Trump s'enflamme à l'ONU
Les énergies renouvelables, une «blague», le charbon «propre et magnifique», et le changement climatique, «la plus grande arnaque» de l'Histoire. Donald Trump a profité mardi de son retour à l'ONU pour s'en prendre (notamment) à la lutte contre le changement climatique.
Des mots peut-être destinés à sa base politique qui voit la science climatique comme un nouveau front des batailles culturelles.
Le président américain a également dénoncé l’empreinte carbone comme «une supercherie inventée par des gens aux intentions malveillantes», tout en vantant le charbon «propre et magnifique» et en annonçant la fin des subventions au solaire et à l’éolien. Washington a durci ses procédures pour bloquer des projets d’éoliennes presque terminés, tandis que la Maison-Blanche défend un plan visant à accroître l’exploitation des réserves de pétrole et de gaz.
Ces propos n'ont pas manqué de susciter de vives réactions. «Le changement climatique est là, il coûte cher, et les gens ont besoin de vraies solutions, pas de propagande», a répliqué Rachel Cleetus, de l’Union of Concerned Scientists. Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat, a dénoncé une négation «de la réalité» partagée par presque tous les gouvernements du monde.
Offensive anti-ONU
Au-delà du climat, Donald Trump s’en est pris violemment à l’ONU, qu’il accuse de ne pas avoir soutenu ses initiatives diplomatiques. Ironisant sur des problèmes techniques à son arrivée – «Les deux choses que j’ai eues des Nations unies, c’est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant» – il a provoqué l’embarras de la Maison-Blanche, qui a exigé des sanctions contre les responsables.
Il a également attaqué les programmes d’aide aux migrants, affirmant qu’ils «financent une attaque contre les pays occidentaux et leurs frontières».
Un diplomate européen a confié à l’AFP que ce discours devrait «inquiéter» l’Europe, qui craint de futures ingérences américaines dans ses affaires internes.
Un revirement surprenant
Sur le dossier ukrainien, Donald Trump a opéré un changement de ton inattendu après avoir rencontré Volodymyr Zelensky. Alors qu’il s’était montré sceptique sur les chances de Kiev, il a désormais affirmé que l’Ukraine pouvait «regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin».
Sur son réseau Truth Social, il a décrit la Russie comme un «tigre de papier», critiquant l’absence de stratégie militaire claire de Vladimir Poutine. Il a par ailleurs exhorté les pays de l’Otan à abattre tout appareil russe violant leur espace aérien après plusieurs incursions récentes. Le président ukrainien s’est réjoui de ce «grand tournant», tout en appelant la Chine à user de son influence pour contraindre la Russie à mettre fin à la guerre.
Lors d’une session du Conseil de sécurité dominée par le conflit, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a insisté:
Vives critiques
Le président colombien Gustavo Petro a saisi l’occasion pour dénoncer les opérations militaires américaines antidrogue dans les Caraïbes. Il accuse Washington d’avoir frappé des embarcations transportant des migrants, causant la mort de «jeunes voulant simplement échapper à la pauvreté». « Une procédure pénale doit être lancée contre des responsables américains, y compris le principal, celui qui a donné l’ordre, le président Trump », a-t-il déclaré.
Les relations entre la Colombie et les Etats-Unis se sont nettement tendues depuis janvier, Washington ayant récemment retiré à Bogota sa certification de partenaire antidrogue.
A la veille d’un sommet climat crucial, ce discours marque une rupture nette avec la vision défendue par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui avait appelé quelques heures plus tôt à «réaffirmer l’impératif du droit international» et à «renforcer la justice et les droits humains».
Alors que Donald Trump se pose en figure du nationalisme et du climatoscepticisme, la fracture avec la communauté internationale semble plus profonde que jamais. (mbr/ats)