Trump a signé un plan secret visant à «détacher» quatre pays de l'UE
Le ministre de l'Economie, Guy Parmelin, en a reçu la confirmation des Etats-Unis mercredi: le gouvernement Trump réduira les droits de douane pour la Suisse à 15%, comme promis.
L'annonce est tombée le même jour que l'élection du Vaudois à la présidence de la Confédération et cela ne doit rien au hasard. Son département s'était mis d'accord avec Washington.
La stratégie américaine à l'œuvre en Suisse
Ceci démontre deux choses: premièrement, Trump a manifestement conscience que la réduction des droits de douane est importante pour le succès personnel du conseiller fédéral UDC.
Deuxièmement, que les Etats-Unis semblent désormais vouloir faire en Suisse ce qu'ils font partout ailleurs en Europe: soutenir les idéologues proches de Trump. Et dans notre pays, cela correspond aux élus UDC.
On y trouve plus d'admirateurs du républicain que nulle part ailleurs. Et aussi plus d'opposants à l'UE que nulle part ailleurs.
Objectif: Autriche, Hongrie, Pologne et Italie
Promouvoir activement ces forces en Europe fait partie de la nouvelle stratégie américaine en matière de sécurité. Elle porte la marque du vice-président, JD Vance, et du conseiller de Trump, Stephen Miller. Près d'une semaine après sa publication, un document à ce sujet continue de susciter l'inquiétude.
Les Etats-Unis y prédisent «l'extinction civilisationnelle» du Vieux Continent. Ils considèrent l'UE comme l'un des principaux problèmes européens, car elle saperait la souveraineté des Etats-nations.
Dans une annexe publiée mardi, les stratèges vont encore plus loin. Ils citent concrètement quatre pays sur lesquels ils souhaitent se concentrer pour les «détacher» de l'UE. Il s'agit de l'Autriche, de la Hongrie, de la Pologne et de l'Italie, selon le site américain Defense One, qui cite cette annexe.
De toute évidence, les Etats-Unis voient dans ces quatre pays de potentiels candidats à une sortie de l'UE. L'objectif:
En Autriche, le Parti libéral autrichien (FPÖ), populiste de droite et hostile à Bruxelles, est dans le viseur. La question est d'autant plus sensible que la formation n'est actuellement pas au pouvoir, mais dans l'opposition. Si Washington mettait son plan à exécution, elle contribuerait à un changement de gouvernement dans le pays alpin.
Il en va de même pour la Pologne, où le gouvernement du Premier ministre, Donald Tusk, a renoué avec la voie pro-européenne il y a deux ans. Cette approche de «changement de régime» contredit évidemment le retour américain à la «doctrine Monroe», qui prévoit notamment la non-ingérence en Europe.
Une politique européenne grossièrement comprise
Globalement, on remarque à quel point les Etats-Unis ont une vision simpliste de la situation politique du continent. Pour la Hongrie, les conseillers de Trump misent sans réserve sur le Premier ministre Viktor Orban, dont le gouvernement risque le renversement lors des élections d'avril prochain. Le parti d'opposition Tisza devance Orban de dix points dans les sondages.
De plus, même si Orban ne cesse de critiquer Bruxelles, 82% de ses compatriotes estiment que la Hongrie tire profit de son appartenance à l'UE. En Pologne, ce chiffre atteint même 85%. Il sera donc difficile que ces membres rétropédalent.
On ne sait pas exactement ce que les Américains pensent de l'Italie. Seulement que Trump apprécie la Première ministre Giorgia Meloni. Dans le même temps, depuis son arrivée au pouvoir, celle-ci semble avoir rangé son scepticisme envers l'UE au placard. Cela s'explique sans doute par les près de 200 milliards d'euros d'aide économique que l'Italie reçoit du fonds de relance pour lutter contre le Covid-19.
Mais Washington souhaite peut-être aussi soutenir Matteo Salvini, rival de Meloni. Ce dernier admire non seulement Trump, mais aussi Vladimir Poutine, et ce, depuis longtemps.
Les services secrets danois sont inquiets
Quoi qu'il en soit, l'Europe s'adapte aux nouveaux objectifs de politique étrangère de Trump. Cela vaut également pour les services de renseignement, qui perçoivent de plus en plus le grand pays comme une menace pour la sécurité. Le rapport annuel des services secrets danois, publié mercredi, indique:
Et mardi, Sinan Selen, le chef des services allemands, a déclaré que rien ne laissait songer que les Etats-Unis avaient rompu avec l'Europe. Il appelle néanmoins à clarifier la stratégie de sécurité le plus rapidement possible:
Donald Trump est-il lui-même en mesure de répondre à cela? La question se pose. Son ancien conseiller à la sécurité, John Bolton, doute qu'il n'ait jamais lu ce qu'il a signé. Il ne s'intéressait déjà pas à la stratégie de sécurité nationale lors de son dernier mandat. Selon Bolton, «de toute façon, il se moque de ce genre de documents».
“I will predict with total certainty that Trump hasn’t read this national security strategy. He signed an introduction to it. I doubt he read the introduction. He doesn’t care about it, anyway. He doesn’t have a philosophy. He, himself, doesn’t have a design for American national… pic.twitter.com/nG7cjXmQvP
— Charlotte Clymer 🇺🇦 (@cmclymer) December 9, 2025
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)
