La «honte d'Amsterdam» ne doit pas se répéter à Paris. C'est la promesse que fait le gouvernement français après les attaques brutales de sympathisants propalestiniens contre des supporters de l'équipe israélienne du Maccabi Tel Aviv, la semaine dernière en Coupe d'Europe.
Ce jeudi soir, l'équipe de France accueillera Israël pour un match à domicile dans le cadre de la Ligue des Nations. Le match, qui aura lieu au Stade de France (nord de Paris), est d'ores et déjà un match «à haut risque», comme l'explique le préfet de police Laurent Nuñez.
L'«attaque antisémite ciblée», identifiée par le Premier ministre néerlandais Dick Schoof, vendredi dernier après le match de Coupe d'Europe Ajax Amsterdam-Maccabi, n'est pas le seul avertissement. A Paris et dans sa banlieue - où se trouve le Stade de France -, la situation fermente également à cause de l'intervention de l'armée israélienne à Gaza suite à l'attaque du Hamas du 7 octobre.
Dans ce contexte tendu, des extrémistes jettent de l'huile sur le feu avant le match de football France-Israël. Lors du match de Ligue des champions à domicile du Paris Saint-Germain (PSG) contre l'Atletico de Madrid, le «Collectif Ultras Paris», le plus grand club de supporters du club, avait déployé au Parc des Princes un immense tifo qui avait suscité de nombreuses réactions.
S'agissait-il d'une remise en cause antisémite de l'Etat juif? La banderole des ultras du PSG confirmait en tout cas que les supporters du club se recrutent aujourd'hui largement dans la jeunesse maghrébine des banlieues.
Dans ce contexte, les mesures de sécurité entourant le match France-Israël seront «renforcées à l'extrême», a annoncé le préfet Nuñez. L'équipe israélienne sera protégée par des unités d'élite à son arrivée sur sol français et à son départ. Dans le stade, tout autre drapeau que les drapeaux français et israélien sera interdit.
Nuñez a reconnu qu'il s'agissait d'un dispositif de sécurité «très inhabituel». 2500 policiers étaient initialement prévus. Ils seront 4000. Ce nombre est similaire à celui des rencontres très sécurisées des Jeux olympiques d'août. La plupart des agents de l'ordre seront déployés autour du Stade de France et sans aucun doute dans les quartiers juifs de Paris, comme le Marais, ainsi que devant les synagogues.
Le Conseil national de sécurité israélien déconseille pour sa part à ses citoyens d'assister au match. Les Israéliens devraient éviter de manière générale les manifestations sportives et culturelles, a-t-on appris.
L'une des particularités de la politique israélienne est que des représentants extrémistes de la direction de l'Etat se rendront eux-mêmes à Paris et attiseront ainsi - volontairement ou non - l'atmosphère. Le ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich a l'intention de répondre à l'invitation d'associations juives nationalistes, comme le Betar, pour une soirée de gala intitulée «Israel is Forever» à Paris la veille du match. Jeudi, il souhaiterait également assister à un rassemblement de protestation contre l'antisémitisme en marge de la partie de football.
Smotrich n'est pas seulement critiqué en Israël par le parti de gauche et les syndicats; son nom est également connu des habitants des banlieues françaises depuis qu'il s'est engagé auprès du gouvernement israélien pour l'occupation de la Cisjordanie.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a fait savoir qu'il assisterait au match international pour «faire passer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites inacceptables» d'Amsterdam. Les médias parisiens se demandent toutefois si sa présence, annoncée seulement dimanche, ne risque pas de politiser encore plus l'événement sportif.
Cela commence par la question de savoir dans quelle mesure la présence du chef d'Etat français constitue un soutien à Israël.