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La Silicon Valley et Hollywood sont «en guerre»

La Silicon Valley et Hollywood se battent pour placer leur candidat favori à la Maison Blanche.
Image: watson

La Silicon Valley et Hollywood sont «en guerre»

Après le streaming, l'intelligence artificielle, voici la politique. La Silicon Valley se crêpe le chignon avec le grand Hollywood, sur fond d'idéologie et de guerre d'égo, pour se faire une place dans la campagne présidentielle.
25.08.2024, 18:53
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Une première bataille se passe devant les caméras et une deuxième se déroule à l'abri des projecteurs. La première est celle qui oppose Kamala Harris et Donald Trump, la seconde est plus surprenante: la Silicon Valley contre Hollywood.

C'est The Hollywood Reporter qui a constaté cette empoignade. Le quotidien californien barre sa Une avec un «C'est la guerre!» pour qualifier ce qui s'annonce.

Or, l'affrontement dure depuis plusieurs années déjà. Mais en matière de politique, cette fois-ci, c'est nouveau. Si la guerre du streaming (Amazon, Apple, Netflix face à Disney, Warner Bros etc.) est déjà enclenchée, la présidentielle 2024 a chauffé à blanc les argentiers du cinéma (de gauche) et les milliardaires libertariens de la Silicon Valley. Le progressisme face à la technocratie, écrit le THR.

«Les libertariens techno ultra-riches contre les libéraux de la vieille garde hollywoodienne qui n'est pas aussi riche»
The Hollywood Reporter

Les porte-étendards ont pour nom Elon Musk et Peter Thiel, les deux personnages les plus investis dans la campagne de Trump, qui plus est deux membres de la fameuse mafia PayPal qui sévit toujours.

Le patron de Tesla et de X a fait longuement causer en débattant avec Donald Trump sur sa plateforme. Il avait défrayé la chronique en jurant verser des millions au leader MAGA. A présent, il sort le chéquier pour son propre comité d'action politique pro-Trump: America PAC.

Peter Thiel, une sorte de conseiller inofficiel qui joue les intermédiaires, a eu un rôle crucial dans la nomination de JD Vance, le colistier de Trump. C'est lui, l'entrepreneur et co-fondateur de Linkedin, qui a œuvré en coulisses pour placer son protégé aux côtés du candidat républicain.

Néanmoins, la Silicon Valley n'est pas uniquement composée de pro-Trump. Nous pouvons citer Reid Hoffman, un autre membre de la mafia PayPal, qui a fait don de 7 millions de dollars au super PAC démocrate Future Forward. Même registre pour Reed Hastings, le grand boss de Netflix, qui a allongé 7 millions de dollars à un groupe pro-Kamala Harris (Republican Accountability PAC).

Si les Zuckerberg et les autres ne votent pas républicain, l'idéologie pro-Trump est très présente au sein des milliardaires de la tech - avec des sommes allouées qui donnent le tournis. Des jumeaux Winklevoss, connus pour avoir attaqué Zuckerberg, au capital-risqueur David Sacks, en passant par Joe Lonsdale, cofondateur de l’entreprise de cybersécurité Palantir, les billets verts ont plu dans les caisses de la campagne de Trump.

En face, dans le clan Harris, une Californienne au réseau très solide, le milieu hollywoodien s'est pressé au portillon pour filer du fric, dans la foulée du retrait de Joe Biden. Un temps endormies, les élites hollywoodiennes se sont récemment greffées aux 100 millions engrangés par Kamala Harris, dès son entrée dans l'arène présidentielle.

George Clooney, très impliqué dans la promotion des démocrates, n'est pas le seul à appuyer la candidature de Harris. D'autres se manifestent également, comme Jeffrey Katzenberg, cofondateur des studios DreamWorks, qui est aujourd’hui le coprésident de la campagne de Harris. Il s'est d'ailleurs longuement épanché à ce sujet, dans les colonnes du New York Times.

De plus, Harris peut déjà compter sur une large liste de donateurs depuis sa campagne de 2020. Le Hollywood Reporter cite des pointures comme Steven Spielberg, JJ Abrams, Ben Affleck, Reese Witherspoon, Jessica Alba, Mindy Kaling, Ron Meyer, Jeff Bridges ou encore Shonda Rhimes.

Mettre des bâtons dans les roues des «techno bros»

Depuis le départ de Joe Biden, Kamal Harris est perçue comme un nouveau départ auprès des pontes hollywoodiens.

C'est surtout une manière de mettre des bâtons dans les roues des magnats de la tech et de s’en prendre à leurs rivaux de la Silicon Valley. «Nous avons eu une décennie durant laquelle les Musk, les Zuckerberg et les Sam Altman (réd: le papa de ChatGPT) de ce monde ont défini notre culture, et le monde ne s’en est pas mieux sorti», déclare un puissant dirigeant hollywoodien au média américain.

«Ces types ont déjà trop de pouvoir. Nous n’avons pas besoin qu’ils définissent la politique et dirigent le Bureau ovale. Je pense que cette campagne est une chance de rééquilibrer la balance»
Un dirigeant interrogé par le Hollywood Reporter.

Il faut dire que le spectre des gourous de la tech irrite fortement les producteurs hollywoodiens, fatigués de les voir tenter «d'acheter» l'élection.

Mais il est surtout question d'un ressentiment plus lié à l’ego qu’à l’idéologie. Tout d'abord parce que les geeks californiens dérangent depuis de longues années les grands patrons des salles obscurs. Ces derniers désirent se venger après avoir vu se dénaturer le système et les modèles économiques bien ancrés des grands studios de cinéma. La force avait changé de camp. Alors que pendant des décennies, la Silicon Valley avait dû s'incliner: le véritable pouvoir résidait à Hollywood.

Aujourd'hui, la puissance culturelle et politique est dans les mains des patrons de la Silicon Valley. Au grand dam des patrons hollywoodiens. Outre la guerre d'égo et de porte-monnaie, le Reporter sépare les philosophies respectives des différents camps. Hollywood est peut-être rempli de menteurs et de traîtres, mais au moins certains d’entre eux ont une conscience sociale, écrit le média de référence dans le milieu du cinéma.

Du côté de la Silicon Valley, les penchants libertariens entraînent aussi des délires d'égo; ces milliardaires qui souhaitent gagner encore plus, en se rangeant derrière Donald Trump pour éviter une taxation trop forte. D'autres observateurs rapportent aussi cette notion de secte dans les bureaux des «techno bros», comme ils sont souvent surnommés.

La candidature de Trump est aussi une manière de se sentir toujours plus fort, toujours plus beau, de quoi révolutionner le monde avec leurs «gadgets» électroniques, avec l'obsession d'approcher l'immortalité. Une folie des grandeurs que Christopher Wylie, le lanceur d’alerte de Cambridge Analytica, a décrit dans Hollywood Reporter.

«Ils croient qu’ils créent quelque chose avec l’IA qui sera la chose la plus puissante qui ait jamais existé – cette entité omnisciente et omnisciente semblable à Dieu – et ils se considèrent comme les prophètes de cet avenir.»

Et Trump s'en contrefiche de leur délire et de leur mégalomanie. Pour l'ancien président américain, l'important c'est de compiler des voix et de l'argent pour doper sa campagne. Il est prêt à emboîter le pas à ses potes de la tech, qui, selon Wylie, est considéré comme un «idiot utile» par les patrons de la Silicon Valley, désireux de nourrir leur machine à fric et leurs délires d'immortalité.

Elon Musk a sa version chinoise, voici «Elong Musk».
Video: watson
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