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Justice

WEF Davos: un policier viré pour des avances envers sa collègue

Des policiers en intervention lors du WEF à Davos. (illustration)
Des policiers en intervention lors du WEF à Davos. (illustration)keystone

Un policier viré pour avoir voulu payer sa collègue pour 30 minutes de sexe

Un agent de la police municipale de Zurich avait été licencié pour des propositions indécentes envers une collègue nettement plus jeune que lui lors du Forum économique de Davos. Le Tribunal fédéral vient de statuer sur cette affaire.
04.12.2025, 16:5004.12.2025, 16:50
Kari Kälin / ch media

En janvier, lorsque les grands et puissants tiennent leur réunion au Forum économique mondial à Davos, le dispositif de sécurité passe en alerte maximale. Un imposant contingent de militaires et de policiers veille à ce que chefs d’Etat, dirigeants économiques et célébrités puissent respirer l’air des hauteurs grisonnes sans danger.

C'est dans ce cadre international et glamour que s'est produit un épisode peu glorieux le 17 janvier 2024. En pleine opération, un membre de la police municipale de Zurich, alors âgé de 58 ans, a demandé à une collègue de 21ans si elle accepterait de «le faire» pendant une demi-heure en échange de 300 francs.

La jeune femme, qui n’était entrée au service de la police municipale que depuis peu, avait refusé. Le policier avait alors insisté et porté son offre à 1000 francs. Après un second refus, il avait ajouté que d’autres l’avaient déjà fait pour moins cher que ça. La policière s’était sentie traitée comme une prostituée et avait alerté sa hiérarchie.

Cette proposition avait conduit un mois plus tard au licenciement immédiat du policier, après 36 ans passés au sein de la police municipale zurichoise. L'homme n’avait pas nié avoir tenu ces propos. Selon le tribunal administratif zurichois, il n’avait toutefois montré aucun signe de remise en question.

Il réclamait sept ans de salaire

Lors du premier interrogatoire, le quinquagénaire avait affirmé que son erreur avait été de ne pas demander à sa collègue de ne pas s’adresser à ses supérieurs. Il estimait avoir parlé de manière générale, sans demander explicitement un rapport sexuel avec lui. Il jugeait aussi que les sujets à caractère sexuel avaient leur place dans les discussions d’équipe. Pour compenser son départ forcé du corps de police, il réclamait sept ans de salaire, soit environ 800 000 francs.

Le tribunal administratif zurichois avait rejeté cette demande. L'institution avait estimé que des sanctions plus légères, comme un licenciement ordinaire, n’auraient pas permis de réparer la relation de confiance détruite entre employeur et employé. Le licenciement immédiat était une mesure dure, mais proportionnée, la faute étant grave. A cela s’ajoutait le fait que le policier s’était déjà fait remarquer par des propos déplacés.

L’homme a contesté son renvoi jusqu’au Tribunal fédéral. Mais les juges de Lausanne ne sont pas entrés en matière. Motif: le policier n’a pas suffisamment expliqué en quoi le licenciement immédiat aurait été injustifié. Il est le seul employé de la police municipale de Zurich à avoir perdu son poste pour harcèlement sexuel ces dix dernières années.

Des blagues salaces

Selon le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes, il n’existe pas de données sur la fréquence de ce phénomène dans les corps de police suisses. Dans un rapport publié en 2024 sur la police cantonale de Bâle-Ville, après des entretiens menés au sein des équipes, le professeur de droit constitutionnel Markus Schefer était toutefois arrivé à la conclusion que certains policiers utilisaient «un langage imprégné de connotations sexuelles qualifiant les femmes par une terminologie parfois grossière pour désigner les organes génitaux féminins». Certaines femmes avaient aussi rapporté des agressions sexuelles.

De manière générale, dans le quotidien professionnel helvétique, les femmes, les jeunes employées, les personnes en formation ou celles travaillant en horaires de nuit ou en équipes sont les plus exposées au harcèlement sexuel. C’est ce que montre une étude publiée il y a un an et réalisée par le bureau Bass sur mandat de la Confédération.

Selon celle-ci, 30% des employés ont vécu au moins une situation potentiellement gênante au cours des 12 derniers mois et, sur l’ensemble de la vie professionnelle, un peu plus de la moitié. Les blagues et remarques stupides sont les plus répandues. Des formes d’extorsion sexuelle ou des agressions ont été vécues au cours de toute leur carrière par 1,7% des femmes et 1,3% des hommes. Un employé sur dix dit avoir fait face à des propositions telles que celle faite à la policière lors du Forum de Davos.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

Les mugshots Lego de la police de Murrieta
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Les mugshots Lego de la police de Murrieta
source: facebook/murrieta police department
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