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En Afrique, des superstitions mortelles: les attaques contre les albinos se multiplient à l'aube des élections

Pendo Sengerema, âgée de 15 ans, perdit son bras dans une attaque. Elle pose ici avec la peluche qui la réconforte la nuit et lui donne un semblant de sentiment de sécurité.
Pendo Sengerema, âgée de 15 ans, perdit son bras dans une attaque. Elle pose ici avec la peluche qui la réconforte la nuit et lui donne un semblant de sentiment de sécurité.
photo: CARLO ALLEGRI/REUTERS

En Afrique, des superstitions mortelles: les attaques contre les albinos se multiplient à l'aube des élections

Etre albino peut être dangereux dans certaines régions du Sud et de l'Est africain. Leurs organes sont prisés comme ingrédients pour des rituels de magie noire macabres. Ils sont particulièrement demandés à la veille des élections.
26.10.2015, 13:59
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66'000 euros, c'est une vraie fortune dans certains pays pauvres du Sud et de l'Est africain. C'est la somme que les magiciens déboursent pour obtenir un «lot» d'organes – des organes prélevés sur une personne vivante. Ils augmenteraient l'efficacité des rituels de magie noire qui promettent aux superstitieux richesse, pouvoir, amour et chance.

Albinisme
L'albinisme (du latin albus, «blanc») est une particularité génétique héréditaire qui touche les mammifères, les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les reptiles, se caractérisant par un déficit de production de mélanine pouvant aller jusqu'à l'absence totale dans l’iris et les téguments (peau, poils et cheveux, plumes). Les albinos ont une vision déficiente et sont facilement sujets à des kératoses et cancers de la peau s'ils ne sont pas protégés du soleil.
En Amérique du Nord et en Europe, environ 1 personne sur 17'000 à 20'000 est atteinte d'albinisme. En Afrique noire, ce sont 1 personne sur 5000 à 15'000 qui sont touchées. Dans certaines ethnies, la proportion peut même atteindre 1 personne sur 1000 à 15000.
source: Wikipedia / UNHR

Les victimes de cette tradition macabre sont parmi les plus vulnérables de la société: les albinos, qui sont marginalisés à cause de leur apparence. En Afrique, les porteurs de cette variation génétique n'ont aucune chance de passer inaperçu – en Europe ou en Amérique du Nord, ils se font moins remarquer.

«Les albinos font partie des personnes les plus vulnérables dans notre région. Leurs difficultés sont maintenant exacerbées par le fait qu'ils craignent constamment les attaques de personnes – parfois même de proches – qui voient plus de valeur dans leurs organes que dans leur vie.»
Ikponwosa Ero, experte des droits de l'homme en albinisme de l'ONU
Ikponwosa, experte à l'ONU.
Ikponwosa, experte à l'ONU.
photo: OHCHR

Demande en hausse

L'experte des droits de l'homme en albinisme de l'ONU, la nigériane Ikponwosa Ero, sonne l'alarme. Ero, qui est elle-même atteinte d'albinisme, met en garde dans un communiqué de presse de l'augmentation de la demande pour les organes issus d'albinos. L'arrivée des élections en serait responsable. Des candidats sans pitié espèreraient améliorer leurs chances en s'aidant de la magie noire.

«Les albinos font partie des personnes les plus vulnérables dans notre région», dit Ero. «Leurs difficultés se retrouvent maintenant exacerbées par le fait qu'ils craignent constamment les attaques de personnes – parfois même de proches – qui voient plus de valeur dans leurs organes que dans leur vie.»

«Tanzanians with albinism targeted for witchcraft» (en anglais).
YouTube/UNICEF

Des attaques nombreuses

Depuis qu'Ero a pris ses fonctions le 1er août, des attaques contre les albinos ont eu lieu dans 6 pays africains. En Afrique du Sud, on découvrit le cadavre d'une jeune femme dont la peau et la plupart des organes manquaient. Au Kenya, un homme âgé de 56 ans mourut à la suite d'une attaque lors de laquelle plusieurs de ses membres furent découpés.

C'est en Tanzanie que la situation des personnes atteintes d'albinisme est la plus précaire. Depuis l'an 2000, 75 albinos – dont des enfants – furent assassinés dans ce pays d'Afrique de l'Est. La plupart d'entre eux furent découpés en morceaux.

Mwigulu Matonage, âgé de 12 ans, perdit lui aussi son bras lors d'une attaque en Tanzanie.
Mwigulu Matonage, âgé de 12 ans, perdit lui aussi son bras lors d'une attaque en Tanzanie.
photo: CARLO ALLEGRI/REUTERS

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