Parmi les nombreux avantages à être roi, outre les châteaux opulents, les chevaux de course et des billets de banque à son effigie, il y a celui de pouvoir fêter son anniversaire deux fois par an. Oui, deux fois. Charles III, cette année, sera célébré le 14 novembre, jour de ses 76 printemps, et le 15 juin, à l'occasion de Trooping the Colour. La fête officielle de l'anniversaire de tous les souverains d'Angleterre.
Un caprice qu'on doit au roi Charles II, en 1748, qui a lancé l'évènement sous le nom à rallonge mais assez logique de «Parade de l'anniversaire du roi à cheval». Faut croire que le concept d'une double-fête d'anniversaire a séduit ses successeurs, pour qu'en 1760, le roi George III décide d'en faire une tradition annuelle. Et puisque l'été, c'est quand même vachement plus sympa, en particulier en Angleterre, il est de tradition depuis 1959 que l'évènement prenne place un samedi de juin.
Le concept est simple: 1400 officiers et hommes de la Household Division, des centaines de chevaux, autant de musiciens et une belle brochette d'avions. Et si vous vous le demandiez, «Trooping the Colour» doit son nom aux officiers qui affichent leurs «couleurs», les drapeaux représentant les différents régiments de l'armée britannique.
Bref, il s'agit de loin du show le plus coloré et le plus impressionnant de tous les événements royaux. Avec, en clou du spectacle, une famille royale au complet faisant «hello hello» depuis le balcon de Buckingham Palace.
Cette année, ce show royal s'annonce pourtant nettement moins rigolo. Après une ère élisabéthaine durant laquelle le balcon centenaire semblait plier sous le poids des frères, soeurs, oncles, tantes, petits-neveux et obscurs arrière-arrière-petits cousins, Charles III a procédé à des coupes familiales drastiques.
Le résultat était déjà visible en 2023. L'an dernier, seul le noyau dur, composé des membres actifs de la Firme, est autorisé à saluer la plèbe depuis le balcon du palais. Pour les habitués, la vision est choquante; et les spécialistes s'inquiètent bien vite du manque de remplaçants en cas de pépin.
Un an plus tard, le destin a donné raison aux plus pessimistes. Avec deux Windsor gravement atteints dans leur santé, dont l'une complètement en retrait de la scène publique, le balcon de 2024 risque d'illustrer cruellement l'état précaire dans lequel la monarchie a sombré sous la direction du nouveau roi. La liste des absents est désormais presque aussi longue que celle des forces en présence.
Citons Harry et Meghan, qui ne risquent pas de faire le déplacement depuis la Californie puisqu'ils n'ont pas reçu d'invitation. Pas de prince Andrew non plus, mis hors circuit depuis le scandale sexuel Jeffrey Epstein. Oubliez la duchesse d'York, Fergie, atteinte d'un cancer du sein depuis l'automne dernier - et de toute façon à l'écart du sérail officiel depuis son divorce avec le duc d'York. Quant à leurs deux filles, Eugenie et Beatrice, Charles III a fait clairement comprendre qu'il n'avait pas besoin d'elles. Aussi populaires, jeunes et désirables soient les deux princesses.
Nous voilà avec Charles et la reine Camilla, flanqués de chaque côté par des figures vieillissantes et méconnues du grand public. La princesse Anne, 73 ans, et son mari le quasi-incognito, Sir Tim Laurence. Le prince Edward, 60 ans, aussi surnommé la «mauviette de la famille», dont le charisme n'a rien à envier à celui d'une tortue centenaire, ainsi que son épouse, la duchesse Sophie.
Ne reste que le prince William et sa famille pour sauver les meubles et abaisser la moyenne d'âge. Après plusieurs jours de rumeurs tourbillonnent toujours quant à une apparition surprise de Kate, que le palais s'est soigneusement abstenu de démentir, la princesse de Galles a confirmé sa venue vendredi, par le biais d'un communiqué.
Avec la présence des jeunes George, Charlotte et Louis pour égayer encore le tableau (et la perspective des grimaces légendaires du petit prince de six ans), les festivités s'annoncent définitivement moins fades que le régime de maison de retraite annoncé.