Il semble loin le temps où le jeune Don Jr. refusait d'adresser la parole à son père, reniait son nom et refusait d'être reconnu comme un Trump. Ce temps où il faisait tout pour énerver son géniteur milliardaire. Quitte à délaisser New York pour la chasse au cerf, le ski et un poste de barman dans un bled paumé du Colorado, au début des années 2000.
Après le cliché de l'ado rebelle, le fils aîné de Donald Trump a longtemps dû se contenter du rôle de pom-pom girl. Il a passé le premier mandat présidentiel, entre 2016 et 2020, loin de Washington. Réduit à observer à distance l'influence de sa cadette, Ivanka Trump, et de son beau-frère, Jared Kushner, à la Maison-Blanche.
Ce temps est révolu. Après plusieurs années de bons et loyaux services, Don Jr. n'est plus seulement le fantassin enthousiaste de papounet. C'est désormais un conseiller de premier plan. Voire un héritier politique.
Ce n'était pas faute pour le «fauteur de troubles» autoproclamé de la fratrie d'avoir forgé ses convictions conservatrices bien avant le reste de la troupe. Des convictions acquises grâce à son poste dans la Trump Organization, qui lui a donné le goût des impôts faibles. Et ses week-ends dans la nature, celui des armes à feu.
Mais Don Jr. a longtemps été mis de côté au profit de sa cadette, la «petite fille chérie». Lui, le mâle alpha par excellence, celui que l'on pensait tout juste bon à s’acharner à coups de tweets frénétiques contre la gauche, se mettre dans la mouise, voire papoter pêche et gibier avec des trumpistes en pleine cambrousse.
Don Jr. s'est révélé sur le tard, au terme du premier mandat. En sillonnant le pays et près d'une vingtaine d'Etats pour la campagne de réélection, il se découvre un réel talent: faire campagne.
Aussi à l'aise avec un électeur de l'Ohio qu'un riche et influent donateur, il cultive son sens inné du trolling, des discours électrisants et des interviews brûlantes. Bref, le voilà devenu un véritable héros et phénomène de l'alt-right.
Face à cette base solidement acquise à sa cause et aux millions de dollars récoltés, Donald Senior se voit bien obligé d'admettre - et d'apprécier - la valeur politique de ce fils turbulent, plus extrême et trumpiste que lui. Ça tombe bien. Au moment où Don a fait ses preuves, Ivanka et Jared s'exilent en Floride et laissent une place vacante au près de l'ancien président.
Aujourd'hui, Don Jr. campe donc un rôle de choix. Témoignage de son influence, il a lourdement pesé sur le choix du sénateur JD Vance comme colistier sur le ticket républicain, annoncé lundi soir lors de la Convention nationale à Milwaukee. L'écrivain est devenu son partner in crime et un compagnon idéologique. Voire son «meilleure ami», glisse une source au tabloïd Page Six.
«Ils s'envoient des textos ou discutent presque tous les jours, et ils essaient de se voir s'ils se trouvent dans la même ville», confiait des proches au New York Times en avril dernier.
Alors que de nombreux observateurs politiques voient en JD Vance un possible candidat républicain pour l'élection présidentielle de 2028, nul doute que Don Jr. a une possibilité à saisir. Une hypothèse circule d'ailleurs chez les initiés, dans le cas où le colistier de 39 ans finit par se présenter à son tour à la présidence des Etats-Unis:
Avant de voir aussi loin, l’influence de Donald Junior pourrait déjà laisser une empreinte majeure sur la prochaine administration Trump, en cas de victoire. «Il veut s'assurer que les bonnes personnes seront placées à de bons postes», glissent des proches de la famille auprès de NBC News.
Quel que soit l'issue de l'élection présidentielle, il faudra continuer de composer avec les Trump encore longtemps. Un nom et un élément incontournable de la vie politique américaine. Peut-être pour des générations.