Le 4 juin dernier, watson relayait une annonce de quelques lignes en provenance du palais de Kensington: à quelques jours de la répétition générale de «Trooping the Color», l'un des évènements majeurs du calendrier royal, Kate passera son tour. En retrait depuis janvier suite à une «opération abdominale», puis à son diagnostic de cancer, la princesse n'est pas prête à reprendre ses activités publiques de sitôt.
C'est tout. Une bribe de miette jetée par le palais. Une information brève, factuelle, mais qui cumule bientôt des centaines de milliers de clics. Comme pour traduire un besoin impérieux, urgent, presque fébrile, de la moindre nouvelle de la princesse. Aussi infime soit-elle.
«Nous avons exactement fait le même constat pour Le Point», nous confirme le correspondant royal Marc Roche, basé à Londres, lorsque nous lui passons un coup de fil. «L'annonce de l'absence de Kate à cette répétition a généré un immense intérêt.» Selon lui, une première explication repose sur le statut de la future reine.
Soit. Nous sommes les premiers à comprendre que l'état de la princesse puisse intéresser les fans de monarchie. Mais cela ne nous explique pas vraiment cet intérêt généralisé. Presque universel.
«Dans l’intérêt porté aux familles royales, il y a plusieurs cercles: les fans inconditionnels qui sont au courant du moindre mariage, baptême, liaison. Puis il y a des cercles beaucoup plus larges, ceux qui sont exposés aux informations les concernant et qui s'intéressent incidemment à leurs aléas. Kate, en l'occurrence, a réussi à toucher ces gens-là», nous explique le sociologue Jamil Dakhlia, spécialiste de la presse people et du traitement médiatique des célébrités.
Une fascination pour la future reine d'Angleterre bien antérieure à ses problèmes de santé.
Au contraire de Lady Di, Kate est une roturière. Une sorte de Cendrillon moderne, dont les parents sont d'anciens employés de compagnie aérienne reconvertis dans le commerce, issus de la petite bourgeoise. Kate et Pippa Middleton, surnommées par leurs détracteurs les «Wisteria Sisters», ont gravi les échelons pour atteindre le sommet de l'échelle sociale.
Comment? Grâce à un savant mélange de charisme et de discrétion, de bonnes manières et de sobriété. La princesse de Galles incarne un «modèle», un idéal britannique sans rigidité, ajoute le sociologue. «Elle arrive à trouver le juste milieu entre nécessité de paraître et d’être exemplaire et, en même temps, une certaine modestie, une simplicité».
Simplicité, authenticité, sincérité. A l'image de cette vidéo au retentissement mondial, publiée par le palais de Kensington le 22 mars, pour partager la nouvelle de son cancer. Cadre champêtre, simple marinière, traits pâles et tirés, l'air amaigri. Un sans-faute absolu. «Ce sont des signaux, des symboles qui montrent qu’elle n’a pas oublié d’où elle vient. Elle pense toujours au peuple britannique et à sa diversité», interprète Jamil Dakhlia.
Une jeunesse foudroyée... qui n'est pas sans nous rappelle le destin d'une autre princesse. Lady Diana, décédée prématurément à l'âge de 36 ans. Si leurs trajectoires sont différentes, les princesses de Galles ne fascinent-elles pas également pour cette «malédiction» qui semble peser sur elles?
Une malédiction qui s'inscrit dans celle, plus générale, de la famille Windsor, entre un roi malade, un prince en disgrâce, un autre en exil, des membres actifs réduits comme peau de chagrin.
«Le fantôme de lady Diana plane évidemment sur la famille royale», confirme également Jamil Dakhlia. Notamment dans son rapport avec la presse. «Il y a toujours cette espèce de relation de liaison dangereuse avec les médias, qui sont à la fois redoutés et mis à distance, mais qu’il faut apprivoiser.»
Apprivoiser la soif d'informations du public et des médias. Un tour de force que Kate a réussi en majesté, en apportant quelques éléments de réponses strictement nécessaires, après des semaines de théories du complot effrénées.
En reprenant le contrôle du récit, en priant pour de l'intimité, la princesse a réussi à tracer elle-même les limites. Un espace pour gérer sa maladie et son traitement dans le cadre privé. Un vœu bien respecté jusqu'à présent. «Le cancer, les enfants... On épargne les célébrités lorsqu’il s’agit de ces thèmes-là», estime Jamil Dakhlia.
Fascination pour la princesse oblige, cela n'empêchera jamais une certaine curiosité. La question est de savoir, désormais, combien de temps Kate Middleton parviendra à la contenir.