L'immersion totale au service de la conquête
Quand on m’a demandé de tester Anno 117: Pax Romana, je me voyais déjà vous parler de ce nouvel opus en essayant de dissimuler l’amour irrationnel que je porte à Anno 1800, un jeu si parfait qu’il flirte encore avec la magie. Et pourtant… je crois bien être retombé amoureux.
Ubisoft Mainz signe un nouveau sans-faute et rappelle au monde qu’Anno n’est pas seulement une série de City Builders mais une véritable référence absolue du genre. Et situer ce nouvel épisode en l’an 117, au cœur du plus fascinant des empires, Rome, lui donne une saveur toute particulière.
Pour celles et ceux qui découvrent la série Anno, il faut savoir qu’il ne s’agit pas, à la base, d’un jeu de stratégie guerrière façon Total War, mais bien d’un City Builder économique et historique. Cela dit, comme vous le verrez plus loin, cette version 117 ajoute une dimension militaire inédite, repoussant encore un peu plus les limites d’un jeu déjà particulièrement complet.
Le principe est simple à comprendre, mais exigeant à maîtriser, fonder une colonie, gérer ses chaînes de production, satisfaire les besoins de ses citoyens et faire prospérer son empire grâce au commerce, à la diplomatie et, parfois… à une pointe de conquête.
Vous êtes plutôt esthète ou guerrier? La bande-annonce 👇
Toute la magie d’Anno repose sur un équilibre fragile: produire assez sans se ruiner, anticiper les besoins de vos habitants, et faire grandir votre cité sans qu’elle ne s’effondre sous son propre poids. C’est lent, c’est minutieux… mais c’est aussi diablement addictif.
Une campagne user friendly
Amor vincit omnia (L’amour triomphe de tout)
Anno 117 propose une campagne idéale pour les nouveaux venus, tout en offrant aux habitués un véritable scénario! Les explorateurs inconnus et les colons sans visage, c’est CIAO!
Ici, tout commence soit avec Marcus, ou sa sœur Marcia Tertia, fille de patricien promise à un avenir qu’elle n’a pas choisi. Ces choix narratifs sont une petite révolution car pour la première fois, Anno donne un visage à son empire.
On ne gère plus de haut, on vit l’histoire. Les cinématiques et les mises en scène donnent du rythme, de l’émotion, et même une petite touche de théâtre antique.
Et cerise sur le gâteau d’orge, la campagne est jouable en coop. Une excellente idée pour partager ce souffle de fraîcheur avec ses amis parce qu’honnêtement, à plusieurs, la grandeur de Rome prend une autre dimension.
Une Pax Romana pas si paisible
Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre)
Les premières heures posent les bases habituelles. Production, commerce, diplomatie, infrastructures… et très vite, comme d’habitude sur un Anno, on se retrouve à dire:
Les vétérans d’Anno 1800 se sentiront comme chez eux, avec une interface plus claire, des outils plus précis, et des mécaniques affinées/optimisées.
Mention spéciale aux effets de zone, désormais bien plus visibles, qui facilitent la planification stratégique.
Pour les nouveaux venus, en revanche, accrochez-vous car la courbe d’apprentissage est raide. Le chaos guette, mais il fait partie du plaisir. Si vous finissez par hurler à votre écran: «Mais t’auras pas de poisson et puis, c’est tout!», rassurez-vous, vous êtes sur la bonne voie.
Le système d’income (vos revenus nets issus de la production, du commerce et des taxes) est impitoyable. Dépenser sans compter, c’est la ruine assurée. Chaque amphore, chaque ration de gruau compte. Ici, la méthode et la patience valent mieux que la démesure.
Former de l’infanterie et des archer
Aut vincere aut mori (Vaincre ou mourir)
Auparavant, les guerres dans Anno se déroulaient principalement sur l’eau, avec des batailles navales et des conquêtes d’îles. A l’exception d’Anno 1701 sorti en 2006, même si l’idée avait ensuite été mise de côté. Désormais, on peut former de l’infanterie, des archers de la cavalerie et tout ce qui va avec sur la terre ferme.
Un peu à la sauce d’un «Anno Rome: Total War 117» finalement ! On peut même customiser ses navires selon les unités embarquées et aller assez loin dans notre gestion militaire.
Mais soyons honnêtes, pour l’instant, je reste prudent. Les combats sont beaux, spectaculaires même, mais coûteux… très coûteux! Lever une armée revient vite à vider les entrepôts et ce qu’il reste en banque.
Durant mon test, j’ai préféré la diplomatie à la démesure militaire. En coopération ou sur le long terme, cela pourrait toutefois devenir l’un des piliers du jeu.
La place majeure des dieux
Nullum numen abest si sit prudentia (Nul dieu ne manque à qui possède la prudence)
Qui dit Empire romain dit religion . Dans Anno 117: Pax Romana, vous pourrez vénérer ou exalter l’un des dieux majeurs, Cérès, Neptune, Mars, Minerve, Mercure-Lug, Epona ou Cerunnos. Chacun offre des bonus et influence votre société, votre économie et même votre armée.
L’arbre de talents associé à ces cultes est dense, presque intimidant. Il faudra s’y plonger longuement pour en saisir toutes les subtilités. Une belle promesse de profondeur pour les amateurs d’optimisation divine.
C’est sur ce dernier point que le bât blesse légèrement. Cette automatisation du ramassage et la perte du pointeur direct rendent certaines actions moins intentionnelles.
De toute beauté
Mens sana in corpore sano (Un esprit sain dans un corps sain)
Techniquement, Anno 117 est impressionnant, un magnifique bijou. Les décors du Latium (Italie) et d’Albion (Angleterre celtique) dégagent chacun leur atmosphère, lumière chaude du sud contre brume du nord.
Les ruelles vivent, les ports chantent, les montagnes se dressent à l’horizon. Tout est soigné, vivant, vibrant, captivant. La bande-son est somptueuse, et la VF d’un naturel rare égale (n’en déplaise à Regelegorilla) sans peine celle d’Anno 1800. Une véritable masterclass, à contempler autant qu’à écouter.
Des extensions prometteuses
Fortes fortuna adiuvat (La fortune sourit aux audacieux)
Ubisoft Mainz a déjà levé le voile sur le Year Pass inclus dans l’Édition Gold ou vendu séparément. Trois extensions sont prévues:
- Provinces of Ash
- The Hippodrome
- Dawn of the Delta
Les deux premières introduiront de nouvelles régions et factions, chacune avec ses dieux et ses particularités. The Hippodrome, lui, proposera de bâtir le célèbre site sportif romain, ajoutant de nouvelles mécaniques autour des jeux et des courses. En gros, vos citoyens pourront célébrer pendant que vos entrepôts brûlent.
A plusieurs c’est mieux
Amicitia vincit omnia (L’amitié triomphe de tout)
C’est à mon sens en coopération qu’Anno 117 déploie tout son potentiel. Les heures filent sans qu’on s’en aperçoive, entre marchandages absurdes, crises du blé et débats passionnés sur le meilleur emplacement pour un forum. On échange avec plus ou moins de succès:
Deux heures plus tard…
C’est Anno résumé en une scène. La rigueur et le chaos, la beauté et la camaraderie, la folie et le génie.
Pouce levé ou pouce baissé?
Veritas vincit (La vérité triomphe)
Anno 117: Pax Romana ne révolutionne pas complètement la formule, mais il l’améliore, la perfectionne. C’est une évolution naturelle d’Anno 1800, plus fluide, plus claire, avec une identité très forte et un univers tout simplement fascinant.
Certes, il est à ce jour moins dense que son grand frère bardé de DLC (près de 35 contenus téléchargables, pour une valeur d’environ 350 CHF), mais le potentiel est immense. C’est l’occasion parfaite de monter dans la galère romaine dès maintenant avant qu’elle ne soit trop loin.
La campagne narrative apporte une vraie profondeur historique, un ton plus mature et quelques réflexions sociales bien senties. En plus, elle est jouable en coopération donc il n’y a aucune excuse pour ne pas la faire!
Il paraît que Rome ne s’est pas faite en un jour, mais nous en tout cas, on est prêt à y passer nos nuits. Ce sera donc un pouce levé !
+ City Builder toujours aussi maîtrisé
+ Direction artistique splendide et cohérente
+ Fidélité historique impressionnante
+ Mode coopératif qui amplifie l’expérience
- Complexité parfois intimidante pour les nouveaux joueurs
- Contenu de base plus léger face à Anno 1800 et ses 35 DLC (logique, mais notable)
