On a rencontré la femme qui veut protéger Miami contre les «conneries»
Elles sont la carte postale de Miami Beach et souvent le déclic qui pousse à booker un premier vol pour la capitale du sud de la Floride. Iconiques, doucement immortelles et foutrement photogéniques, les façades pastel qui habillent Ocean Drive, le long de la plage, font partie de la plus grande concentration d’Art déco de la planète.
Ce courant architectural né après la Première Guerre, et popularisé en 1925 à l’occasion de l'Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris, fête son centenaire cette année.
Un anniversaire mondial, mais surtout l’excuse parfaite pour que watson dégaine son objectif en plein soleil et tire par le bras l’une des plus grandes passionnées d’Art déco de Miami Beach.
Clotilde Luce parle vite, rit fort, hésite constamment entre l’anglais et le français et a manifestement toutes les peines du monde à refuser une invitation à flâner une énième fois dans un quartier qu’elle connait comme sa poche. Cette Américaine, née au Texas avant d’empoigner une carrière de journaliste à Paris, est désormais une véritable personnalité du quartier.
Avec son caractère bien trempé et l’esprit aussi vif qu’un bolide qui vrombit dans Vice City, Clotilde a choisi de nous trimballer dans l’antichambre du «Tropical Deco», la version ensoleillée de cette architecture qui a offert sa grandeur à l’Empire State Building de New York ou au Grand Rex à Paris.
Car, sur Ocean Drive, l’une des avenues les plus célèbres des Etats-Unis, il suffit de longer le front de mer sur une centaine de mètres pour quitter le tumulte touristique et tomber sur des trésors Art déco un poil moins tapageurs, mais tout aussi adorables et historiques.
A l’instar du Century Hotel, imaginé en 1939 par l’un des architectes les plus emblématiques de Miami Beach, Henry Hohauser. Aujourd’hui un point de chute abordable pour les touristes, cette petite beauté a autrefois abrité les plus grands.
En tout, ce sont plus de 800 bâtiments qui témoignent encore aujourd’hui des couleurs d’une difficile renaissance. En effet, en 1926, un ouragan a détruit littéralement Miami Beach, faisant ainsi plusieurs centaines de morts et de blessés.
Notre guide d’un jour ne se lassera jamais de ces façades qui dansent entre le soleil et l’ombre des palmiers, gorgées d’éléments décoratifs d’une attachante discrétion: «Une simplicité populaire et désarmante de beauté qui me met à chaque fois de bonne humeur», s’exclame celle qui a longtemps fait partie du Design Review Board, un comité de la commune de Miami Beach chargé de veiller à la préservation de son patrimoine.
Autrement dit, tout faire pour que les promoteurs ne salopent pas l’âme de ce petit bout de terre unique au monde:
A l’abandon depuis plus de six ans, le Raleigh est devenu une verrue, le fantôme d’un projet à un milliard de dollars, que son propriétaire (très) controversé, Michael Shvo, surnommé le «courtier le plus détesté de New York», a été contraint de vendre à la mi-octobre.
Si South Beach est inscrit au National Register of Historic Places, plusieurs associations se battent quotidiennement, armées d’avocats pour s’opposer aux promoteurs gourmands et peu respectueux.
Heureusement, une bonne partie du quartier est encore préservé des grandes grandes tours de béton, permettant à ces maisons Art déco, qui «dépassent rarement trois étages», d’émerveiller les passants sans qu’ils aient à se casser la nuque pour déguster les sommets de ce patrimoine.
D’autant que le «Tropical Deco» a toujours été basé sur des constructions simples, fonctionnelles, avec ce charme un peu désuet qui l’empêche de frimer complètement. Forcément d’inspiration parisienne, cette architecture inimitable s’est adaptée avec intelligence au climat humide et chaud du sud de la Floride.
La truculente Américaine fera aussi référence à un revêtement de sol qu’elle adore, le très élégant terrazzo.👇
A Miami Beach, à l’heure de se souvenir de l’ouragan de 1926, c’est d’abord la formidable renaissance d’une île qui est commémorée, grâce à un patrimoine architectural qui tient bon. Et à une énergie unique au monde. Pour fêter ce centenaire et terminer cet article en beauté(s), on vous propose une série de photographies que watson a collectionnées au fil de sa balade au cœur de l’Art déco, avec la spécialiste Clotilde Luce.
