C'est officiel! Le Maine rejoint le Colorado en déclarant que Donald Trump «n'est pas apte à la fonction de président». L'annonce est tombée jeudi de la secrétaire démocrate de l'Etat, Shenna Bellows, chargée de l'organisation des élections. Une décision prise en vertu du 14e amendement de la constitution, qui exclut de toute responsabilité publique les personnes s'étant livrées à des actes d'«insurrection».
«Je n'arrive pas à cette conclusion à la légère», ajoute Shenna Bellows dans un document judiciaire, estimant que l'assaut du Capitole en 2021, a été commis «sur ordre, en toute connaissance et avec le soutien du président sortant».
Cela dit, rien n'est fait. La décision sera «suspendue» en cas de contestation judiciaire, a précisé Shenna Bellows. Ce qui devrait être le cas, à en croire un porte-parole de Donald Trump. Il a annoncé dans la foulée la volonté du milliardaire de contester en justice la décision. Cette dernière pourrait faire l'objet d'un recours final devant la cour suprême des Etats-Unis.
De son côté, l'intéressé a condamné une décision prise selon lui par «une gauchiste radicale», «ardente partisane» de Joe Biden. «Nous assistons en direct à une tentative de vol d'une élection et à la privation du droit de vote de l'électeur américain», a vociféré Donald Trump, via son équipe de campagne.
Si elle est effectivement appliquée, la décision de Shenna Bellows pourrait être lourde de conséquences en cas de présidentielle serrée. En 2020, en effet, Donald Trump avait remporté l'un des grands électeurs (chargés d'élire le président et le vice-président américain) du Maine.
Plusieurs procédures ont été lancées dans divers Etats du pays pour barrer la route au grand favori des primaires républicaines. C'est notamment le cas du Colorado la semaine passée, premier Etat à tenter de déclarer Donald Trump inéligible en raison de ses agissements lors de l'assaut du Capitole. Les Etats du Michigan et du Minnesota, eux, ont rejeté cette possibilité.
La décision du Maine, comme celle du Colorado, ne porte à ce stade que sur les primaires républicaines, prévues le 5 mars parmi une quinzaine d'Etats, lors du «Super Tuesday».
De nombreux élus républicains ont condamné cette nouvelle décision d'inéligibilité. C'est le cas de la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, dans un post sur le réseau social X, appelant à «annuler» cette décision. «Les électeurs du Maine devraient pouvoir décider de qui gagne l'élection, pas la secrétaire d'Etat», a-t-elle fustigé.
Maine voters should decide who wins the election – not a Secretary of State chosen by the Legislature.
— Sen. Susan Collins (@SenatorCollins) December 29, 2023
The Secretary of State’s decision would deny thousands of Mainers the opportunity to vote for the candidate of their choice, and it should be overturned.
En biffant le nom de Donald Trump des bulletins pour les primaires républicaines en 2024, les juges du Colorado se sont dit «conscients d'avancer en terre inconnue». Le président Joe Biden avait également réagi à cette décision en jugeant que Donald Trump avait «assurément soutenu une insurrection». «Il n'y a aucun doute là-dessus, aucun», avait-il déclaré.
Le parti républicain du Colorado a demandé mercredi à la cour suprême des Etats-Unis de réexaminer cette décision, ce qui pourrait permettre de trancher le sujet dans tous les Etats où des procédures similaires ont été initiées.
A la suite de ce recours, la secrétaire d'Etat du Colorado, Jena Griswold, a annoncé qu'elle inclurait Trump au scrutin primaire avant la date limite de certification du 5 janvier - à moins que la Cour suprême ne confirme la décision du tribunal inférieur ou ne refuse de se saisir de l'affaire. En attendant, les bulletins inclureront encore le nom de l'ex-président Trump, dans le Colorado, comme dans le Maine. (mbr/ats)