Divertissement
Musique

Que vaut Hackney Diamonds, le nouvel album des Rolling Stones?

Que vaut «Hackney Diamonds», le nouvel album des Rolling Stones?
Avec Hackney Diamonds, les Rolling Stones prouvent qu'ils sont encore dans le coup, sans trop forcer.Image: the rolling stones / watson

Que vaut «Hackney Diamonds», le nouvel album des Rolling Stones?

Les Rolling Stones, c'est plus de 60 ans de carrière. Une longévité phénoménale. Seule Elizabeth II a fait mieux. Les éternels rockers londoniens sortent ce vendredi 20 octobre leur 24e album studio. On l'a écouté, on vous raconte (spoiler: vous ne serez pas déçus).
20.10.2023, 16:5520.10.2023, 18:42
Margaux Habert
Suivez-moi
Plus de «Divertissement»

Même s'ils tournent depuis plus de 60 ans, il y a belle lurette que les Rolling Stones n'avaient plus sorti d'album de titres inédits. Depuis 2005, mon capitaine. Alors, 18 ans plus tard, dire que Hackney Diamonds était attendu par les fans est un euphémisme. Et si vous en êtes, ne vous laissez pas avoir par les vieux critiques musicaux, qui, depuis des décennies, taillent des costumes aux vieux rockers largement en âge de ranger la guitare et de s'asseoir sous le porche, charentaises aux pieds, pour regarder le facteur passer.

«Rock'n'Roll is dead, les Stones, c'était mieux avant, ils sont morts en 1974, gnagnagna»
Le critique musical old school, lui-même guitariste raté, aigri de devoir écouter du Harry Styles pour continuer d'exister dans son journal.

Taisez-vous et arrêtez de vous branler le cerveau entre deux vinyles. Avec cet album, certes, les Londoniens n'ont pas pris beaucoup de risques. Mick Jagger, Keith Richards et Ronnie Woods ne réinventent pas la roue, ne réécrivent pas l'Histoire. Ils réutilisent des recettes qui fonctionnent, comme quand on laisse mijoter une bonne sauce tomate, qui n'innove pas mais émeut toujours lorsqu'elle est bien faite.

Le fan des Rolling Stones, à l'écoute de ce 24e album studio, devrait être aussi heureux que s'il s'envoyait une bonne grosse assiette de pasta al pomodoro. Le fan pas têtu, entendons-nous bien: celui qui a accepté qu'à 80 ans, on n'a plus besoin de réinventer la musique pour continuer d'exister.

Ce n'est pas parce qu'on n'a pas affaire à «du rock qui tache» à l'ancienne, ou que les riffs de guitare ne répandent pas de l'hémoglobine partout, ou que les paroles n'ont pas la profondeur d'un bouquin chiant qu'on pose en évidence dans sa bibliothèque pour avoir l'air moins con, que Hackney Diamonds n'est pas bon. Il est ce pourquoi Mick Jagger, à 80 printemps passés, Keith Richards (79 ans) et Ronnie Woods (un gamin, 76 ans) continuent de jouer: pour nous donner encore un rab' de plaisir.

Classique et efficace

Il y a tout d'abord le tube Angry, sorti le 6 septembre dernier et dévoilé dans une conférence de presse animée par l'Américain Jimmy Fallon. Oui, c'est maintream, c'est so late 2020, c'est accessible. So what? Le titre rappelle d'autres tubes du groupe, comme Start Me Up, sorti en 1981. Efficace, facile, avec ce petit goût de reviens-y. On y reconnaît immédiatement la patte des Stones. Idem pour Bite My Head Off, avec un certain Paul McCartney à la basse. Un son plus trash, plus punk, qui donne envie d'appuyer sur l'accélérateur d'une Mercedes 560 SL. Oui, voilà, comme dans le clip d'Angry.

Je vous le remets, pour être sûr 👇🏽

Vidéo: youtube

Le morceau Whole Wide World est entraînant lui aussi, avec un riff de guitare accrocheur, même si les paroles ne semblent pas avoir été écrites par un Pulitzer de littérature.

«When the whole wide world's against you, And you're standing in the rain, When all your friends have let you down, And treat you with disdain»
Quand le monde entier est contre toi, Et que tu es sous la pluie, Quand tous tes amis t'ont laissé tomber, Et te traitent avec dédain...

Mess It Up, lui, se danse, le diable au corps. Un son un peu pop, très actuel, à mettre très fort dans sa cuisine pour préparer une sauce marinara du feu de Dieu, tout en essayant de monter dans les aigus avec Mick Jagger. Bonus, pour les plus nostalgiques du groupe: Charlie Watts a eu le temps d'enregistrer le morceau à la batterie avant de pousser son dernier souffle.

Elton John, au piano, fait deux apparitions sur Hackney Diamonds. Notamment dans Live By The Sword, insufflant un peu de blues dans un rock désordonné. Sympa, pas dingue, mais sympa. Les fans de la première heure et les vieux critiques se réjouiront de savoir que le morceau a au moins le mérite de constituer une miraculeuse résurrection: à la batterie, on retrouve feu Charlie Watts, et à la basse, Bill Wyman, qui a quitté le groupe en 1990. L'autre featuring d'Elton John se trouve dans Get Close. À nouveau, sympa, sans casser trois pattes à un canard.

Un peu de douceur

Il y a aussi des ballades. Comme Depending On You, qui sort carrément des violons peu nécessaires. Un titre qui en fait trop, qui pourrait servir de bande-son pour un téléfilm de Noël à 15 heures sur TF1 en novembre. Vous savez, celui qui raconte un amour improbable, mais pas impossible, entre deux personnes de classes sociales différentes, vivant chacune à l'autre bout des Etats-Unis, snif snif.

Heureusement, Sweet Sounds Of Heaven, avec Stevie Wonder au clavier, et surtout Lady Gaga qui apporte de puissantes envolées lyriques, remonte le niveau dans la catégorie des ballades. Sensuelle, envoûtante, mélancolique. On ne les voit pas passer ces 7min22 aux accents de blues. Une réussite.

Sur Tell Me Straight, on retrouve Keith Richards au micro. Le quart d'heure de gloire du guitariste, le moment où, sur scène, la lumière n'est exceptionnellement pas sur l'infatigable Mick Jagger. Avec un brin de cynisme, ou de réalisme, voire de fatalisme, c'est selon, dans les paroles:

«Is my future all in the past? Tell me straight, tell me straight»
«Mon futur appartient-il au passé? Dis-le-moi franchement, dis-le-moi franchement»

Dans Dreamy Skies, on prend la route pour les grandes étendues américaines, avec un œil nostalgique dans le rétro d'une vieille Chevrolet. Une ballade country qui fait le job, avec la dose d'harmonica qui convient à l'exercice. Driving Me Too Hard est un morceau de remplissage, pas fou, pas atroce non plus, qui ne figurera sans doute jamais sur un best-of ou dans un énième coffret «spécial Noël» de la Fnac.

Enfin, l'album se clôt sur Rolling Stone Blues. Une reprise de Muddy Waters, icône du Chicago blues. Quand les reprises donnent souvent envie de crier au blasphème, celle-ci est un véritable hommage à la sauce Jagger. La voix est savamment posée, parfois pas plus puissante qu'un souffle, parfois lancée comme une plainte déchirante. Même le plus aigri des critiques devrait ressentir un tressaillement d'émotion. Les gens normaux, eux, se feront emporter dans cette interprétation du leader des Stones, qui nous rappelle qu'à 80 ans, il a encore ce petit je-ne-sais-quoi qui nous faire vibrer.

Qu'importe l'âge, l'évolution mainstream, la «machine à tubes». Avec Hackney Diamonds, les Rolling Stones prouvent qu'ils sont encore dans le coup, qu'ils sont encore là. Pour combien de temps? Les rockers ne sont pas immortels. Leur légende et leur héritage, si.

Des papas tristes qui emmènent leur fille en concert

1 / 21
Des papas tristes qui emmènent leur fille en concert
source: sadanduseless
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Europa-Park inaugure une attraction de tous les records
Avis aux accros de l'adrénaline: à Europa-Park, un nouveau grand huit bat plusieurs records. Voici ce que le «Voltron Nevera» offre aux visiteurs.

Europa-Park demeure l'un des parcs d'attractions les plus populaires au monde. Sur une surface d'environ 950 000 mètres carrés, les visiteurs peuvent profiter de plus d'une centaine de manèges, répartis dans 19 zones thématiques. Et voilà qu'une nouvelle attraction fait son entrée à Rust, dans le Baden-Wüttemberg.

L’article