Enfoncé dans l'eau jusqu'à la taille, les cuisses emballées dans une combinaison en caoutchouc, la casquette vissée sur le crâne. On a connu le beau prince de Galles dans des costumes plus raffinés. Pourtant, alors qu'il enfonce ses gants dans les eaux froides de l'Hudson à la quête de quelques huîtres, ce sont surtout ses fans américains que William vient de plonger dans une véritable frénésie.
Face à ce quadragénaire fringuant prêt à mouiller la chemise, Internet s'affole. Après avoir connu une trentaine «difficile», entre look désuet et calvitie précoce, le futur roi d'Angleterre renoue avec le statut de sex-symbol de son adolescence. Un atout de taille pour le «sexy daddy» de trois enfants, alors qu'il vient de poser ses valises pour un voyage solo aux Etats-Unis. La terre d'adoption de son frère.
Jusqu'à présent concentré sur ses engagements au Royaume-Uni, c'est un William conquérant qui s'apprête à embrasser son statut d'homme d'Etat et d'ambassadeur britannique à New York pour deux jours intenses, rythmés par les discours et les apparitions publiques, principalement sur le thème de la protection de l'environnement.
Le temps presse. N'en déplaise aux mordues du look de pêcheur du dimanche, Son Altesse délaisse cuissardes et gilet de sauvetage pour filer à son prochain rendez-vous. Son agenda est condensé, William vise l'efficacité. Le sprint commence par une rencontre avec le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lundi soir.
Mardi matin, direction l'hôtel Plaza pour l'annonce des finalistes du prix Earthshot. Une récompense de 50 millions de livres sterling dont le but n'est, ni plus ni moins, que de sauver la planète. Dans l'assemblée? L'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, Bill Gates, ou encore l'ex-première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern. Pas vraiment le public royal traditionnel. Des acteurs puissants, des dirigeants et des politiciens qui peuvent apporter de réels changements à la politique climatique.
Puis c'est à Manhattan qu'on retrouve le prince de Galles, pour le traditionnel bain de foule, une poignée de selfies et de mains, et quelques blagues avec un public new-yorkais conquis par cet homme «très chaleureux et authentique» (dixit le conservateur New York Post). Chaque mot, chaque geste, chaque sourire est un bon prétexte pour creuser l'écart avec son frère rival.
La dernière apparition publique d'Harry à New York a laissé des traces. Souvenez-vous. En avril dernier, dans un communiqué bruyant, les Sussex témoignent d'un slalom effréné pour éviter les paparazzis et d'une «course-poursuite» effrayante dans Manhattan.
Pas grand-chose à voir avec celle de William, ce mardi matin, entre les autres joggeurs de Central Park. Un footing matinal «incognito» que le prince s'est fait un malin plaisir de raconter lors d'une table ronde. Juste avant de filer dans une caserne de pompiers, l'après-midi, pour discuter santé mentale. Comme par hasard, un thème cher à Harry. William ne se contente pas d'une innocente incursion dans la nouvelle patrie de son frère - il veut piétiner ses plates-bandes avec bravache.
Et là encore, ça fonctionne.
L'héritier du trône d'Angleterre est ressorti renforcé du drame de plusieurs mois avec les Sussex. C'était loin d'être une évidence, après l'interview dans le sofa d'Oprah Winfrey, les accusations brûlantes de racisme, la série Netflix et les mémoires d'Harry. «Tout le monde semblait dire que c'était la fin de la famille royale aux Etats-Unis, qu'ils ne survivraient pas à cela», admet un proche au Daily Telegraph.
Bien inspiré par l'éternelle maxime de sa grand-mère Elizabeth, le prince de Galles a navigué au-dessus du chaos. Silence et travail en maîtres-mots. «Avec William, il n'y a pas de drame ni de contradiction, il y a de la passion, de la compassion et de la personnalité, qui sont tous des traits qui séduiront les Etats-Unis et au-delà», analyse l'expert de marque Nick Ede au Daily Mail.
Ça tombe bien, William entend se positionner sur la scène mondiale. Lui qui n'a effectué qu'une poignée d'engagements à l'étranger depuis qu'il a hérité du titre de prince de Galles, ses deux voyages aux Etats-Unis en moins d'un an sont loin d'être anecdotiques. Signe que «l'Amérique est importante pour le prince et la princesse de Galles», comme le confie une source proche à Vanity Fair.
Et l'Amérique le leur rend bien. Tout récemment, un sondage dévoilait que William fait partie des personnalités les plus populaires du pays, loin devant loin Donald Trump et Joe Biden. Et même Volodymyr Zelensky. Autre détail remarquable: sa cote d'approbation est aussi élevée chez les démocrates que les républicains. 60% de part et d'autre. Un consensus inespéré dans un pays aussi politiquement et socialement divisé que les Etats-Unis.
La fascination américaine pour le prince William a commencé dès sa naissance, pour ne jamais se démentir. De la mort tragique de sa mère, également très populaire outre-Atlantique, à sa carrière militaire, en passant par son statut de prince Disney célibataire et bancable, pour aboutir à son mariage avec Kate Middleton. Un happy end de conte de fée qui ne peut que charmer une Amérique biberonnée à Hollywood.
Evidemment, sa belle princesse n'est pas pour rien dans l'attrait pour le futur monarque. «Il y a une qualité Barbie presque irréelle et pratiquement parfaite chez Kate», note le biographe royal Christopher Andersen au Daily Beast. «Si elle a des défauts, les Américains ne les voient pas.»
Incarnation vivante des valeurs familiales, de la stabilité, du sens du devoir et la dignité, pas étonnant que le couple royal britannique fasse l'unanimité, tous partis politiques confondus.
C'est pourtant sans son précieux atout, Kate, restée au Royaume-Uni pour d'autres obligations, que William s'est enfoncé dans les eaux saumâtres de l'East River cette semaine. Une performance solo qu'il a accomplie avec toute la perfection requise, bottes en caoutchouc et panache. Il pouvait bien rentrer chez lui «tranquillement ravi», comme l'on décrit des sources à Vanity Fair. Et avec la satisfaction d'avoir largement concurrencé le succès d'Harry et Meghan, en Allemagne, quelques jours plus tôt.