105,85 milliards. Une somme gigantesque que le président démocrate compte mettre à profit pour aider tout à la fois Israël et l'Ukraine, tenir tête à la Chine et répondre aux arrivées de migrants à la frontière sud.
Sur cette somme, 61,4 milliards de dollars seraient alloués à l'Ukraine et 14,3 milliards à Israël. La Maison Blanche fait valoir que cet argent ne sera pas dépensé en vain: utilisé pour fabriquer des équipements de défense de ces deux pays ainsi que reconstituer les stocks de l'armée américaine, il devrait revenir en partie aux usines d'armement aux Etats-Unis. Le démocrate estime par ailleurs qu'il lui faudrait un peu plus de 9 milliards pour répondre à des crises humanitaires internationales, y compris dans la bande de Gaza.
Ce n'est pas tout. Joe Biden veut aussi 7,4 milliards pour tenir tête à la Chine sur le plan militaire, en investissant dans les sous-marins et sur le plan économique en concurrençant les gros projets chinois dans les pays en développement.
Le président américain met aussi la pression sur ses adversaires conservateurs en demandant des fonds pour répondre à l'immigration clandestine et aux trafics: un peu plus de 12 milliards de dollars doivent être utilisés pour renforcer la frontière avec le Mexique et lutter contre le trafic de fentanyl, responsable de milliers de décès par overdose aux Etats-Unis chaque année.
Avec la crise qui paralyse le Congrès depuis plusieurs jours, c'est peu dire qu'il sera très difficile au président américain d'arracher un consensus politique. Pour l'instant, trumpistes et républicains modérés sont toujours incapables de former une majorité cohérente à la Chambre des représentants.
Vendredi, le représentant de la droite dure Jim Jordan tentait toujours de se hisser à la tête de la Chambre, sans succès. Le troisième vote s'est soldé par un échec. En attendant de se trouver un nouveau leader, l'institution se révèle donc incapable de voter la moindre loi - ce, alors que l'Etat fédéral n'a toujours pas de budget pour son exercice fiscal annuel, entamé le 1er octobre.
Si le Congrès n'adopte pas de budget avant le 17 novembre, le pays va droit au «shutdown», la paralysie des administrations fédérale, et l'aide des Etats-Unis à l'Ukraine menace de s'épuiser. Washington s'est jusqu'ici déjà engagé à consacrer à Kiev plus de 70 milliards de dollars, dont près de 45 milliards en assistance militaire. Certains parlementaires républicains, les plus à droite, veulent s'arrêter là - alors que ce sont les mêmes qui réclament une assistance musclée à Israël.
Pourtant, le président américain et candidat à sa réélection se veut confiant et rassembleur. Jeudi, à l'occasion d'un discours télévisé depuis le cadre très solennel du Bureau ovale (le second seulement, depuis son élection), il a affirmé que les Etats-Unis seraient davantage en sécurité «pour des générations» s'ils soutenaient à la fois Israël et l'Ukraine.
«L'Histoire nous a appris que lorsque les terroristes ne paient pas pour leurs actes, lorsque les dictateurs ne paient pas pour leurs agressions, ils causent plus de chaos et de mort et de destruction. Ils persistent, et le coût et les menaces pesant sur l'Amérique et le monde continuent de croître», a mis en garde le président américain. (mbr/ats)