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Tollé à l'Hôpital du Valais: le fromage à raclette est interdit

Un «Raclette-Graben» coupe le Valais en deux et ça râle fort

C'est à n'y rien comprendre: à l'Hôpital du Valais, les patients du Bas-Valais francophone sont interdits de fromage au lait cru, mais pas ceux du Haut-Valais germanophone. Tollé, au moment où le canton fête les 450 ans de la raclette.
19.09.2024, 16:5519.09.2024, 23:09
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De quel côté le cœur de Marianne Maret, ou plutôt son estomac, balance-t-il? «Clairement du côté du Haut-Valais», répond la Bas-Valaisanne, conseillère nationale du Centre.

«Je dois dire que je ne comprends pas la décision d’interdire la distribution de fromage à raclette au lait cru aux patients des hôpitaux du Bas-Valais»
Marianne Maret

Ce qui est interdit, ce qui reste autorisé

Vous ne connaissez pas la nouvelle? Un «Raclette-Graben» coupe le Valais en deux. Bien malgré lui, comprend-on. Le Nouvelliste rapporte que le médecin responsable de la nutrition pour la partie francophone des hôpitaux du canton a ordonné aux personnels de ne plus donner du fromage au lait cru, ainsi que thermisé, aux patients. Thermisé se dit d’un lait chauffé à 60°, la pasteurisation démarrant à 68°. La distribution de pâtes fromagères pasteurisées reste autorisée. But de la mesure: éviter d'éventuelles intoxications à la listéria.

Seulement voilà, ce principe de précaution vaut uniquement pour les patients des hôpitaux du Bas-Valais, la partie francophone. Ceux du Haut, la partie germanophone, pourront continuer de manger des fromages au lait cru, raclette en tête, l’indétrônable dont le Valais fêtera ce week-end en grande pompe et en famille les 450 ans.

«On fait peur aux gens»

«Avec cette interdiction, on fait peur aux gens», déplore Marianne Maret. Qui ajoute, une pointe d'humour dans la voix:

«Je ne vous dis pas ça parce que je suis originaire du Val de Bagnes, patrie du fromage à raclette. Je n’ai aucun conflit d’intérêt dans ce dossier»
Marianne Maret, conseillère nationale Le Centre/VS

Le médecin à l’origine de la décision renvoie à un cas de listériose remontant à 2020. De la listéria – une bactérie potentiellement mortelle – avait été découverte dans du fromage livré à l’Hôpital du Valais (le nom générique de tous les hôpitaux du canton, Haut et Bas). Quatre patients avaient pu être infectés par la bactérie, selon un communiqué de l’époque, cité par Le Nouvelliste. «L’un d’eux, qui était traité pour une grave maladie oncologique, était décédé», précise le quotidien valaisan. A ceci près que le fromage suspect n’avait rien de valaisan. Il était schwytzois et pas même au lait cru, mais pasteurisé.

«Raclette-Gate»

Le «Raclette-Gate» – davantage qu’un «Raclette-Graben» – a parcouru les travées du Grand Conseil valaisan durant les quatre jours de la session de septembre. Aujourd’hui, c’est l’Interprofession de la raclette du Valais AOP qui monte au front pour exiger des explications aux conseillers d’Etat Christophe Darbellay et Mathias Reynard, respectivement chefs des départements de l’économie et de la santé. Le second, pas forcément au parfum, a transmis la demande d’éclaircissements à son service des hôpitaux, qui indique à la presse réserver sa réponse à son ministre de tutelle.

L'Interprofession outrée

En fait d’explications demandées, l’Interprofession rejette la mesure prise par le médecin responsable de la nutrition des hôpitaux du Bas-Valais. Son directeur Urs Guntern l'affirme à watson:

«Cette décision n’est pas justifiée. Il n’y a pas de problème de listériose avec notre fromage à raclette AOP»
Urs Guntern, directeur de l’Interprofession

«Cette interdiction lèse les fournisseurs des hôpitaux du Bas-Valais et nuit à l’image du fromage à raclette, 2000 tonnes produites chaque année en Valais», tonne-t-il. Le directeur demande que la décision soit cassée.

Le profane ne comprend pas grand-chose à ce fromage administratif. Comment est-il possible qu’un seul et même canton ait des régimes d’hygiène différents? Selon Urs Guntern, cela tient au fait que les établissements hospitaliers du Haut et du Bas-Valais, bien que réunis sous l’appellation unique d’Hôpital du Valais, ont des directions autonomes. Celle de la partie germanophone a manifestement jugé superflue la décision de la partie francophone.

A l'Hôpital du Jura, c'est permis

A titre de comparaison, à Delémont, l’Hôpital du Jura autorise la distribution de «menus pouvant contenir du gruyère ou de l’emmental à base de lait cru, sauf si le régime particulier du patient s’y oppose», indique Marie-Françoise Gerber, assistante de direction de l’établissement jurassien.

Le conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor partage l’avis de sa collègue parlementaire du Centre Marianne Maret.

«Cette interdiction est absurde. Dans tout le Valais, on consomme régulièrement du fromage à raclette au lait cru. L’un des rôles de l’hôpital est de faire en sorte que le patient puisse manger des produits qui lui fassent plaisir, pour autant que son état de santé le permette»
Jean-Luc Addor, conseiller national UDC/VS

Dans cette affaire, poursuit le conseiller national UDC, «la direction de l’Hôpital du Valais est aux abonnés absents». Mais enfin, qui dirige ce secteur en Valais? Là où le directeur de l’Interprofession de fromage à raclette AOP, Urs Guntern, évoque des directions autonomes. Jean-Luc Addor parle d’une direction unique. Quant à Marianne Maret, elle ne s’explique tout simplement pas ce double standard valaisan.

La Bagnarde d’origine glisse dans l'oreille:

«De toute façon, on sait bien que des familles apportent aux patients du fromage qui sent bon et de la bonne viande séchée. Aux patients chez qui il n’y a pas de contre-indications, bien sûr»
Marianne Maret, conseillère nationale Le Centre/VS
- Intervention d'Air-Glaciers en Valais le 30 juin 2024
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