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Les transports publics veulent tuer le cash en Suisse d'ici 2035

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Les transports publics ne veulent plus de cash.Image: watson

Les Suisses aiment le cash, les transports publics veulent le tuer

Une enquête de la Banque nationale montre que l'argent liquide est encore accepté presque partout. Mais si le secteur de la restauration indique vouloir miser davantage sur le cash à l'avenir, les transports publics prévoient de le remplacer d'ici 2035.
14.10.2024, 07:47
Pascal Michel / ch media
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Les entreprises suisses accordent une grande importance à l'argent liquide. Le cash reste donc le moyen de paiement le plus accepté, comme le montre une nouvelle enquête de la Banque nationale suisse (BNS) auprès de quelque 770 entreprises. En effet, 98% d'entre elles ont déclaré accepter les pièces et les billets.

Ces entreprises le font avant tout parce que la clientèle le souhaite. Et parce que le cash résiste à la crise et offre une «alternative moins chère aux moyens de paiement sans espèces». Une allusion aux frais parfois élevés des paiements par carte. Les entreprises concernées négligent toutefois le fait que le maniement de l'argent liquide entraîne également des coûts, qui ne sont souvent pas directement mesurés.

Si les entreprises se montrent satisfaites de l'argent liquide, il existe toutefois des différences considérables entre les secteurs. Ainsi, selon l'enquête, un cinquième des restaurants et des détaillants souhaitent privilégier l'utilisation de l'argent liquide, notamment en raison des frais de carte désagréables.

Les transports publics voient les choses différemment. Seuls un peu plus de 40% des acteurs interrogés dans ce secteur se disent satisfaits. Ils déplorent principalement le fait que le rapatriement des espèces soit trop compliqué et coûteux. Un autre point négatif revient régulièrement:

«Les services des banques et des transporteurs de valeurs sont trop chers et qu'il y a trop peu de distributeurs de billets et de guichets»

Résultat, la moitié des entreprises de transport public suisses prévoient de privilégier les paiements numériques dans les prochaines années et de limiter l'acceptation d'argent liquide.

«Une absurdité commerciale»

Les projets du secteur des transports ne sont pas nouveaux: ces mesures ont déjà été annoncées il y a longtemps. Dans une interview accordée à CH Media, René Schmied, alors responsable de la stratégie de l'organisation sectorielle Alliance Swisspass, expliquait il y a près de deux ans:

«Le maniement de l'argent liquide est très compliqué et coûteux. Bien sûr, nous n'allons pas supprimer du jour au lendemain les distributeurs automatiques existants. Mais en 2035, rares seront ceux qui utiliseront encore l'argent liquide»

D'ici dix ans, les entreprises de transport ne souhaitent vendre que des billets numériques, ou presque.

Le chef de CarPostal Christian Plüss a également déclaré que l'entreprise se prépare à abandonner le cash.

«L'argent liquide est une charge pour les conducteurs et les conductrices, pour le système, et les revenus que nous tirons des tickets en espèces dans les bus sont très faibles. Commercialement, c'est en fait une absurdité»
Christian Plüss

Reste à savoir si les entreprises, qui reçoivent tout de même massivement de l'argent de la caisse de l'Etat, pourront un jour se passer totalement d'argent liquide. Récemment, le Conseil des Etats a approuvé, après le Conseil national, une motion de la conseillère nationale zougoise Manuela Weichelt (Verts).

Celle-ci demande au Conseil fédéral d'élaborer un projet ou d'autres mesures appropriées pour que les entreprises de transport subventionnées soient contraintes d'accepter l'argent liquide. Pour Manuela Weichelt, le paiement par carte prépayée serait également envisageable. Le gouvernement doit maintenant élaborer une solution.

Contre-projet à l'initiative sur l'argent liquide

Mardi, la Commission de l'économie du Conseil national s'est aussi penchée sur l'argent liquide, plus précisément sur l'initiative «L'argent liquide, c'est la liberté». Celle-ci demande que les pièces de monnaie ou les billets de banque restent toujours disponibles en quantité suffisante.

La majorité de la Commission de l'économie s'est prononcée en faveur du contre-projet direct du Conseil fédéral. Celui-ci prévoit d'élever les dispositions actuelles au niveau constitutionnel. Les membres de la commission ont rejeté une proposition qui demandait que l'argent liquide soit accepté «par défaut» comme moyen de paiement.

C'est ce point qui suscite actuellement les débats les plus vifs: existe-t-il une obligation légale pour les entreprises d'accepter de l'argent liquide? La réponse est: non. Cela relève du droit dispositif. Le nouveau président de la BNS, Martin Schlegel, a expliqué à CH Media ce que cela signifie:

«Un commerce n'est pas obligé d'accepter de l'argent liquide s'il le déclare de manière clairement visible pour la clientèle. En l'absence d'une telle indication, le client a le droit de payer en espèces»

Une initiative populaire visant à imposer une obligation d'acceptation plus stricte a échoué fin septembre au stade de la collecte de signatures.

La Banque nationale conclut son enquête en expliquant que les points critiques mentionnés devraient être abordés «par tous les participants au marché des espèces».

«L'infrastructure doit surtout être conçue de manière à ce que les services en espèces soient facilement accessibles aux entreprises et rentables. C'est ainsi que la large acceptation de l'argent liquide pourra être maintenue».

Traduit et adapté par Tanja Maeder et sia.

Voici comment les voleurs des bornes CFF opèrent
Video: watson
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