Suisse
Migros

Migros pourrait faire très mal à ce secteur des CFF

Ein SBB Cargo Lok steht auf der Nebengleis als ein SBB Personen Zug vorbei Fahrt am 9. Mai 2018 in Effingen..(KEYSTONE/Gaetan Bally) (KEYSTONE/GAETAN BALLY)
CFF Cargo est responsable du fret ferroviaire.Image: KEYSTONE

Migros pourrait faire mal à ce secteur des CFF déjà en crise

La filiale fret des CFF est dans le rouge. Elle supprime une offre et des dizaines d’emplois. Et ce n’est que le début: dans les mois à venir, des coupes bien plus importantes sont à prévoir. Ce qui pourrait engendrer des milliers de trajets supplémentaires en camion par an.
20.05.2025, 18:4920.05.2025, 18:49
Stefan Ehrbar / ch media
Plus de «Suisse»

Transporter des marchandises par rail n’est plus rentable, du moins pas en Suisse, et surtout pas quand les clients ne remplissent pas un train entier. C’est le constat qu'on tire des chiffres de CFF Cargo. L’an dernier, la filiale fret de la compagnie ferroviaire a enregistré une perte de 76 millions de francs.

Sa branche internationale, qui opère sur l’axe nord-sud européen, est restée bénéficiaire, tout comme le segment des trains entiers à l’intérieur de la Suisse. Ce sont deux autres domaines qui préoccupent le directeur de CFF Cargo, Alexander Muhm:

  1. Le transport de wagons isolés, où des wagons sont collectés individuellement sur des embranchements privés, regroupés en trains dans des gares de triage, puis redistribués. Cette activité nécessite beaucoup de main-d’œuvre et de ressources et est responsable de la majorité des pertes.
  2. Le transport combiné, qui repose sur des unités de chargement – souvent des conteneurs – transportées par camion jusqu’à un terminal, puis acheminées par train avant d’être à nouveau prises en charge par la route.

Le transport combiné réduit à deux trains par jour

Le volume du transport combiné est modeste, et sa rentabilité catastrophique. En 2023, ce segment a généré un chiffre d’affaires de 18 millions de francs, pour une perte de 12 millions. Alexander Muhm prend donc des mesures. La quasi-totalité des lignes seront supprimées, tout comme huit des dix terminaux actuels: ceux de Renens (VD), St-Triphon (VD), Oensingen (SO), Bâle, Gossau (SG), Widnau (SG), Cadenazzo (TI) et Lugano (TI). Ceux de Dietikon (ZH) et Stabio (TI) seront maintenus.

A l’avenir, seuls deux trains de marchandises circuleront quotidiennement dans chaque sens entre ces deux terminaux. Objectif: réduire les coûts. Si ce modèle de navette fonctionne sur cet axe à forte demande, il pourrait être étendu à l’axe est-ouest.

Mais pour cela, il faudrait de nouveaux terminaux, ou la réactivation de sites existants à Genève, Renens, Gossau (SG) ou dans la région soleuroise du Gäu. Il manquerait aussi des sillons ferroviaires. Des extensions de l’infrastructure sont nécessaires, et ne seraient vraisemblablement prêtes qu’à l’horizon 2035.

65 postes supprimés chez CFF Cargo

Mais si cet essai échoue, le transport combiné pourrait être totalement abandonné. C’est ce qu’a déclaré Alexander Muhm lundi lors d’un point presse:

«Ma mission n’est pas de transférer les marchandises de la route au rail, mais de redresser nos comptes»

Sur le plan légal, les CFF sont chargés d’encourager le transfert modal dans le transit alpin. Ce qu’ils réussissent plutôt bien: 70% des marchandises qui traversent la Suisse le font par train. En revanche, en trafic intérieur, aucun objectif de transfert modal n’a été fixé. Le marché est libéralisé, et la route reste bien souvent l’option la moins chère pour les clients.

La nouvelle stratégie du transport combiné se traduira par la suppression de 65 postes. Alexander Muhm précise que ce plan serait mis en œuvre principalement via les départs naturels, les retraites et les mobilités internes au sein des CFF. Le Tessin sera particulièrement touché, avec deux tiers des emplois supprimés, le reste se répartissant en Suisse alémanique.

25 000 trajets en camion supplémentaires par an

La réduction du transport combiné entraînera en moyenne 70 trajets de camion supplémentaires par jour, soit environ 25 000 par an. Cela peut sembler beaucoup, mais c’est peu comparé aux volumes transportés dans le segment des wagons isolés.

Contrairement au transport combiné, ce dernier n’a pas besoin d’être rentable. Il doit simplement couvrir ses coûts, selon les directives du Conseil fédéral. De plus, la Confédération met la main à la poche: elle prévoit de soutenir le transport par wagons isolés pendant une phase de transition de huit ans, avec 260 millions de francs pour les quatre premières années. Elle investira aussi 180 millions pour financer l’introduction d’attelages automatiques numériques, afin d'améliorer la productivité.

Les CFF travaillent par ailleurs à un nouveau processus de production censé générer 60 millions d’économies par an. Il devrait être présenté dans les prochains mois et mis en œuvre à partir de l'horaire 2027.

Migros pourrait se retirer

Mais ce nouveau processus pourrait aussi entraîner une réduction du nombre de points de desserte – c’est-à-dire les embranchements ferroviaires desservis chez les clients –, avec à la clé d’autres suppressions de postes. Les prix vont également augmenter de 20% d’ici à 2033, selon Alexander Muhm.

Reste à savoir si les clients du segment wagons isolés joueront le jeu. Le plus important d’entre eux est Migros. Lors du congrès ferroviaire à Bâle vendredi dernier, le directeur des opérations du groupe, Rainer Baumann, a averti que si les prix augmentaient de plus de 10%, Migros transférerait à nouveau ses transports sur la route.

Les clients majeurs sont cruciaux pour ce segment: les quinze plus gros représentent 70% du chiffre d’affaires. Alexander Muhm reste confiant:

«Nous avons de très bons échanges avec treize de ces quinze clients, dont Migros. Je suis convaincu que nous trouverons une solution»

Un élément pourrait jouer en faveur de CFF Cargo: la Confédération prévoit un «bonus de chargement» illimité dans le temps, destiné à amortir la hausse des prix pour les entreprises qui utilisent le transport par wagons isolés.

Mais si malgré tout cela, le modèle ne fonctionne pas, Alexander Muhm n’exclut pas de mettre fin à ce segment. Dans ce cas, des centaines de milliers de camions supplémentaires pourraient parcourir les routes suisses chaque année.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

Et si les animaux avaient les yeux devant?
1 / 22
Et si les animaux avaient les yeux devant?
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
Cette Migros flotte sur l'eau
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Eboulement ou écroulement: quelle différence?
Ecroulement, éboulement, lave torrentielle ou glissement de terrain: la montagne peut se mettre en mouvement de diverses manières. Tour d'horizon des différents termes.

C'est lorsqu’il s’agit de pierres isolées d’un diamètre inférieur à 50 centimètres.

L’article