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Ouragan Helene: «Ne dormez pas au premier étage ce soir»

Ouragan en Floride: «Ne dormez pas au premier étage ce soir»

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La petite ville de Fort Myers s'apprête à vivre une nuit agitée, ce 25 septembre, alors que l'ouragan Helene approche des côtes de Floride.IMAGE: WATSON
Alors que l'ouragan Helene est sur le point de déferler sur la Floride, la côte ouest de l'Etat est en état d'alerte maximale. Plusieurs comtés ont ordonné aux habitants d'évacuer. Reportage dans la petite ville de Fort Myers, qui panse encore les plaies de la tempête meurtrière Ian, en 2022, où les traumatismes se mêlent au pragmatisme.
26.09.2024, 06:0426.09.2024, 10:29
fred valet, marine brunner - Floride
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Impossible de passer à côté. Le long de l'Alligator Alley, l'autoroute qui traverse la Floride d'est en ouest, les panneaux menaçants se succèdent. La tempête Helene approche. Classée «ouragan majeur» lorsqu'elle frappera les côtes de Floride jeudi, elle promet déjà de faire des dégâts.

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Simples curieux s'abstenir. Sur l'autoroute, les panneaux de prévention sont légion.image: watson

Faisant fi de ces avertissements, c'est à Fort Myers, une petite ville de 86 000 âmes où le passage meurtrier de l'ouragan Ian marque encore les esprits, que nous posons nos valises. Il y deux ans, presque jour pour jour, 97% des bâtiments avaient été endommagés ou détruits.

Ce jeudi, alors que des sacs de sable ont été distribués à travers tout le comté, pour protéger les maisons, les écoles resteront fermées jusqu'à nouvel avis et les habitants sont priés de rester cloîtrés chez eux. Toutes les activités gouvernementales ont été interrompues.

Premiers avertissements

Sitôt posé le pied sur le parking du supermarché, afin de nous approvisionner en chips, barres de céréales et eau potable, le ton est donné. Calme et pragmatique. «J’en ai vécu plein des ouragans!» balaie Joanna. J’ai survécu à Charley en 2003 (L’ouragan le plus violent à avoir frappé les Etats-Unis, depuis Andrew en 1992), avec tous les traumatismes que ça avait pu créer».

«On reste à l’intérieur, on prie Dieu et on attend que ça passe. Je suis de toute façon prête, j’ai tout ce qu’il faut à la maison, des réserves d’eau et de nourriture, sans oublier un générateur de secours»
Joanna

«Je n’arrive plus vraiment à avoir peur, confesse-t-elle. C’est dans nos gènes. Quand on vit sur les côtes de Floride, on apprend à vivre avec. J’ai un bon ami qui est en Californie et, lui, c’est les tremblements de terre. C’est comme ça les Etats-Unis mec!»

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Joanna, rencontrée sur le parking du supermarché de Fort Myers.image: watson

Même son de cloche chez Leslie, la quarantaine, qui organise ce soir-là une «hurricane party» chez elle. Au menu? «Quelques verres, de la nourriture et un petite partie de cartes». Si elle se veut rassurante, elle ne manque pas de nous lâcher un avertissement:

«C’est votre première tempête tropicale en Floride? Surtout, ne dormez pas au premier étage à l’hôtel»
Leslie.

A l'intérieur, le patron du supermarché nous assure que tout restera ouvert, même au plus fort de l'ouragan. «Business as usual». Les étagères d'eau minérale, à quelques mètres de là, semblent vouloir le contredire.

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Les rayons d'eau minérale ont été dévalisés, mercredi après-midi.image: watson

Au rayon charcuterie, Rich, fait calmement des courses «pour quelques jours» seulement. Dans son caddie, où une barquette de fruits frais côtoie une brique de lait, son fils de deux ans et demi se trémousse avec bonne humeur.

Le jeune père de famille se veut rassurant. «Ça va aller! Ian, c'était une autre affaire. On a été privés d'électricité pendant six jours. Avec le petit, qui avait à peine six mois, c'était compliqué. Cette fois-ci, je me fais moins de souci. «Evitez juste la plage», n'oublie-t-il pas d'ajouter, avant de poursuivre son chemin vers les yahourts.

Une ville fantôme

Jeudi, en milieu d'après-midi, le ciel noircit sur Fort Myers. L'air chaud et humide balaie les rues du centre-ville. Pendant que les commerces les plus prévoyants ont déjà aligné les sacs de sable devant leur porte, la plupart des établissements annoncent qu'ils baisseront le rideau à 19h00 tapantes - pour rester portes closes le lendemain.

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«Pour la sécurité de nos hôtes et de notre équipe, nous ne serons pas ouverts à partir de 19h00 ce soir et toute la journée de jeudi», annonce ce restaurant.image: watson
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Les commerces les plus prévoyants ont déjà pallié au risque d'inondations.image: watson

C'est le cas d'Hannah, qui s'apprête à fermer boutique. Même si cette tenancière d'un magasin de glaces ne rouvrira pas avant ce week-end, la jeune femme ne semble pas particulièrement inquiète. «Cette fois, ça n'aura rien à voir avec Ian», promet-elle. «En revanche, surtout, ne roulez pas vers le nord! Ça va être terrible», nous supplie-t-elle en nous tendant son dernier cornet de glace de la journée.

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Hannah derrière son comptoir, à quelques minutes de fermer son magasin pour rentrer chez elle.image: watson

En attendant la tempête, de rares passants profitent encore de vadrouiller dans le centre, avant de se réfugier derrière leurs volets. Parmi eux, Joleen et Haileen. Avec un large sourire, les deux soeurs nous assurent que tout va bien se passer et réitèrent cet éternel conseil. «Vous dormez à quel étage? Le quatrième? Ah, super! Alors pas de problème. Le rez-de-chaussée, ça craint.»

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Joleen et Haileen, tout sourire, malgré l'orage imminent.image: watson

Zach, la trentaine, nous confie qu'il va passer la soirée et la nuit chez ses parents, qui ont une maison au bord de l’eau. «Ils risquent une inondation là-bas, alors on va ranger le bateau et le protéger, pousser les meubles et les recouvrir». Sa petite maison à lui, située downtown, avait été complètement inondée lors de l'ouragan d'il y a deux ans.

«Mais malgré les dégâts et les craintes, je n’imagine pas une seconde à déménager. C’est chez moi, ici!»
Zach.

Quant à Jimmy, la soixantaine, il se dit prêt. «Helene peut venir. J’ai l’habitude, vous savez.» Mais lui aussi frissonne à l'évocation de la catastrophe de 2022.

«A l’époque, je me souviens d’avoir senti le vent tourner, l’eau changer de couleur. Tout est devenu noir. On avait très peur. On sent quand ça va être violent, vous savez»
Jimmy.

«J’ai beaucoup d’amis qui ont perdu tout ce qu’ils avaient. L’eau dépassait nos épaules. Je ne revivrais cela pour rien au monde, mais je suis heureux d’avoir traversé ces épreuves, parce qu’on apprend beaucoup sur soi-même dans ces moments-là», conclut ce vieux briscard avec sagesse. «La nature est puissante et elle nous le rappelle. Peut-être un peu trop en Floride, je trouve, mais c’est la vie, mais il faut rester humble», hausse-t-il les épaules en souriant.

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Jimmy se souvient avec exactitude de ce qui s'était passé en 2022, lors de l'ouragan Ian.image: watson

«Humble». Précisément le mot qui définit le mieux Fort Myers et ses habitants, au pied d'une nuit agitée. Alors qu'Helene se transformait en ouragan de catégorie 1 en fin de journée, mercredi, il atteindra le stade «d'ouragan majeur» de niveau 3 ou 4, au moment de toucher terre jeudi en fin de journée, au nord-est de la Floride.

Et c’est peut-être parce qu’ils savent que, cette fois, le pire ne sera pas dans leurs rues, que quelques irréductibles bars de Fort Myers organisaient des «hurricane hour». Prêts à affronter le pire, gorgés d’humour noir. Comme le ciel.

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image: watson
Ces fois où l'hymne national américain a été massacré
Video: watson
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