Lorsqu'un coureur est gêné en course à cause d'un spectateur trop enthousiaste ou tombe gravement, Adam Hansen, président des Cyclistes professionnels associés (CPA), le syndicat des coureurs, fait toujours partie des premiers à évaluer la situation.
C'est ce qu'il s'est produit lors du dernier Paris-Roubaix, après qu'une femme a jeté une casquette dans les rayons de Mathieu van der Poel ou sur le Tour de Suisse 2023, quand Gino Mäder est tombé dans la descente de l'Albula et est décédé le lendemain des suites de son traumatisme crânien. Il ne fait que son travail. L'Australien représente les intérêts des coureurs.
Adam Hansen n'a pas immédiatement communiqué et est longtemps resté silencieux après la mort de Muriel Furrer aux Championnats du monde de cyclisme sur route à Zurich. Cela montre à quel point la perte de la Suissesse est un événement tragique. Son silence est tout à son honneur. Hansen s'est contenté de dire qu'il préférait être en possession de toutes les informations avant de commenter la situation. «Cela ne veut pas dire que je me moque de cette affaire. Ce n'est tout simplement pas le bon moment pour laver le linge sale en famille», a-t-il ajouté.
Le président du CPA est enfin sorti de son silence. Dix jours après la mort de Muriel Furrer, il s'est exprimé dans les médias et a établi des parallèles avec les décès de Gino Mäder et du Norvégien André Drege. Ce dernier a perdu la vie sur le Tour d'Autriche en juillet dernier. Adam Hansen a également appelé l'Union cycliste internationale (UCI) et les organisateurs de courses cyclistes à accorder beaucoup plus d'importance à la sécurité et à examiner certaines solutions technologiques.
Les décès de Gino Mäder, André Drege et Muriel Furrer auraient tous un point commun: «Personne parmi les organisateurs ou les commissaires n'a pris connaissance des chutes». Il y a certes eu une réaction rapide dans le cas de Mäder, mais ce n'est que par hasard qu'il a été retrouvé plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Drege n'a été retrouvé que 25 à 45 minutes après sa chute. «Et à ma connaissance, c'était encore pire à Zurich. Car la course était apparemment déjà terminée lorsque l'absence de Muriel Furrer a été remarquée».
Il a fallu au total deux heures et demie avant que l'hélicoptère de sauvetage transporte la championne à l'hôpital universitaire de Zurich, où elle est décédée le lendemain des suites d'un grave traumatisme crânien.
Des trackers GPS ont bien été utilisés à Zurich, mais uniquement pour les besoins de la télévision. Ils ne déclenchaient qu'un signal aux passages sur la ligne d'arrivée tracée sur la Sechseläutenplatz. Or c'est au moins à ce moment là, entre la descente et le début du dernier tour de circuit, que l'absence de Muriel Furrer aurait dû être remarquée.
La conclusion d'Adam Hansen est sans équivoque: «Il y a clairement eu une erreur dans le suivi des coureurs».
Or l'Australien ne veut pas désigner un coupable. Mais il est inadmissible que des coureurs soient oubliés et perdus au beau milieu de la nature. Il demande plus de personnel sur le bord des routes ou des appareils de géolocalisation. «Ces deux éléments n'empêcheront pas les chutes, elles font partie de notre sport. Mais le temps de réaction est décisif en cas d'accident», rappelle-t-il.
Pas de coupable donc, mais Hansen reproche néanmoins à l'Union cycliste internationale de ne pas être suffisamment ouverte aux innovations technologiques. Il en est certain: les oreillettes, interdites aux Championnats du monde, sont nécessaires. «Des coureurs m'ont encouragé à être plus agressif et à mieux promouvoir cette cause», détaille-t-il.
Adam Hansen a enfin tenté de botter en touche lorsqu'il lui a été demandé si le circuit des Mondiaux de Zurich était dangereux. Or en citant l'organisateur d'une autre course, il a échoué: «Il m'a dit que les Championnats du monde devaient être l'événement vers lequel tout le monde se tourne et qu'il impose des standards élevés». D'autres auraient utilisé plus de filets et de protection dans les descentes. En résumé, «cette course n'a pas placé la barre très haut», fustige Hansen.
Adaptation en français: Romuald Cachod.