International
Charles III

Charles III en France: une histoire d'amour envers les Gaulois

Depuis sa première visite en 1968, Charles III a effectué d'innombrables séjours en France, dont il est aussi friand que le fromage et le winsurf.
Depuis sa première visite en 1968, Charles III a effectué d'innombrables séjours en France, dont il est aussi friand que le fromage, les huîtres et le winsurf à Deauville.MONTAGE: WATSON

Entre drames et windsurf, la relation trépidante de Charles avec la France

Après un rendez-vous manqué en mars, Sa Majesté Charles III s'apprête à poser ses valises à Paris, ce mercredi, pour s'enfiler macarons et grands crus bordelais à Versailles, aux côtés d'Emmanuel Macron. Retour sur la longue histoire d'amour qui lie le roi francophile et la France, ponctuée d'autant de drames que de séances de windsurf.
19.09.2023, 18:5420.09.2023, 08:54
Suivez-moi
Plus de «International»

L'ambiance n'est pas à la fête, ce jour de mai 1972, lorsque Charles se présente devant un somptueux hôtel particulier du Bois de Boulogne, au cœur du 16ᵉ arrondissement de Paris.

Une visite sinistre

Flanqué de ses parents, la reine Elizabeth et le prince Philip, le jeune héritier de 23 ans a une tâche délicate. Adresser un dernier adieu à son grand-oncle, Edward VIII, atteint d'un cancer en phase terminale. Près de 40 ans plus tôt, l'ex-roi a provoqué un scandale mondial en renonçant au trône d'Angleterre pour épouser l'élue de son coeur, Wallis Simpson, une Américaine maintes fois divorcées. Depuis, le couple se royaume dans son exil parisien.

Le moment est solennel, froid, plus protocolaire que sincère. Charles racontera bien plus tard à son biographe officiel l'amertume qui étrangle encore ce duc de Windsor mourant, toujours «expansif», bien que presque incapable de parler. Au bout de 45 minutes, le jeune homme est «soulagé» d'échapper à l'atmosphère pesante de la villa Windsor pour faire le tour de la capitale française, en pleine nuit.

La sulfureuse villa Windsor, dans le 16e arrondissement de Paris, et lieu d’exil du duc et la duchesse, après leur départ du Royaume-Uni.
La sulfureuse villa Windsor, dans le 16e arrondissement de Paris, et lieu d’exil du duc et la duchesse, après leur départ du Royaume-Uni.

Paris, l'une des villes de cœur de Charles. Au fil du temps et de ses dizaines de visites (on en dénombre 35, officiellement), son amour pour la France ne s'est jamais démenti. Ce mercredi, l'homme qui est désormais roi s'apprête à y revenir pour sa première visite officielle en tant que souverain. Un rendez-vous tout aussi attendu par le président Emmanuel Macron, après une annulation frustrante à la toute dernière minute, au mois de mars.

Drames et bronzette

C'est en 1968 que Charles fait connaissance avec la République, quatre ans avant la sinistre visite sur le lit de mort de son aïeul. L'héritier du trône britannique a 19 ans, c'est un étudiant un peu gauche qui s'est pris de passion pour l'archéologie et l'ethnographie.

Comme tout bon jeune aristocrate qui se respecte, il s'est lancé dans le Grand Tour, un voyage initiatique de rigueur à travers l'Europe et donc la France pour en découvrir les vestiges, sous la supervision de ses professeurs de l'université de Cambridge. Tombeaux, abbayes, grottes, plateaux de fruits de mer et virées en bateau du côté de L’Île-aux-Moines: Charles devient un francophile assumé en moins de temps qu'il n'en faut pour gober une huître.

Charles en pleine visite à l’abbaye de Fontevraud, la nécropole des Plantagenêts, pour dire bonjour à ses lointains ancêtres.
Charles en pleine visite à l’abbaye de Fontevraud, la nécropole des Plantagenêts, pour dire bonjour à ses lointains ancêtres.getty

Francophile, mais aussi francophone. Sa reine de mère y a veillé. Comme il est de bon ton de pouvoir blablater en français dans les cours d'Europe, Elizabeth a insisté pour que son fiston et digne successeur apprenne la langue de Molière dès l'âge de six ans. La monarque elle-même s'exprimait dans un français des plus respectables, toujours nappé de ce nuage onctueux d'accent british.

C'est donc en France que le jeune Charles effectue son premier voyage diplomatique solo, en 1970. A deux jours de fêter ses 22 ans, mèche lissée et mine grave de circonstance, il représente la Couronne aux funérailles nationales organisées pour Charles de Gaulle en la cathédrale Notre-Dame. Il fallait bien ça pour faire plaisir à sa grand-mère, «Queen Mum», qui vouait un véritable culte au général disparu. Presque autant que le champagne rosé.

Charles, l'air grave, mais surtout en grande conversation avec son voisin.
Charles, l'air grave, mais surtout en grande conversation avec son voisin.getty

Dès lors, le futur Charles III reviendra dans l'Hexagone presque chaque année. Beaucoup d'obligations officielles, commémorations, évènements militaires, où l'uniforme, le sérieux et un petit discours en français sont de rigueur, mais aussi de nombreuses escapades privées.

C'est ainsi qu'on peut voir apercevoir le prince jouer au polo, parader aux côtés des célébrités au Club 13 Normandie, s'entraîner au windsurf ou faire le beau sur les plages de Deauville dès le milieu des années 1970.

Un Charles fringuant, au premier plan, en pleine trempette à Deauville.
Un Charles fringuant, au premier plan, en pleine trempette à Deauville.getty images

Quelques années plus tard, on peut apprécier les pectoraux princiers du côté du Vaucluse, entre les cyprès du château du Barroux, à une trentaine de kilomètres d’Avignon. Quand ce n'est pas dans la piscine, c'est dans un recueil de poésie ou une peinture à l'aquarelle que le prince rêveur aime se plonger.

Parmi d'autres talents, dont le jardinage, Charles est féru de peinture.
Parmi d'autres talents, dont le jardinage, Charles est féru de peinture.getty

Une fois marié avec Lady Di, le prince ne déroge pas à la tradition de l'été dans le Sud. En 1987, le couple royal fait sensation sur les marches du Festival de Cannes. Lorsque leurs querelles prennent le pas sur les paillettes, c'est toujours dans la propriété de sa «marraine», la baronne Louise de Waldner, que Charles court s’abriter du tumulte médiatique de son divorce.

En 1995, en pleine bronzette, sur le domaine de sa marraine.
En 1995, en pleine bronzette, sur le domaine de sa marraine.getty

C'est toujours en France que se joue l'un des épisodes les plus dramatiques de la vie du futur roi. Le 31 août 1997, un Charles paniqué fait le voyage jusqu'à Paris pour récupérer la dépouille de son ex-femme, la mère de ses deux enfants, après son dramatique accident du pont de l’Alma. Le président Jacques Chirac s'occupera personnellement du rapatriement du corps. On dit que le prince de Galles n'a jamais oublié ce gage d'entente cordiale entre la France et son pays.

Pourtant, il ne se rendra plus à Paris pendant six ans.

Et il faudra attendre cinq années supplémentaires, avant que le prince n'emmène sa nouvelle femme, Camilla, pour une rencontre avec Nicolas Sarkozy et Carla Bruni à l’Elysée.

Au menu de mercredi

Huit ans après son dernier voyage officiel, Charles III s'apprête enfin à reposer son royal pied en France. Après leur «date» manqué au printemps dernier, crise sociale oblige, Emmanuel Macron a tout intérêt à mettre les bouchées doubles pour faire de cette rencontre un succès diplomatique.

Avant une escale par Bordeaux, le programme parisien de Charles et Camilla, ce mercredi, s'annonce fourni: cérémonie en grande pompe à l’Arc de Triomphe, descente des Champs-Elysées sous les hourras du bon peuple français, rendez-vous de travail à l'Elysée et, enfin, visite du chantier de restauration de Notre-Dame.

Evidemment, cette première étape ne saurait se conclure dignement sans une bonne bouffe. Qui dit monarchie, dit évidemment, château de Versailles. Un dîner d’Etat «exceptionnel» attend Charles III et quelque 150 autres invités triés sur le volet dans la célèbre galerie des Glaces. Le roi et le président français, qui entretiennent «une relation extrêmement chaleureuse» (parole de Stéphane Bern!) seront assis côte à côte, au centre, avec leurs épouses. On devrait parler français, susurre un conseiller de l'Elysée au Parisien.

La table dressée pour le président Kennedy dans la galerie des Glaces, en juin 1961.
La table dressée pour le président Kennedy dans la galerie des Glaces, en juin 1961. image: château de Versailles

Allez, et on ne résiste pas à la tentation de vous dérouler le menu. Un véritable secret d'Etat, qui a fait l'objet de multiples allers-retours entre l'Elysée et Buckingham Palace. Pendant ce temps, les spéculations vont bon train. Charles III, qui s'astreint à un régime végétarien deux jours par semaine, va-t-il réclamer un plat végétarien?

Nos confrères de Paris Match et du journal Le Point ont fini par assouvir notre curiosité ce lundi. La cheffe triplement étoilée Anne-Sophie Pic assurera l'entrée en matière, avec un «tourteau de casier et homard bleu, voile d'amandes fraîches». Puis au tour du chef Yannick Alléno, responsable du plat principal, de ravir ses invités avec sa «volaille de Bresse pochée, marinée dans du champagne avec une extraction de maïs rôti, et un gratin de cèpes».

Finalement, c'est le mythique pâtissier Pierre Hermé qui servira, sur demande de Brigitte Macron, une version retravaillée de son Ispahan, un macaron aux framboises fraîches servi sur assiette. Et c’est sans oublier l'indispensable intermède fromage.

Une chose est sûre: pas de foie gras à la table de Charles III. Tout francophile qu'il est, le monarque soucieux du bien-être animal n'a pas hésité à bannir cette spécialité emblématique des menus de Buckingham Palace. Heureusement, en revanche, le bon roi consomme toujours des huîtres. On aurait frisé le conflit diplomatique.

Les gardes de Charles III ont du mal avec la chaleur
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Le mineur soupçonné d'avoir tué Matisse mis en examen avec sa mère
Le jeune Matisse, 16 ans, aurait reçu des gifles de la part de la mère du tueur soupçonné. Celui-ci a été mis en examen pour meurtre.

Un adolescent de 15 ans a été mis en examen lundi soir pour «meurtre» et placé en détention provisoire, deux jours après le meurtre à l'arme blanche du jeune Matisse à Châteauroux, a annoncé lundi dans un communiqué le parquet de Bourges.

L’article