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Suisse: quand la religion s'immisce dans les élections

Des personnes passent devant les affiches des candidats pour le second tour de l'election complementaire d'un membre du Conseil d'Etat, avec les portraits sur les affiches de Nicolas Wa ...
Les candidats à l'élection complémentaire du Conseil d'Etat genevois. Genève, 10 octobre 2025.Image: KEYSTONE

Comment la religion s'est immiscée dans les élections genevoises

Dans l'entre-deux-tours de l'élection complémentaire du Conseil d'Etat genevois, une association chiite a appelé à voter pour le vert Nicolas Walder. D'autres appels en faveur de l'UDC Lionel Dugerdil émanaient, pour l'un au moins, d'une structure, elle aussi, musulmane.
23.10.2025, 20:5424.10.2025, 10:43

C’est un appel à voter Nicolas Walder lancé dans l’entre-deux tours de l’élection complémentaire du Conseil d’Etat genevois. Il émane du président de l’Association islamique et culturelle Ahl-el-Bayt de Genève (AICAG), Vahid Khoshideh, a-t-on appris mercredi, quelques jours après la victoire du candidat écologiste au détriment de l’UDC Lionel Dugerdil. watson avait rendu compte d’un précédent soutien émanant de l’Association des citoyens musulmans genevois, celui-ci en faveur du candidat de la droite conservatrice, décrit comme quelqu'un d'«attaché à la famille, à la cohésion sociale et à la sécurité de tous les Genevois»».

Appels, aussi, à voter l'UDC Lionel Dugerdil

«J’ai demandé autour de moi, personne ne connaît cette Association des citoyens musulmans genevois», affirme Vahid Khoshideh. De fait, sa création est récente, comme nous l’a indiqué par téléphone son fondateur, un certain Hakan Tulkarem.

Ce n’est pas le cas de l’AICAG, fondée en 1992 à Genève et qui veut dire «la maison de la famille», en référence à la famille du prophète Mahomet. D’obédience chiite, ses membres sont pour la plupart d’origine iranienne, comme son responsable, Vahid Khoshideh, pharmacien de profession et faisant office d’imam.

«Des centaines de contacts»

Dans l’entre-deux-tours de l’élection à l’exécutif genevois, aux environs du 15 octobre, Vahid Khoshideh a envoyé un mail à ses contacts, les appelant à voter Nicolas Walder. «Je pense avoir atteint des centaines de personnes, peut-être un millier», dit-il. «J’ai également adressé mon appel à l’UOMG (Union des organisations musulmanes de Genève), ainsi qu’au Centre islamique de Genève (dirigé par Hani Ramadan). J’ignore s’ils l’ont relayé, mais j’espère qu’ils ont au moins encouragé les fidèles à aller voter», ajoute-t-il.

L’appel en question a par ailleurs été publié sur la page Facebook de l’AICAG. Signé de son président, il disait:

«Ne votez pas pour les candidats de l’UDC, un parti dont les prises de position sont contraires aux principes de respect et de coexistence pacifique.»
Communiqué de l’AICAG

Venait ensuite la consigne de vote:

«Votez pour Nicolas Walder, candidat des VERTS, pour son engagement en faveur des droits humains, de la justice et de la solidarité. Ensemble, œuvrons pour une société plus juste, plus humaine et plus respectueuse des valeurs universelles.»
Communiqué de l’AICAG

Extrait de l'appel sur Facebook

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Arrivé en Suisse pour ses études peu après le déclenchement de la Révolution islamique de 1979, Vahid Khoshideh explique les raisons de sa prise de position en faveur de Nicolas Walder – au premier tour, il dit avoir appelé à voter pour le candidat de la gauche radicale, Rémy Pagani, l’ancien maire de Genève alors en route pour Gaza sur la flottille du même nom.

«L'UDC utilise les musulmans»

«L’UDC est un parti d’extrême droite, qui utilise les musulmans pour attirer un électorat populiste. On se souvient de l’initiative anti-minarets de l’UDC. Pour moi, les idées de ce parti sont contraires aux valeurs humanistes de la Suisse.»
Vahid Khoshideh, président de l'AICAG

L’autre raison invoquée est la situation dramatique au Proche-Orient. «En face, il y a un génocide à Gaza. C’est une affaire d’humanité. Or l’UDC n’a pas pris ses distances avec cet état de fait», estime Vahid Khoshideh. A l’inverse, le désormais conseiller d’Etat Nicolas Walder, comme le reste de la gauche genevoise, s’est engagé aux côtés des Palestiniens. Il est apparu dans l’entre-deux-tours avec l’équipe socialiste de la revue Causes communes consacrée à «Gaza» et appelant à «mettre fin au génocide».

Le 20 septembre, l'AICAG publiait sur sa page Facebook un appel au boycott des produits israéliens, en l'espèce des «produits fabriqués ou distribués par groupes liés à l'Etat génocidaire d'Israël qui massacre les enfants palestiniens».👇

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«Nous sommes opposés la dictature religieuse»

Précision: «L’AICAG n’est pas liée au régime iranien», affirme Vahid Khoshideh. «Nous sommes opposés la dictature religieuse», assure-t-il. Le 8 juillet sur sa page Facebook, l’association chiite genevoise appelait à la libération de Mostafa Tajzadeh, figure de l’opposition en Iran, condamné à cinq ans de prison en 2022 pour «complot contre la sécurité».

En France, des appels à voter pour le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022 avaient émané d’acteurs musulmans, certains issus de l'islamisme politique, sur fond, là aussi, d’arguments liés à la lutte contre l'islamophobie.

Notre commentaire sur l'élection au Conseil d'Etat genevois👇

Dans les cas genevois, outre les appels émis par l’AICAG et la mystérieuse Association des citoyens musulmans genevois, on trouve celui, en faveur de Lionel Dugerdil là encore, venant de la Fédération des associations turques de Suisse romande (FATSR), un organe turco-nationaliste, opposé à la prétendue «turcophobie» de Nicolas Walder, ce dernier soutenant les causes kurde dans la région du Kurdistan et arménienne au Haut-Karabakh.

«J'ignorais l'existence de ce soutien»

Joint par watson, Nicolas Walder dit n'avoir pas eu connaissance du soutien que lui a apporté l’AICAG. Mais, rappelant son «engagement en faveur d'une Genève multiculturelle et ouverte», il indique avoir reçu «l'appui, entre autres, de la communauté arménienne».

Contacté, Amir Dziri, co-directeur du Centre Islam et société de Fribourg, observe:

«Il n’est pas commun dans les pays musulmans que des responsables d’associations musulmanes ou imams donnent des consignes de vote, encore moins lors de prêches»
Amir Dziri, co-directeur du Centre Islam et société de Fribourg

Il ajoute:

«Cela tient beaucoup au fait que les imams ne souhaitent pas encourager le conflit à l’intérieur de la communauté, laquelle est généralement partagée entre des tendances politiques différentes.»
Amir Dziri, co-directeur du Centre Islam et société de Fribourg

Nous avons joint les cultes protestant, catholique et juif présents à Genève. Leurs responsables affirment n’avoir encouragé à voter ni pour l’un ni pour l’autre des candidats lors de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Contacté par watson, le conseiller aux Etats du MCG (Mouvement des citoyens genevois), Mauro Poggia, estime «préférable que les instances religieuses s’abstiennent de donner des consignes de vote».

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source: boston globe / boston globe
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