Ce jeu ne tient vraiment pas la route
Il y a des jeux qui, dès les premières minutes, vous donnent envie de vous accrocher, parce qu’on sent un potentiel, un vrai quelque chose. Et puis il y a Project Motor Racing, un titre qui fait soupirer dès le premier virage.
Malheureusement, Project Motor Racing fait très clairement partie de cette deuxième catégorie. Ce qui devait être une nouvelle référence de la «simulation» se retrouve à naviguer dans un entre-deux étrange, coincé entre un Need for Speed sans personnalité et une simulation qui n’assume jamais vraiment ce statut.
Petite information, derrière PMR, on retrouve les mêmes personnes qui se sont chargé des titres Project Cars, une licence qui est désormais d’un autre monde..
Une leçon de maniabilité
Autant le dire immédiatement. Si Project Motor Racing s’effondre, c’est à cause de son gameplay. C’est même le point noir qui éclabousse absolument tout le reste. La conduite au volant est une horreur.
Le jeu se vante d’être une simulation, mais on se retrouve avec le feeling d’un arcade ultra basique, sauf que tout se déroule sur circuits et dans une ambiance qui essaie de se donner un air sérieux. Une simulation de façade, un «skin» de simu collé sur du gameplay arcade, voilà la sensation.
Il n’y a aucun retour d’information. Aucun feedback. Quand vous passez sur l’herbe, vous ne sentez rien. Quand vous mordez le vibreur, parfois ça vibre parfois non. Les détails de la route?
La bande-annonce avait pourtant suscité l'enthousiasme 👇🏼
Oubliez. On conduit comme si on flottait au-dessus du bitume, et pas comme si on était posé dessus. Il devient impossible de rattraper un dérapage ou même simplement de contrôler sa voiture lorsqu’elle décroche.
Et le plus ironique dans tout ça, c’est que les voitures se conduisent «mieux» à la manette qu’au volant. Un comble pour un jeu qui se veut simulateur de course automobile. Ça en dit long sur l’énorme problème de conception qu’il y a derrière.
Une sensation de vitesse absente
Comme si ça ne suffisait pas, la sensation de vitesse est quasiment inexistante. Par moments, on croit sentir quelque chose, une petite poussée qui laisse penser que le moteur se réveille.
Mais c’est immédiatement rattrapé par la nature ultra arcade de l’ensemble, et l’illusion s’effondre aussi vite qu’elle est apparue. C’est mou, c’est plat et surtout très loin des standards qu’un jeu de simulation est censé atteindre en 2025.
Des concurrents bêtes
L’IA mérite un paragraphe à elle seule, parce que c’est probablement l’une des pires que j’ai vues dans un jeu de «simulation». Le jeu nous annonce fièrement «la plus grande carrière du sim racing», mais en piste, on se retrouve avec des adversaires qui foncent tout droit sans jamais te calculer. Vous n’existez pas pour eux. Ils roulent comme s’ils étaient sur des rails, ignorant totalement votre présence.
On se croirait transparent, un simple fantôme posé au milieu d’un groupe de robots qui répètent la même ligne à chaque tour. Pour un jeu qui mise avant tout sur son mode solo, c’est un désastre absolu. Ça ruine complètement les courses, casse l’immersion et transforme chaque dépassement.
Graphiquement, un travail franchement réussi
Et pourtant… visuellement, Project Motor Racing fait tellement mieux. C’est presque cruel. Les graphismes sont bons, parfois même très bons. Pas d’Unreal Engine 5 ici parce que les jeux de course sous UE5 ont souvent des soucis de streaming de textures à haute vitesse.
Il s’agit en fait du moteur suisse Giants Engine utilisé notamment pour Farming Simulator. Là, les textures tiennent la route. Avec de beaux reflets sur l’asphalte, des tableaux de bord soignés, une herbe détaillée, un bitume crédible…
Les modèles de voitures sont même excellents, avec un niveau de finition vraiment plaisant. On sent que l’équipe maîtrise le sujet. Et c’est frustrant de voir que l’emballage est aussi soigné quand tout ce qui se passe sous le capot ludique est à la peine.
Des performances instables
Malheureusement, côté performances, c’est aussi en dents de scie. Le jeu est globalement fluide, mais il arrive trop souvent que le frame rate chute sans prévenir. Et quand vous visez un chrono ou que vous essayez d’être précis au volant, ça vous sort totalement de l’immersion.
On a ce sentiment d’un jeu qui aurait mérité trois ou quatre mois de développement supplémentaire, minimum, pour être stabilisé.
Du son correct… mais une bande-son absente
Les bruitages moteurs s’en sortent plutôt bien. Rien d’exceptionnel, mais ça reste cohérent avec les voitures et suffisamment agréable pour ne pas casser l’ambiance.
Par contre, la bande-son, elle, est clairement absente. On ne sait pas si c’est un oubli, un choix artistique ou un manque de moyens, mais on a souvent l’impression de rouler dans un silence assez étrange.
Un contenu solide, sauvé par la passion automobile
Le plus paradoxal dans tout ça, c’est que le contenu est plutôt honnête. La carrière semble intéressante sur le papier, même si elle n’est clairement pas la «meilleure carrière du sim racing» comme la promo le crie partout.
Mais le vrai plaisir, c’est de pouvoir conduire d'anciennes voitures de course, des modèles qui ont marqué l’histoire. Là-dessus, le jeu marque des points. On sent la passion, on sent le respect du patrimoine automobile. Ce serait même le principal atout du titre.
Le mode online, bloqué par un système de permis, est une très bonne idée. Ça évite que n’importe qui débarque et ruine des courses entières. Et les serveurs, eux, fonctionnent bien. Aucun souci majeur de ce côté. Le problème, c’est l’UI. L’interface est fade, très «débutant», et elle ne donne pas envie de naviguer dedans.
Le moment où tout s’est écroulé
Le déclic? La toute première course. Vous branchez votre volant, vous vous lancez… et là, le volant part totalement en vrille. Pas une mauvaise calibration, pas une erreur de réglage. Non juste un support catastrophique du matériel. Et quand vous voyez que d’autres sim racers rapportent la même chose, vous comprenez vite que le problème est profond.
C’est ce moment précis où vous vous dites que quelque chose ne va pas du tout. Et malheureusement, tout ce que vous découvrez ensuite ne fait que confirmer que la conduite a été mal pensée. Il faudra du temps pour corriger et améliorer.
Un énorme potentiel gâché
Project Motor Racing avait tout pour séduire. Des graphismes réussis, un contenu solide, des voitures historiques passionnantes, un online structuré. Mais quand le cœur du jeu (la conduite, les sensations, le support volant, l’IA) s’effondre, tout le reste perd instantanément de la valeur.
Il manque plusieurs mois de développement, une vraie compréhension de ce qu’est une simulation, et un travail sérieux sur le feeling général. En l’état, on a un jeu frustrant, bancal, parfois agréable visuellement, mais incapable de tenir la route dès qu’on cherche de vraies sensations de pilotage. Un crash complet dans le virage de la simu. Dommage.
Sa maniabilité singulière, offrant une nervosité saisissante, pourrait malheureusement laisser de côté les joueurs les moins patients. Quant aux autres, ils seront récompensés par un titre aux finitions irréprochables et au contenu gargantuesque.
+ Joli
+ Son des moteurs plutôt bon
+ Multijoueurs bien pensé
- IA presque honteuse
- Bande-son inexistante
- De nombreux bugs et crashs
- Gameplay de manière générale
