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Peut-on encore aimer le football?

Peut-on encore aimer le football?
Neymar (Al Hilal) espère relancer sa carrière en Arabie saoudite, mais ce n'est pas gagné.
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Peut-on encore aimer le football?

Ce week-end, les attitudes du Stade Rennais, de Messi et de Neymar nous ont encore un peu plus éloignés de ce qui était autrefois un merveilleux sport.
22.08.2023, 07:4522.08.2023, 10:46
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On se réjouissait de voir le RC Lens face au Stade Rennais, dimanche soir en match de clôture de la 2e journée de Ligue 1, et on n'aurait pas dû. Car le joueur le plus spectaculaire des deux équipes a débuté la rencontre sur le banc. Il n'était pas blessé, même pas diminué. Ce n'était pas davantage un choix tactique de Bruno Genesio, l'entraîneur des Bretons. Non, si Rennes a décidé de se passer de son cador, c'est parce que Jérémy Doku est annoncé sur le départ et que le club ne voulait surtout pas que son joyau s'expose à un risque de blessure.

On en est donc là: avant d'être un footballeur capable de faire gagner son équipe (le match s'est terminé sur le score de 1-1), Doku est celui qui doit permettre à son club de gagner beaucoup d'argent (Manchester City serait prêt à débourser 60 millions d'euros).

Bruno Genesio ne s'en cache même pas. Après la rencontre face au RC Lens, le coach a expliqué que si son attaquant-vedette n’avait pas débuté (il est entré à l'heure de jeu), «c’est que… Il avait été un des meilleurs joueurs du match la semaine dernière, donc à vous d’en tirer les conclusions.» Comme dirait l'autre: «Te casse pas, on a compris!»

Evidemment, le Stade Rennais n'est pas le seul à se priver volontairement d'un joueur sur le départ, mais on a quand même l'impression, surtout après le dimanche que l'on a vécu, que plus personne désormais ne se cache pour faire passer ses intérêts avant ceux du spectacle et des spectateurs. Il y avait 37'000 personnes à Lens, dans l'un plus beaux théâtres de France, et des millions de fans devant la télévision, et c'est comme si tous ces gens même ensemble ne comptaient pour pas grand-chose.

On se doutait déjà, depuis que l'on observe la façon dont Lionel Messi joue en MLS, que les supporters étaient devenus le dernier souci de la plupart des acteurs du football. L'Argentin a affirmé qu'il n'était pas heureux à Paris et cela se voyait sur le terrain, où il trainait à la fois les pieds et son spleen. Mais tout a changé cet été et l'on a appris, dimanche au réveil (sacrée journée), que ce Messi soudain rayonnant en Floride venait de remporter la Leagues Cup avec sa nouvelle équipe. Il semblerait que Miami ait compris que le «meilleur joueur du monde» avait besoin d'être entouré de ses amis pour donner sa pleine mesure, et il lui a donc mis à disposition Sergio Busquets et Jordi Alba.

Il y aurait de quoi être un peu fâché, quand on aime le football, de savoir qu'un joueur a refusé de donner son 100% pendant deux ans car l'équipe n'était pas construite autour de lui, mais ce n'est pas l'histoire qu'on nous a vendue ce week-end. On a préféré nous raconter que «Leo» avait inscrit un superbe but en finale et qu'au moment de soulever le trophée, il avait associé l'ex-capitaine à la célébration. Show must go on.

epa10808654 Inter Miami CF forward Lionel Messi (L) and defender DeAndre Yedlin (R) are presented with their team's trophy after beating Nashville SC in the 2023 Leagues Cup final between Nashvil ...
Messi avec DeAndre Yedlin, à qui il a transmis le brassard pour la cérémonie. Image: EPA

Le spectacle continue aussi en Arabie Saoudite, où toujours plus de footballeurs, qui n'avaient jusque-là jamais dépassé Dubaï, se rendent pour poursuivre leur carrière.

Parmi eux, Neymar da Silva Santos Júnior, plus connu sous le nom de Neymar Jr. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est celui qui tire la langue à tous ceux qui s'intéressent à lui.

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Le Brésilien a exigé de son nouvel employeur une série de privilèges (huit voitures, une gigantesque villa, plusieurs domestiques etc.) qu'il a obtenus et c'est à bord d'un Boeing 747 spécialement affrété par le prince Al Waleed bin Talal, cousin du Premier ministre saoudien, qu'il aurait rejoint Riyad pour y être présenté à ses nouveaux supporters.

Mais Neymar n'est pas Messi (même s'il a longtemps essayé de lui ressembler) et son voyage ne l'a pas transformé. Il est resté le joueur fragile que les fans du PSG ont connu, si bien que son nouvel entraîneur Jorge Jesus a dû admettre, une fois les feux d'artifices éteints dans le ciel saoudien, que sa nouvelle recrue était blessée et qu'elle ne pourrait donc pas jouer tout de suite.

Certains se sont demandé comment il était possible qu'un sportif blessé puisse satisfaire à la visite médicale, mais Neymar n'est pas forcément venu pour jouer au football, et puis cela fait de toute façon longtemps qu'il n'est plus vraiment un sportif de haut niveau sur lequel un entraîneur peut compter. Pour preuve, son bilan comptable au PSG: en six saisons, le Brésilien a participé à 173 matchs mais en a surtout manqué 142. Son taux de travail en compétition dépassait donc à peine le mi-temps (55%).

Neymar préférera sans doute retenir un autre chiffre: 12,5. C'est, en millions de francs suisses, son nouveau salaire mensuel. Cela peut sembler beaucoup d'argent, mais pas pour tout le monde. Récemment, Achraf Hakimi (PSG) a glissé ce petit conseil au Brésilien:

«Dis Salam Aleykum, et ils te rajouteront 500 euros de plus»

Les joueurs parisiens présents autour des deux hommes ont bien ri. Nous, on s'est mis à penser que les footballeurs n'avaient pas plus la mémoire des chiffres que Christian Constantin, que leur monde n'était plus vraiment le nôtre et que si dans ce monde il n'y avait même plus Jérémy Doku, ce n'était plus la peine d'allumer la télévision.

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«Fou», «irréel»: on a vécu la finale du LHC dans une Vaudoise aréna en feu
9600 personnes se sont déplacées dans la patinoire de Lausanne mardi pour voir un match qui se disputait à... Zurich. La sécurité a dû refuser du monde, des buvettes étaient en rupture de stock et le speaker a failli perdre sa voix avant le coup d'envoi. Récit d'une folle soirée.

Il y avait quelque chose de très particulier à prendre le train à cette période de l'année pour assister à un match du Lausanne HC à la Vaudoise aréna. D'abord parce que le club rouge et blanc n'avait jamais étiré sa saison jusqu'au dernier jour d'avril pour tenter de décrocher le titre de champion suisse, ensuite parce que ce mardi, le LHC ne jouait pas à domicile mais à Zurich. Si sa patinoire était ouverte gratuitement au public, c'est parce que les dirigeants des Lions ne voulaient pas que leurs supporters restent chez eux pour ce qui était le match le plus important d'une institution plus que centenaire (le Lausanne HC a été fondé en 1922).

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