Elle l'avait promis, juré, craché. La politique, cet univers «très sombre» et qu'elle «déteste», la fille du président Donald Trump s'en tiendra désormais à bonne distance. Après quatre ans passés à la Maison-Blanche en sa qualité de haute conseillère, la first daughter a pansé ses plaies et les traumatismes sous le soleil de Miami. Et elle n'est plus prête à «payer le prix» de ce business.
«Il y a une part d’obscurité dans ce monde que je ne veux vraiment pas accueillir dans le mien», glissait Ivanka de sa voix basse et légèrement rocailleuse, formelle, en janvier dernier, sur les ondes d'un podcast.
Un «marais» dans lequel elle a pourtant replongé cette semaine. Les deux pieds en avant. Pas seulement pour le long discours d'1h30 de son père devant le Congrès, mardi soir. «48 heures à DC!» a-t-elle spécifié dans un post Instagram, ponctué de tendes clichés avec son géniteur, dans la capitale américaine. 48 heures aux faux airs de réunion de travail. Comme en atteste ce cliché en noir et blanc, où le couple d'ex-conseillers principaux campe auprès de son ancien patron.
Sacré revirement, après des années passées publiquement loin, le pus loin possible, de Donald Trump. On aurait presque tendance à l'oublier, mais après sa défaite électorale de 2020 et l'insurrection du 6-Janvier, le milliardaire n'était rien de moins qu'un pestiféré. Ivanka Trump et Jared Kushner, eux, ont quitté Washington DC couverts de déshonneur. Honnis dans les cercles plus volontiers démocrates et progressistes qu'ils fréquentaient avant 2017.
En exil, à force de patience et de discrétion, bien à l'abri sur son île exclusive d'Indian Creek, à Miami, dans une villa de 24 millions de dollars, le couple s'est reconstruit.
Lui, en lançant Affinity Partners, une société de capital-investissement qui l'a rendu milliardaire. Profitant de sa notoriété et des relations acquises à la Maison-Blanche, Jared Kushner a récolté la majeure des 3,1 milliards de dollars de fonds au Moyen-Orient - notamment des Emirats arabes unis, du Qatar et d'Arabie saoudite.
Elle, en se concentrant sur ses activités philanthropiques, l'éducation de leurs trois enfants et une vie professionnelle plus discrète qu'à l'époque où la fille aînée de Donald Trump était chargée du développement et de l'acquisition d'hôtels pour le compte de la Trump Organization.
«Javanka», ainsi surnommé, semble aujourd'hui bien installé dans son nouveau quotidien floridien. Une vie gorgée de soleil, rythmée par les voyages à Paris, de vastes projets immobiliers d'hôtels en Albanie, de séances de fitness, d'après-midi de jet-ski en famille et des soirées au Kaseya Center de Miami, pour un match des Heat.
On comprend mieux leur réticence à s'embarquer pour une nouvelle campagne, puis un nouveau mandat présidentiel. Ces deux dernières années, Ivanka comme Jared n'ont à aucun moment cessé de répéter à qui voulait bien l'entendre leur intention de se tenir à l'écart de ce cirque.
Se pourrait-il donc, malgré tout, qu'ils soient tentés de remettre le couvert? De regoûter à l'ivresse du pouvoir? Après tout, on sait désormais qu'en privé, Jared et Ivanka n'ont jamais cessé d'entretenir un lien personnel très étroit avec Donald Trump. Même au plus profond de sa déchéance.
Outre des conversations régulières au téléphone, Jared et Ivanked ont avalé régulièrement les quelque 114 kilomètres qui séparent Miami du manoir de Mar-a-Lago, à Palm Beach, pour une partie de golf occasionnelle. Selon le Daily Mail, le clan Trump s'est également réuni tous les étés dans leur maison sur le Trump's National Golf Club à Bedminster, dans le New Jersey, pour échapper à la chaleur écrasante de la Floride et profiter des commodités de la propriété.
Pour l'instant, c'est surtout un rôle de «conseiller informel» que jouerait Jared Kushner auprès du 47e président - à distance depuis son bureau de Miami, l’océan Atlantique en guise d'arrière-plan. Il se contente d'être «là pour aider et conseiller pleinement» son beau-père et son équipe, jurait-il l'automne dernier au Wall Steet Journal.
«Très, très proche» de la nouvelle cheffe de cabinet de Trump, Susie Wiles, avec laquelle il parle régulièrement, le gendre de Donald Trump serait toutefois bien plus qu'un conseiller passif. Selon une source proche de son travail auprès de Reuters, Jared Kushner aurait pesé dans le choix de membres du cabinet et servi de guide pendant la transition.
Mais c'est surtout dans la stratégie de Donald Trump au Moyen-Orient qu'il est amené à jouer un rôle décisif, lui qui avait contribué à négocier une série d’accords de normalisation entre Israël et les pays arabes lors du premier mandat présentiel.
Jared Kushner a notamment dispensé ses bons conseils auprès de Steve Witkoff, un ami et donateur de longue date de Donald Trump, dans son nouveau poste d’envoyé spécial au Moyen-Orient. «Il s'est concentré sur la mise à niveau de Steve sur le dossier et sur l'aide à Steve avec la stratégie», poursuit la source de Reuters.
Quant à Ivanka, elle jure que son seul rôle se limitera pour l'instant à celui de support émotionnel, en tant que fille. «D'être là pour lui permettre de se changer les idées, de regarder un film avec lui ou de regarder un match de sport», a-t-elle affirmé en janvier dernier sur le podcast de Skinny Confidential.
Après tout, comme Ivanka le décrit très bien, le job de président des Etats-Unis est «la position la plus solitaire au monde»: «L'énormité des décisions que vous prenez au quotidien, la façon dont tout le monde est transactionnel avec vous».
Il n'empêche que 48 heures, c'est un peu long pour se contenter de câlins et de familiarités. En particulier à la Maison-Blanche. Un couple aussi ambitieux qu'Ivanka Trump et Jared Kushner le sait mieux que quiconque. Reste à savoir combien de temps ils se contenteront d'agir dans l'ombre.