Sport
Football

Inter Miami: On a vu Messi sauver les fesses de son club

A l'Inter Miami, où Messi est adulé, le footballeur a gagné contre Nashville pour le plus grand plaisir de ses supports habillés en rose Barbie: on y était.
Adulé au sud de la Floride, Messi a fait le boulot que ses fans attendent de lui: faire trembler les filets. Avec l'énergie d'un très bon comptable sénior à la sérénité rigoureuse.image: Marine brunner

On a vu Messi jouer à Miami et ce n'était pas vraiment du football

Samedi soir, le GOAT a (encore une fois) sauvé l'Inter Miami. Watson est parti en pèlerinage dans un stade tout de rose vêtu et gorgé d'apôtres d'un Dieu qui se sent comme à la maison: «Sans Messi, Miami n'existerait pas et on ne serait pas là». Immersion.
09.11.2025, 23:1609.11.2025, 23:16
fred valet et marine brunner, miami

«No bags!» Un vieil employé nous postillonne devant les portiques. What? Really? Oh, «un porte-monnaie», et encore. Sympa l'accueil. Samedi, 17 heures et des poussières, alors que Lionel Messi est sur le point de sauver les fesses de son club, quelques heures plus tard, sous les larmes de joie de 20 000 soldats roses, le Chase Stadium de Fort Lauderdale est encore une forteresse quasi déserte.

Parfait pour recevoir un brutal rappel: aux Etats-Unis, entrer quelque part n'est jamais une sinécure et la solution est toujours financière.

Notre mauvaise humeur sera alors pansée de la plus absurde des manières, au moment d'abandonner nos effets dans un casier et 20 dollars au passage. En fouillant nos affaires sans y trouver le moindre gun, un agent de sécurité plutôt bonnard comprend alors qu'on râle en français: «Vous êtes de Suisse? Young Boys est une très bonne équipe!»

Allons bon. On se garde évidemment de commenter cette exclamation définitive, mais le monde du football est décidément aussi exigu que ce fichu casier Nº326.

Les abords du Chase Stadium de l'Inter Miami, à Fort Lauderdale.
Les abords du Chase Stadium de l'Inter Miami, à Fort Lauderdale.image: marine brunner

Sinon, il faut avouer que le moral et les premiers cocktails sont bons. Les palmiers crânent devant le coucher du soleil et on a pu facilement attraper deux tickets pour la troisième rencontre du premier tour des playoffs de Major League Soccer, qui oppose Nashville à l'Inter Miami. Pour faire court, après une victoire chacun, le perdant sera éliminé.

Pour 90 dollars, frais compris, nous aurons droit au 17e rang, au fond à gauche, dans ce stade situé à une bonne cinquantaine de kilomètres de Vice City. Pour la petite histoire, dans quelques mois, le GOAT et ses coéquipiers moins célèbres recevront un palais gazonné tout neuf, en plein cœur de la ville.

Le Miami Freedom Park, qui coûtera un milliard de dollars une fois inauguré, a été principalement financé par Sir David Beckham et le milliardaire Jorge Mas, propriétaires de ce «Club Internacional de Fútbol Miami» fondé il y a tout juste sept ans.

L'intérieur de la maison (de préretraite) de Messi, quelques secondes avant le coup d'envoi, samedi soir.
L'intérieur de la maison (de préretraite) de Messi, quelques secondes avant le coup d'envoi, samedi soir.image: marine brunner

Oui, à Miami, on fait pousser du soccer comme des gratte-ciels et, comme le nom du club, tout ici est latino. Avec une population composée à 70% d'hispanophones, le comté de Miami-Dade était sans nul doute la maison de pré-retraite idéale pour l'octuple Ballon d'or, qui vient de prolonger son contrat jusqu'en 2028.

On le comprendra d'ailleurs très vite une fois dans la fan zone, aussi impressionnante et ludique qu'un quartier de Disney World. Le Choripán argentin et la Margarita y relèguent sans vergogne le cheeseburger et la Bud Light, l'espagnol prime sur l'anglais au moment de nous frotter aux premiers supporters venus soutenir Dieu en personne.

«Messi se sent comme à la maison à Miami. C'est le soleil de l'Argentine sans les défauts, avec de bonnes écoles et des hôpitaux de qualité»
Une apôtre du GOAT, emballée dans un maillot de l'équipe nationale

Alors que la foule se densifie à l'approche du coup d'envoi, on ne sait plus très bien si on participe à une pool party, un gender reveal night, à un BBQ géant ou à un match capital pour l'avenir de l'Inter Miami. Les couleurs officielles du club et l'ambiance familiale y sont pour beaucoup.

Des maillots floqués du 10 messianique, aux joues rebondies des gamins, en passant par les jupes à froufrous, les boissons dans les verres et la vie dans la fan zone, tout est rose.

Au point de ne pas pouvoir imaginer des hooligans briser des mâchoires à coups de batte, fringués en light & easy pink: «On n'a pas de hooligans ici. Il y a des ultras, bien sûr, mais ça se contente de chanter en espagnol dans un très bon esprit», nous explique Dave, un natif de Miami qui connait très bien le football européen, pour avoir bossé à Zurich il y a quelques années.

Image
image: marine brunner

Lui et son épouse Jennifer partagent les tongs et le maillot rose, mais aussi une réelle passion pour le soccer. Messi, «oui, forcément», mais le first. S'ils soutiennent l'équipe de Miami, c'est d'abord parce qu'ils y vivent.

«Bien sûr, rien à voir avec la NFL ou le basketball, mais le soccer est de plus en plus populaire aux Etats-Unis. Et c'est grâce aux stars étrangères, Messi et les autres»
Dave

Les statistiques lui donnent raison: aujourd'hui, 57% du vivier de professionnels évoluant en MLS provient d'Europe et d'Amérique du Sud. Sur les pelouses de Miami depuis l'été 2023, Lionel Messi a tout offert au club présidé par Sir David Beckham. Au point que le Chase Stadium est désormais réduit à un temple à son unique gloire.

Un palmarès (un ego, diront ses détracteurs) qui ont rempli les caisses, le haut du classement et les gradins. «Si on n'affiche que les maillots de Messi, c'est simplement parce que les autres se vendent très peu», nous confirme-t-on à l'un des nombreux stands de merchandising.

«Sans Messi, Miami n'existerait pas et on ne serait pas là, au stade. L'Inter, c'est lui, un point c'est tout»
Eduardo, un Argentin de Miami qui est heureux d'avoir le GOAT dans les parages depuis 2023.

Bien au-delà des omoplates rosâtres de ses milliers de groupies qui se pressent aux pieds des gradins, Messi est partout dans le Chase Stadium. Jusqu'à sa boisson énergisante Más+, sur le marché depuis un peu plus d'une année.

Verdict: ce n'est pas foncièrement dégueulasse, mais pas plus d'une gorgée.
Verdict: ce n'est pas foncièrement dégueulasse, mais pas plus d'une gorgée.image: marine brunner

Vous l'aurez sans doute compris, nous n'avons pas gâché une soirée à Miami pour assister à un match de football comme on rejoindrait bêtement la Tuilière avec une écharpe du LS, un dimanche ordinaire. On voulait participer au pèlerinage. Hummer le succès du soccer au pays du ballon ovale. Bouffer un hot-dog au rythme de l'agaçant Seven Nation Army, qui a fini par contaminer les Etats-Unis après avoir ruiné les stades européens.

Et puis, la MLS étant l'EMS du GOAT, nous prenons place dans les gradins avec la nostalgie d'un petit-fils qui rend visite à grand-papa. Pour les plus puristes d'entre vous, l'Inter Miami remportera la partie 4 à 0, Messi inscrira deux buts et Nashville sera pour ainsi dire inexistant. L'ambiance est bon-enfant. Enjouée, plus que survoltée. Les chants résonnent en espagnol, mais peinent à dépasser les rangs des ultras. Les gradins tremblent sans risque d'écroulement. Disons les choses comme elles sont, on s'est un peu (mais très agréablement) emmerdés durant nonante minutes. Comme Messi.

Notre immersion en image.

1 / 25
Reportage au royaume de Messi et Barbie à Miami

En Floride, watson est allé à la rencontre des fans de l'Inter-Miami et (surtout) de Lionel Messi.

partager sur Facebookpartager sur X

Car la vérité est ailleurs.

L'Argentin est un coq en pâte sur la pelouse du Chase Stadium. Dorloté, presque momifié par un amour inconditionnel. Aucune simagrée, pas d'animosité ou de grand cirque, encéphalogramme plat. On est loin de ce que certains ont pu lui reprocher à l'époque. Et on est loin des gesticulations narcissiques d'un Ronaldo (oui, c'est une balle perdue).

Le 2e but de Messi:

Feux d’artifices et jets de fumée en prime.Vidéo: watson

A peine quelques gouttes de sueur lorsqu'il faut vraiment piquer un sprint, parce qu'il faut quand même justifier le salaire. Messi a fait le boulot que ses fans attendent de lui: faire trembler les filets. Avec l'énergie d'un très bon comptable sénior à la sérénité rigoureuse.

Sans oublier les coworkers de toujours, Sergio Busquets et Luis Suárez (même si ce dernier était suspendu), qui offrent à la pelouse de Fort Lauderdale des airs d'open-space barcelonais plutôt très confortable.

A Miami, l'écharpe de foot est remplacée par des dégaines fantastiquement tapageuses.
A Miami, l'écharpe de foot est remplacée par des dégaines fantastiquement tapageuses.image: marine brunner

Et puis, sud de la Floride oblige, les looks tape-à-l'œil sont plus nombreux que les ultras, bruyamment polis jusqu'au coup de sifflet final. Il y a des flamants roses partout, une humidité réconfortante, de la clim' jusqu'aux toilettes et Ivanka Trump dans les box VIP.

Samedi soir, on n'a pas vu Lionel Messi jouer au football, mais 20 000 groupies rose pâle jouer à la Barbie avec leur idole et le «meilleur attaquant du monde». D'une cohérence implacable: it's Miami, baby. On en oublierait presque le plus important (pour certains), car l’Inter est qualifié pour les demi-finales.

Plus d'articles sur le sport
On a vu Messi sauver les fesses de son club
On a vu Messi sauver les fesses de son club
de fred valet et marine brunner, miami
Cette photo cache un grand malaise
Cette photo cache un grand malaise
de Yoann Graber
Une star du Bayern Munich marque un but fou
Une star du Bayern Munich marque un but fou
de Yoann Graber
Ce défi inédit propulse le running dans une nouvelle ère
Ce défi inédit propulse le running dans une nouvelle ère
Les fans de NBA sont fâchés
Les fans de NBA sont fâchés
de Yoann Graber
Une triste addiction a obligé le coach du FC Lucerne à changer de club
Une triste addiction a obligé le coach du FC Lucerne à changer de club
Granit Xhaka va jouer un match spécial
Granit Xhaka va jouer un match spécial
de Timo Rizzi
Djokovic peut rattraper Roger Federer ce week-end
Djokovic peut rattraper Roger Federer ce week-end
de Romuald Cachod
Le retour de Reto Berra en équipe de Suisse soulève un problème
Le retour de Reto Berra en équipe de Suisse soulève un problème
de Klaus Zaugg
Excellente nouvelle pour Simon Ammann
Excellente nouvelle pour Simon Ammann
de Romuald Cachod
Un youtubeur est sur le point de participer au Tour de France
Un youtubeur est sur le point de participer au Tour de France
de Romuald Cachod
Murat Yakin a fait passer un message très clair à Noah Okafor
Murat Yakin a fait passer un message très clair à Noah Okafor
de François Schmid-Bechtel
Le suspense est total sur le banc de la Nati de hockey
Le suspense est total sur le banc de la Nati de hockey
de Klaus Zaugg
Le Lausanne-Sport affronte des communistes
Le Lausanne-Sport affronte des communistes
de Yoann Graber
Des Romands vont braver le danger sur le Tour de France
Des Romands vont braver le danger sur le Tour de France
de Julien Caloz
La menace d’une suspension plane sur la star du ski français
2
La menace d’une suspension plane sur la star du ski français
de Romuald Cachod
Le geste de ce pongiste ravive un grand débat moral
1
Le geste de ce pongiste ravive un grand débat moral
de Yoann Graber
La Ligue des champions aura son show à l'américaine
La Ligue des champions aura son show à l'américaine
de Julien Caloz
Wawrinka va jouer un match spécial
Wawrinka va jouer un match spécial
de Yoann Graber
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
de Raphael Gutzwiller
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
3
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
de Raphael Gutzwiller
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
1
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
de Yoann Graber
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
2
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
de Dennis Kalt
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
de Julien Caloz
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
de Stefan Wyss
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
de Romuald Cachod
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
de Stephan Santschi
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
de Klaus Zaugg
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
de François Schmid-Bechtel
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
de Romuald Cachod
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
de Yoann Graber
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
de René Barmettler
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
1
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
de Yoann Graber
Et si Thoune allait au bout?
Et si Thoune allait au bout?
de Niklas Helbling
Reportage au royaume de Messi et Barbie à Miami
1 / 25
Reportage au royaume de Messi et Barbie à Miami

En Floride, watson est allé à la rencontre des fans de l'Inter-Miami et (surtout) de Lionel Messi.

partager sur Facebookpartager sur X
J’ai testé les produits Shein vendus à Paris et il y a une surprise
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Murat Yakin a fait passer un message très clair à Noah Okafor
Avant les deux derniers matchs des éliminatoires du Mondial, le sélectionneur suisse a adressé un message indirect à Noah Okafor, non sélectionné pour le rassemblement. Interview.
Murat Yakin, quel est votre plan pour les deux derniers matchs décisifs des éliminatoires de la Coupe du monde (contre la Suède le 15 novembre et le Kosovo le 18 novembre)?
Nous avons su nous placer dans une position favorable. Avant le début de la campagne, tout le monde aurait sans doute accepté d’avoir dix points après quatre rencontres. Aujourd’hui, notre destin est entre nos mains. L’objectif est clair: boucler la qualification, si possible, dès le match à Genève contre la Suède.
L’article