’alarme. La conseillère nationale écologiste genevoise Delphine Klopfenstein Broggini, qui siège à Berne en compagnie de Nicolas Walder, décrit Lionel Dugerdil comme «le candidat du repli».

«La politique de son parti, l’UDC, est basée sur des logiques isolationnistes et coupée de nos pays voisins»
Delphine Klopfenstein Broggini, Les Verts

Le patron du PS Thomas Wenger partage cet avis. Preuves en sont selon lui les décisions du parti conservateur au législatif cantonal:

«Au Grand Conseil, l’UDC a refusé en février dernier (réd: de même que les partis MCG et Libertés et justice sociale) de voter la loi pour permettre une aide immédiate de 10 millions de francs accordés aux ONG, puis en juin l’UDC a encore refusé de voter la loi pour créer une fondation dotée de 50 millions en soutien à la Genève internationale, menacées par le désengagement budgétaire de l’Amérique de Donald Trump à l’endroit du multilatéralisme.»
Thomas Wenger, PS

«Il met en danger le développement de Genève»

Voter Lionel Dugerdil serait contraire aux intérêts du canton, selon Thomas Wenger: «En se positionnant contre les bilatérales III, définies comme traité colonial par l’UDC, Lionel Dugerdil et son parti mettent en danger le développement social et économique du canton de Genève, ce qui place le candidat de l'UDC en contradiction sur ce sujet majeur avec le PLR et Le Centre.»

Mauro Poggia, dont le parti soutient Lionel Dugerdil dans sa course au Conseil d’Etat, valide la contradiction:

«Une opinion pas forcément béate sur l’Europe au sein du collège gouvernemental ne serait pas un mal»
Mauro Poggia, MCG

Delphine Klopfenstein Broggini n’entend pas prendre ce sujet à la légère:

«Derrière le rapport à Europe, il y a le rapport à l’autre, à l’étranger, or la politique de l’UDC porte entre autres sur l’initiative Pour une Suisse à 10 millions d’habitants, soit un texte raciste et xénophobe.»
Delphine Klopfenstein Broggini, Les Verts

Quand Delphine Klopfenstein Broggini affirme que «le programme de l’UDC, le parti de Monsieur Dugerdil, ne correspond pas aux attentes de la population genevoise, de la classe moyenne, mais aussi des ménages à bas revenus confrontés à la hausse des loyers et des primes d’assurance maladie», l’UDC et ses alliés n'en croient rien et préfèrent mettre en exergue la personnalité de leur candidat.

«Il a les qualités d’un leader et des positions réfléchies»

«Il a les qualités d’un leader, d’un chef d’entreprise, une force de travail, du caractère, il est opiniâtre. Il a le sens des responsabilités individuelles et collectives», enchaîne Vincent Schaller. Là où ses adversaires le décrivent comme pouvant se montrer impulsif, citant une vieille embrouille avec un promeneur qui traversait un jour sa propriété vigneronne, Vincent Schaller souligne au contraire «ses prises de positions toujours mûrement réfléchies et le soin qu’il prend à écouter tout le monde au sein du parti».

«Il me fait penser à Adolf Ogi»

Mauro Poggia, l’homme du surplomb, dont on se dit qu'il aurait pu rester conseiller d'Etat à vie, s’il partage avec Nicolas Walder «son engagement pour la cause palestinienne», votera «pour Lionel Dugerdil», «quelqu’un de pragmatique, proche des milieux économiques, un UDC sachant arrondir les angles, qui me fait un peu penser à Adolf Ogi». Il est des comparaisons moins avantageuses: l’UDC de l’Oberland bernois est sans doute le conseiller fédéral le plus populaire de ces cinquante dernières années. Attention à ne pas porter l’œil au vigneron genevois!

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