Voici les détails croustillants du banquet de Trump et Charles III
C'est une soirée vouée à rester dans les mémoires. Et pas seulement parce qu'un Donald Trump, rayonnant et à l'ego gonflé à bloc, a clamé pendant son discours qu'il s'agissait là du «plus grand honneur de sa vie». Non. Car, à l'intérieur de la St George’s Hall du château de Windsor, ce mercredi soir, c'est tout le gratin technologique et entrepreneurial occidental qui s'est réuni pour trinquer - et parler business.
Les convives
Voyez plutôt: 160 convives, 1452 couverts (donc cinq verres par personne) cliquetant entre les doigts de magnats du monde des médias, de la finance, de la politique et de la technologie.
Outre la famille royale britannique, le gouvernement britanniques et plusieurs membres du clan Trump, citons ainsi Sam Altman, le roi de l'intelligence artificielle et directeur d'OpenAI, Satya Nadella, le patron de Microsoft ou encore Tim Cook, à la tête d'Apple.
Plus étonnant? La présence à la table de 42 mètres de long de Rupert Murdoch, l'impitoyable magnat médiatique de 94 ans, placé soigneusement hors de vue de Donald Trump. Et heureusement, puisqu'en juillet, le président américain a intenté une action en justice à hauteur de 10 milliards de dollars contre l'un de ses titres, le Wall Street Journal, dans le cadre de révélations dans l'affaire Jeffrey Epstein. De quoi causer une certaine gêne dès l'apéritif, vous en conviendrez.
A noter qu'on ne sait vraiment pas qui a eu la drôle d'idée d'inviter le nonagénaire australien, puisqu'il entretient également des liens difficiles avec la famille royale.
Plus tôt cette année, le prince Harry a reçu des «excuses sans équivoque» de la part de son groupe, NGN, après une «grave intrusion» dans sa vie privée. Selon le Telegraph, il était assis du même côté de la table que la reine Camilla et que William, le prince de Galles, mais «beaucoup plus loin à leur gauche». Ouf.
Le menu
Venons-en à la nourriture qui a régalé toutes ces têtes couronnées et autres milliardaires. Un menu (rédigé en français) étonnamment léger et raffiné, compte tenu du goût prononcé de l'invité d'honneur pour le fast-food et la viande rouge. Une «panna cotta au cresson du Hampshire avec sablé au parmesan et salade d'œufs de caille» faisait office d'entrée.
S'en est suivi une «ballotine de poulet Norfolk bio enveloppée de courgettes avec un jus infusé au thym et au salé», en guise de plat de résistance, avant de s'achever sur «une bombe de glace à la vanille avec un intérieur de sorbet à la framboise du Kent et des prunes Victoria légèrement pochées».
Selon le Daily Mail, l'équipe de Donald Trump n'a apparemment pas formulé de demandes particulières concernant la nourriture - ce qui a surpris jusqu'aux membres de la presse de la Maison-Blanche.
La carte des alcools était également alléchante, avec quatre vins proposés, un cocktail spécial (un whisky sour sur mesure, garni d'une guimauve grillée posée sur un biscuit en forme d'étoile, pour le clin d'œil), ainsi que deux digestifs exceptionnels: un porto millésimé de 1945, l'année la plus proche de la naissance du président (il n'y avait pas de millésime lorsqu'il est né en 1946, mais, à défaut cela rappelle qu'il est le 45e président des Etats-Unis), et un cognac de 1912, l'année de naissance de la mère de Donald Trump, Mary, d'origine écossaise.
Ironique, quand on sait que Donald Trump lui-même ne boit pas une goutte d'alcool. Mais c'est l'intention qui compte, à ce qu'on dit.
La playlist, elle, aura peut-être davantage régalé le président américain: entre un medley de James Bond, l'Ave Maria et Tiny Dancer d'Elton John, plusieurs morceaux interprétées lors de ses meetings de campagne ont été diffusés pendant la soirée.
Les tenues
La révélation des looks des convives faisait évidemment partie des grands moments de ce banquet. Logique, puisque deux des femmes les mieux habillées du monde étaient présentes: Kate Middleton, et Melania Trump. Autant vous dire que c'était un festival. Oubliez le «quite luxury» en vogue chez les nantis - bonjour le bling, le too-much et le clinquant.
C'est sans doute la première dame américaine qui rafle la palme (d'or) des commentaires, dans une robe Carolina Herrera au «jaune beurre» si vif que (je cite le Telegraph), on aurait pardonné aux autres invités d'avoir «enfilé des lunettes de soleil pour la voir». Le tout accessoirisé d'une ceinture lavande.
S'ils saluent un choix «audacieux», la plupart des spécialistes se sont accordés sur le fait que c'était peut-être... beaucoup. Trop.
La princesse de Galles n'était pas en reste: comme un clin d'œil à l'imposante résidence de Palm Beach des Trump, Mar-a-Lago, Kate portait un manteau à col montant en dentelle d'or brodé à la main, créé par la créatrice britannique Phillipa Lepley, spécialisée dans les robes de mariage.
Quant à la reine Camilla, elle a assorti sa robe bleu cobalt déjà arborée plusieurs fois avec un diadème en saphir belge de Van Cleef & Arpels et un collier en diamants Greville.
Le discours (et les confessions)
Comme il n'y a pas que les belles robes et les diamants dans la vie, venons-en aux prises de parole. La soirée a été rythmée par plusieurs discours. On vous épargne les platitudes, les flagorneries et les quelques inexactitudes qui n'ont pas manqué de ponctuer les allocutions de Donald Trump et de son hôte, mais on soulignera quand même la pique à l'égard du fils cadet du roi Charles.
En effet, après avoir copieusement loué Sa Majesté pour avoir élevé un «fils remarquable», William, le président américain s'est consciencieusement abstenu de mentionner le second fils (absent), Harry, avec lequel il entretient des liens, disons... beaucoup plus tendus.
Du côté du Charles, on apprendra que, dans les années 70, le président Richard Nixon (que l'on disait «obsédé» par la famille royale britannique), avait tenté d'arranger un mariage entre l'héritier du trône et sa fille, Tricia.
Le comportement de Trump
Enfin, à noter que, face à tant d'attentions, même Donald Trump a été soufflé par cette démonstration de faste. Au point que, à l'instar de sa dernière visite d'Etat en 2019, le président de 79 ans était manifestement déterminé à se tenir tranquille, faire preuve de prudence et maintenir un silence «poli et digne», juge le Daily Mail.
Il s'est montré tout aussi respectueux lorsque, plus tôt dans la journée, sa femme et lui ont rendu hommage à la tombe d'Elizabeth II dans la chapelle Saint-Georges. Le couple a passé dix minutes à l'intérieur de la petite chapelle commémorative du roi George VI, sans gardes ni caméras.
Donald Trump semblait si satisfait de toute cette affaire qu'il n'a même pas semblé gêné le moins du monde lorsque Charles III a profité de son propre discours pour glisser ses inquiétudes sur les questions environnementales et la nécessité de soutenir l'Ukraine de Volodymyr Zelensky.
C'est précisément la réaction que le roi et son gouvernement espéraient susciter. Le charme royal ayant fait son œuvre, la balle est désormais dans le camp des politiciens. Il faut toutefois s'attendre à ce que le ton présidentiel revienne à la normale aujourd'hui, une fois que Donald Trump et Sir Keir Starmer devront causer politique à Chequers.